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France : Un médecin licencié pour sa barbe

© Sercom APRnews Photo / France: Un médecin licencié pour sa barbe
Dimanche, 31 décembre 2017

France : Un médecin licencié pour sa barbe

APRNEWS - L'établissement de santé de Seine-Saint-Denis avait demandé au médecin stagiaire égyptien de tailler sa barbe car elle était "la manifestation ostentatoire d'une appartenance religieuse".

La cour administrative d'appel de Versailles a débouté le 19 décembre un médecin-stagiaire égyptien renvoyé par le centre hospitalier de Seine-Saint-Denis pour avoir refusé de tailler sa barbe, jugée par l'établissement comme "la manifestation ostentatoire d'une appartenance religieuse".

La cour a considéré que si le port d'une barbe, "même longue", ne saurait "à lui seul" constituer un signe d'appartenance religieuse, les "circonstances" donnaient raison à l'hôpital.

Les faits remontent à fin 2013. Le médecin, aujourd'hui âgé de 35 ans, effectuait un stage de spécialisation d'un an en chirurgie viscérale, dans le cadre d'une convention avec le National Liver Institute de l'université égyptienne de Menoufia.

Il s'y était présenté "avec le visage couvert d'une barbe particulièrement imposante" et avait été convoqué à plusieurs reprises par la direction, qui lui avait demandé de tailler sa barbe, "perçue par les membres du personnel comme un signe d'appartenance religieuse".

L'hôpital avait souligné auprès du médecin que "l'environnement multiculturel de l'établissement rendait l'application des principes de neutralité et de laïcité du service public d'autant plus importante", a indiqué la cour dans sa décision.

Respect de sa vie privée

L'homme s'était lui "borné à invoquer le respect de sa vie privée".

"Dans ces conditions", la cour y a vu un manquement à ses obligations de respect de la laïcité et du principe de neutralité du service public, même si le port de la barbe "ne s'est accompagné d'aucun acte de prosélytisme".

Elle a estimé que la sanction, la résiliation de la convention de stage du médecin, n'était "pas disproportionnée", confirmant le jugement rendu en première instance par le tribunal administratif de Montreuil.

"Parce qu'il ne dit pas explicitement "non ce n'est pas religieux", c'est religieux", s'est insurgé l'avocate du médecin qui prévoit un pourvoi devant le Conseil d'Etat. Elle a dénoncé une décision prise uniquement sur "l'appréciation subjective de la directrice, basée sur d'hypothétiques réactions, sans produire d'attestation de témoins".

Avec LE JOURNAL