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France : Une plainte contre Soro pour « crimes de guerre »

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Vendredi, 8 mai 2020

France : Une plainte contre Soro pour « crimes de guerre »

Déjà poursuivi en Côte d’Ivoire pour “tentative d’atteinte à la sûreté de l'État, complot, insurrection », puis condamné à 20 ans de prison fermes dans l’affaire dite de “ recel de deniers publics, détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux“, Guillaume Kigbafory Soro pourrait être à nouveau confronté à la justice, cette fois-ci, en France où il est exilé depuis le 23 décembre 2019.

Une plainte a été déposée conte lui le jeudi 7 mai 2020 à Paris (la capitale française) par les avocats de 6 personnes qui se sont constituées parties civiles, pour « torture, assassinat et crimes de guerre ». Le média en ligne français “Médiapart“, qui a révélé l’affaire, indique que le dossier porte sur une partie des crimes présumés commis par la rébellion des Forces nouvelles en 2004 et 2011, dont l’assassinat du sergent-Chef Ibrahim Coulibaly dit IB. « Les plaignants, de nationalités ivoirienne et française, accusent Guillaume Soro d’avoir commandité, en 2004 et 2011, la mort de cinq personnes, membres ou ex-membres de la rébellion, dont le charismatique Ibrahim Coulibaly, surnommé “ IB “, selon la plainte que Mediapart a pu consulter », précise le média français dans sa parution du jeudi 7 mai 2020.

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Au nombre des plaignants, une des enfants de IB. Une fille de nationalité française, qui s’est constituée partie civile en tant que « victime directe ». Elle accuse Guillaume Soro d’assassinat. Dans les écritures déposées par ses avocats il est indiqué : « Il n’y a pas de doute sur le sort qui a été réservé à IB et le fait qu’il ait été victime d’homicide par des agents de Guillaume Soro. »

La mort d’IB est au centre de la première partie de la plainte déposée ce jeudi. Selon la plainte, il aurait été victime d’une « traque » et « d’un guet-apens minutieusement préparé » par Guillaume Soro, ce fameux 27 avril 2011 (où IB fut tué), à la fin de la crise post-électorale de 2011, alors qu’il avait désarmé ses troupes (le Commando invisible) et entré en négociation avec Alassane Ouattara pour son ralliement.

“ Le film de l’opération contre IB, selon la plainte de sa fille “

Le matin du 27 avril, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), la nouvelle armée créée par Alassane Ouattara et dirigée par des commandants issus des Forces nouvelles, avaient lancé, devant les caméras de télévision, une opération dans la zone où se trouvait IB (Abobo PK-18). L’objectif des militaires, que la plainte identifie « comme les hommes de Guillaume Soro », était « manifestement de procéder à l’élimination non seulement de Ibrahim Coulibaly, mais également de tous ceux qui tentaient de s’échapper avec lui, alors même qu’il n’y avait pas entre eux de conflit armé ».

À ce moment-là, Guillaume Soro était secrétaire général des Forces nouvelles, premier ministre et ministre de la Défense du gouvernement nommé par Alassane Ouattara. « Depuis la veille – a minima – de son assassinat », IB « se savait en danger et avait informé » l’Organisation des nations unies (ONU) et les forces françaises, selon les avocats de sa fille.

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L’ancien sergent-chef a lui-même déclaré, en direct, sur la radio Voice of America : « Ce sont les Forces nouvelles qui m’attaquent, les FRCI qui m’attaquent […], c’est Soro qui m’attaque ! » Des hélicoptères de l’ONU et des forces françaises survolaient le quartier. « Grâce à cette surveillance aérienne, les forces internationales suivaient systématiquement le déplacement des pourchassés », avance le texte transmis au parquet de Paris.
Une fois repérés, IB et ses hommes se sont rendus. Certains auraient été « abattus sur place par les FRCI ». Parmi eux, Issiaka Timité et Soualio Coulibaly, dont des proches se sont constitués parties civiles. Les circonstances précises de leur mort « restent à être établies », précise la plainte. Les autres, dont IB et un certain Abib Karamoko, étaient emmenés par des FRCI « dans des véhicules motorisés ».

Le soir même, le corps d’IB était retrouvé dans une rue, « gisant sur le sol » ; un peu plus loin, celui d’Abib Karamoko avait un impact de balle dans la tête. Si la version officielle dit qu’IB a été tué dans des combats, plusieurs éléments, dont une photo de sa dépouille publiée par un média lié à Guillaume Soro, laissent penser qu’il a été torturé, souligne la plainte.

Au regard des « circonstances détaillées du décès de la victime », des « déclarations de la victime elle-même », ainsi que des déclarations de Guillaume Soro, « il n’y a guère de doute quant au fait que son homicide puisse être imputé aux agents de Guillaume Soro », qui aurait nourri « une rivalité notoirement connue à l’endroit d’Ibrahim Coulibaly », et que « ce meurtre serait prémédité ».

La rédaction APRNEWS
Jules Mabéha