Vous êtes ici

Back to top

Eau : L'impact de la désalinisation sur l'environnement 

Apr - News / la désalinisation
Lundi, 14 janvier 2019

Eau : L'impact de la désalinisation sur l'environnement 

APRNEWS - Un rapport des Nations unies s'inquiète du niveau excessif des rejets de saumure liés à l'essor de la désalinisation. Cette technologie, qui permet de répondre à la pénurie d'eau, doit être mieux maîtrisée.
Vu le rythme auquel le nombre d'usines se multiplie, la désalinisation de l'eau risque un jour d'être plus un problème environnemental qu'une solution au manque d'eau potable dans les zones les plus arides de la terre.

C'est ce que craignent plusieurs experts des Nations unies dans un rapport publié lundi où est pointé le défi écologique posé par les rejets massifs de saumure résultant de cette activité.
Près de 16.000 unités de dessalinisation sont en activité à ce jour, alors qu'elles n'étaient qu'une poignée au début des années soixante. Quotidiennement, 95 millions de m3 d'eau douce, soit l'équivalent de 40 % des eaux déversées chaque jour par les chutes du Niagara quand leur débit est au plus haut, sont ainsi produites par cette myriade d'usines. Une production dont il est inimaginable de pouvoir se passer sachant que 40 % de la population mondiale est confrontée à un manque chronique d'eau.

Les pays du Golfe à l'index

L'ennui est que la fabrication d'un litre d'eau consommable se traduit par le rejet d'un litre et demi de saumure. Ainsi, pas moins de 142 millions de m3 de cette substance chargée en sel et en produits chimiques sont rejetés quotidiennement, qui en mer, qui dans les eaux de surface, les égouts, ou en encore qui dans des puits ou dans des bassins d'évaporation. Ce chiffre dépasse de 50 % toutes les estimations établies jusqu'alors, note le rapport de l'ONU dont les auteurs estiment qu'il y aurait de quoi, avec un tel volume, « couvrir pendant un an toute la Floride sous une couche de saumure épaisse de 30,5 centimètres ».

Et encore ne s'agit-il que d'une moyenne mondiale.  Au Moyen-Orient, où se concentre le gros de la production des eaux dessalées dans le monde , quatre pays (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Koweït, Qatar) totalisent à eux seuls 55 % de ces boues saumâtres. Dans cette région sèche du globe, l'eau, prélevée massivement dans la mer, est chauffée. Ce traitement produit quatre fois plus de saumure par m3 d'eau dessalée que les technologies plus avancées, comme la filtration par membrane qui est largement utilisée aux Etats-Unis.

Pas que des défauts

Le « plus clair » (80 %) de ces rejets étant produit à moins de 10 km des côtes, ils repartent à l'état brut le plus souvent dans les mers et s'accumulent dans leurs fonds. S'ensuit une salinisation accrue des eaux et des écosystèmes marins qui rend la vie difficile sinon impossible à leur flore et à leur faune. D'autant que s'y ajoute la présence de nombreuses substances chimiques utilisées dans le processus de traitement. « Ces courants saumâtres éliminent l'oxygène contenu dans les zones maritimes réceptrices », explique Edward Jones, chercheur à l'Université de Wageningen (Pays-Bas). Les deux phénomènes peuvent avoir de « forts impact sur certains organismes vivants et se répercuter sur toute la chaîne alimentaire », selon lui.

La saumure n'a cependant pas que des défauts. Les effluents sont exploitables dans l'aquaculture et l'irrigation de certaines espèces arbustives adaptées à des milieux très riches en sel. C'est aussi un précieux fertilisant pour la production de spiruline, une algue faible en calories et riche en protéines, utilisable en complément alimentaire. Des opportunités économiques que le rapport de l'ONU aimerait voir les principaux pays producteurs d'eau dessalée exploiter d'urgence et intensément pour régler leurs problèmes écologiques.

avec les échos.fr