Vous êtes ici

Back to top

En Israël, pression maximale autour du gouvernement en construction

Aprnews - Benyamin Netanyahou - pression - gouvernement - Actualité - Israël
Lundi, 7 juin 2021

En Israël, pression maximale autour du gouvernement en construction

On annonçait prudemment, la semaine passée, la fin de Benyamin Netanyahou. Mais alors que le nouveau gouvernement fera face, lundi 14 juin, à un vote de confiance, l’intimidation et la violence, dans les jours précédents, pourraient mettre la fragile coalition en péril.

En Israël, pression maximale autour du gouvernement en construction

En 1995, le directeur du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien, avait demandé au chef de l’opposition, un certain Benyamin Netanyahou, de modérer ses propos à l’encontre du premier ministre Yitzhak Rabin. Il craignait, avec prescience, un assassinat.

Samedi 5 juin, l’actuel directeur, Nadav Argaman, a lancé un appel similaire. « Nous avons identifié une montée sérieuse de la radicalisation et d’un discours d’incitation… qui pourrait mener à des violences contre certaines personnes », a-t-il sobrement déclaré.

Accusations de trahison

К депутатам Сильман и Орбаху приставлена охрана | detaly.co.il

Une telle déclaration publique, extrêmement rare, fait suite à une campagne d’intimidation des députés de droite au sein de la coalition du « changement » qui espère détrôner Netanyahou, au pouvoir depuis douze ans. Les manifestations devant leurs résidences se succèdent, alors qu’ils font face à des accusations incessantes de trahison, et même à des menaces directes.

« Dites-moi ce que je peux faire. Ils me suivent depuis chez moi », paniquait ainsi Idit Silman, députée du parti de droite Yamina, dans un appel à l’aide envoyé dans un message à ses collègues, retransmis sur la chaîne publique Kan. Ses enfants, bannis de leur mouvement de jeunesse et intimidés sur le chemin de l’école, ont été déscolarisés. Comme la plupart des élus de son parti, elle est maintenant sous garde rapprochée.

Pourtant, comme en 1995, Benyamin Netanyahou n’a pas lancé d’appel au calme. Au contraire : c’est lui, génie de la communication, qui donne le ton, faisant écho à Donald Trump. « L’État profond est ancré dans ce gouvernement » a-t-il dit dans une interview télévisée sur la Chaîne 20, rangée à droite. Les députés qui lui sont hostiles vont installer un gouvernement de fraude, de « reddition » dit-il, qui ne pourra pas faire face au « péril iranien », qui mettra en danger le peuple d’Israël et ses forces armées.

De l’huile sur le feu

La coalition du « changement » dispose d’une infime majorité de 61 députés à la Knesset, le nombre exact de soutiens pour obtenir le vote de confiance. Il suffirait du revirement d’un seul député pour que l’exercice capote.

Le vote se tiendra lundi 14 juin à l’issue d’une semaine difficile. Les tensions restent vives à Jérusalem-Est, et la police israélienne contribue de manière presque inexplicable à mettre de l’huile sur le feu. Vendredi 4 juin, elle a violemment interrompu une course à pied, organisée en solidarité avec les habitants arabes des quartiers de Silwan et Cheikh Jarrah, où des familles palestiniennes font recours contre leur expulsion. 

Samedi 5, elle a procédé à l’arrestation brutale d’une journaliste d’Al Jazeera dans le même quartier. Dimanche 6, elle a appréhendé Mona el-Kurd, et convoqué son frère jumeau Mohammed, tous deux habitants de Cheikh Jarrah et militants du combat contre les expulsions. Tous les trois ont été relâchés sans poursuites.

Rejouer la « parade des drapeaux »

Ce jeudi 10 juin, des militants d’extrême-droite ont prévu de rejouer la « parade des drapeaux », qui célèbre l’annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967 et qui avait été tronquée le 10 mai, jour où a débuté le dernier conflit entre Israël et le Hamas. L’itinéraire prévu passe par le quartier musulman de la Vieille Ville.

Le Hamas, qui veut préserver son statut de ‘défenseur de Jérusalem’, a appelé les Palestiniens de Jérusalem et d’Israël à « se stationner dans et autour d’Al Aqsa pour la protéger de la malice du sionisme et de ses plans ». Lundi en milieu de journée, le porte-parole d’un des mouvements organisateurs de la manifestation a annoncé que la marche était annulée, son parcours n’ayant pas été autorisé par la police.

Cette nouvelle poussée de tension met sous pression le leader de la droite sioniste religieuse, Naftali Bennett, qui pourrait devenir le prochain premier ministre si le nouveau gouvernement obtient la confiance de la Knesset. Il aura besoin pour cela du soutien du parti arabe israélien Ra’am, proche des Frères musulmans, auxquels le Hamas est également lié.

Aprnews avec La-croix.com