Vous êtes ici

Back to top

Émeutes.L’Amérique de Trump est un “baril de poudre”

APRnews - Un manifestant fait face à des policiers à Columbia (Caroline du Sud), le 30 mai 2020. PHOTO REUTERS/Sam Wolfe- Actualité
Lundi, 1 juin 2020

Émeutes.L’Amérique de Trump est un “baril de poudre”

La colère liée à la mort de George Floyd à Minneapolis a provoqué une nouvelle vague de violences dans de nombreuses villes américaines dans la nuit du 30 au 31 mai. 

Chômage de masse, inégalités accrues par la pandémie, violences policières, extrême droite décomplexée et président prompt à jeter de l’huile sur le feu : pour cette chroniqueuse du New York Times, tous les ingrédients sont réunis pour que l’Amérique s’enflamme.  

Aux États-Unis, les deux mois et demi qui viennent de s’écouler font penser aux premières séquences d’un film dystopique sur l’effondrement d’une nation. Tout d’abord, la pandémie a frappé, et les hôpitaux de New York ont été débordés. L’économie du pays s’est retrouvée au point mort, le chômage a crevé le plafond [plus de 40 millions de chômeurs au 28 mai]. Un salarié américain sur quatre a déposé un dossier de demande d’allocations.

Devant les banques alimentaires, on a vu des files de voitures s’étirer sur des kilomètres. Lourdement armés, des manifestants hostiles au confinement sont descendus dans la rue un peu partout. Dans tout le pays, une maladie dont personne ou presque n’avait entendu parler il y a encore un an a déjà fait 100 000 morts.

Et puis, cette semaine, un policier de Minneapolis a été filmé alors qu’il écrasait de son genou le cou d’un Africain-Américain du nom de George Floyd. Alors qu’il agonisait, Floyd a gémi qu’il ne parvenait plus à respirer, une plainte qui rappelle les derniers mots d’Eric Garner, dont le décès, en 2014, a contribué à donner naissance au mouvement Black Lives Matter [“les vies noires comptent”, mouvement militant contre les violences policières]. La mort de Floyd survient seulement trois jours après l’arrestation en Géorgie de trois hommes accusés d’avoir traqué et assassiné un jeune Noir, Ahmaud Arbery, alors qu’il faisait son jogging.

À Minneapolis, les manifestants ont déferlé dans les rues, et la police a réagi beaucoup plus durement que face aux contestataires anticonfinement armés jusqu’aux dents. Dans la soirée du mercredi 27 mai, les manifestations pacifiques ont dégénéré en émeutes. Le lendemain, le gouverneur [démocrate] du Minnesota appelait en renfort la Garde nationale.

Une enquête fédérale sur la mort de Floyd, “priorité absolue”

Un temps, on a pu croire que l’impensable brutalité de la mort de Floyd allait freiner les pires tendances du président et de ses partisans du mouvement Blue Lives Matter [mouvement de défense des forces de l’ordre en réaction à Black Lives Matter].

Les autorités n’ont eu d’autre choix que d’intervenir : les quatre policiers impliqués ont été licenciés, leurs actes condamnés dans tout le pays par les responsables des forces de l’ordre, et le ministère de la Justice sous la férule de William Barr a promis l’ouverture d’une enquête fédérale qui serait une “priorité absolue”.

Même Donald Trump, qui a autrefois encouragé les brutalités policières, a décrit ce qui était arrivé à Floyd comme “quelque chose de vraiment terrible”.

Mais dans la soirée du 28 mai, alors qu’un procureur du comté déclarait que ses services en étaient encore à évaluer si les quatre policiers avaient commis un crime, les émeutes ont recommencé à Minneapolis, et des gens en colère ont incendié un commissariat. (Vendredi 29, un des policiers a été interpellé et inculpé d’homicide involontaire.) Sur Twitter, un Trump en proie à la confusion a menacé de déployer l’armée contre ceux qu’il a traités de “VOYOUS

Avec le The New York Times