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France : Le confinement a déjà évité 60.000 morts

Photo d'illustration - Confinement - Covid-19 - Actualité - Paris - Abidjan
Jeudi, 23 avril 2020

France : Le confinement a déjà évité 60.000 morts

Si les autorités avaient laissé l'épidémie de coronavirus se propager, le système hospitalier aurait été submergé, estime une étude de l'EHESP.

Et encore, ces chiffres ne sont qu’un “minimum”. Mercredi 22 mars, trois chercheurs de l’École des Hautes études en Santé publique ont publié une étude qui tire des conclusions d’un mois de confinement face à l’épidémie de coronavirus. Et leurs résultats sont sans appel. 

Signée par trois spécialistes en épidémiologie et en biostatistiques (Pascal Crépey, Clément Massonnaud et Jonathan Roux), cette analyse estime ainsi que les mesures prises par le gouvernement ont évité des dizaines de milliers de morts dans le pays. 

À partir des informations remontées des hôpitaux et plus largement du système de santé français, les trois chercheurs ont construit un modèle statistique qui leur permet d’envisager ce qu’aurait été l’épidémie sur le territoire national sans le confinement. Et ils obtiennent, au minimum, le chiffre considérable de 61.700 morts évités en un mois (du 19 mars au 19 avril). 

Certains chiffres même pas comptabilisés 

“Nous avons été les premiers surpris par l’ampleur de ce chiffre”, a réagi l’un des auteurs, Pascal Crépey, auprès du Monde. Il explique notamment que dans cette construction théorique, les chercheurs voient le nombre de décès quotidiens doubler tous les “quatre à cinq jours” à partir de la mi-mars. À la date du 19 avril, sans confinement, ils estiment que 10.000 personnes seraient mortes en seulement 24 heures. 

Un chiffre qui ne prend même pas en compte les décès survenus dans les Ehpad et à la maison, car l’équipe dispose pour l’heure de trop peu d’informations sur la mortalité dans ces circonstances pour intégrer la variable à son modèle. 

Pour parvenir à cette mortalité théorique exceptionnelle, les chercheurs se sont penchés sur la propagation réelle du virus au sein de la population. Et ils ont estimé que 23% de la population aurait été contaminée au 19 avril, soit une proportion bien en deçà du seuil nécessaire au développement d’une immunité collective suffisante pour que l’épidémie soit vaincue (environ 70%). 

20 fois plus de lits de réa nécessaires

Et avec près d’un Français sur quatre atteint, environ 670.000 personnes auraient nécessité une hospitalisation, et quelque 140.000 cas graves auraient dû au total passer en réanimation, nécessitant la mobilisation de 100.000 lits de réa. Le système de santé -qui dans la réalité n’a mobilisé au maximum “que” 7.148 lits- aurait alors été totalement submergé (cela représente des besoins 20 fois supérieurs à ce qui a réellement été nécessaire). 

Cela aurait d’ailleurs provoqué de nombreux autres décès puisque des milliers de malades nécessitant d’être pris en charge en réanimation pour d’autres raisons que le covid-19 auraient alors péri. “Ce qui s’est passé dans le Grand Est ou en Île-de-France, où il a fallu transférer d’urgence des patients dans d’autres régions, nous donne un aperçu de ce qui aurait pu se passer”, avertit Pascal Crépey. 

Par ailleurs, le chercheur rappelle que le confinement -aussi efficace soit-il au vu de cette modélisation- n’est pas une fin en soi ni le signe que l’épidémie sera vaincue sur le long terme par ce biais. “Le confinement sert d’abord à gagner du temps, avec l’espoir d’avoir de nouvelles armes dans six ou douze mois”, insiste-t-il, toujours auprès du Monde. En clair, tant qu’un vaccin et/ou une immunité collective n’auront permis de nous protéger durablement contre le virus, le risque de nouvelle vague sera toujours présent. 

Source : Huffing ton post