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Dopage : le nageur chinois Sun Yang, triple champion olympique, privé des JO de Tokyo

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Mercredi, 23 juin 2021

Dopage : le nageur chinois Sun Yang, triple champion olympique, privé des JO de Tokyo

Le Tribunal arbitral du sport a décidé de suspendre le nageur pour avoir détruit à coups de marteau une fiole de son sang lors d’un contrôle antidopage.

Suspendu 4 ans pour dopage, Sun Yang va manquer les JO de Tokyo

Sun Yang manquera les Jeux olympiques (JO) de Tokyo. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a décidé, mardi 22 juin, de suspendre le nageur chinois pour une durée de quatre ans et trois mois, après que ce dernier eut détruit à coups de marteau une fiole de son sang lors d’un contrôle antidopage inopiné. Cette suspension, entamée le 28 février 2020, s’achèvera donc en juin 2024, soit quelques semaines avant l’ouverture des Jeux de Paris. Sun Yang sera alors âgé de 32 ans.

En février 2020, le TAS avait déjà infligé huit ans de suspension – soit la peine maximale – au nageur chinois pour ce geste. Mais, à la stupéfaction générale, le Tribunal fédéral suisse avait, en décembre, annulé cette décision, sanctionnant par là même la « partialité » du président du panel d’arbitres et par ailleurs ancien chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini. Dénonçant la cruauté infligée aux animaux en Chine, et alors que l’affaire Sun Yang était en cours d’instruction, le magistrat s’était en effet livré à une série de tweets « extrêmement violents » et racistes, avait révélé le Tribunal.

Après une nouvelle audience, laquelle s’était tenue en mai, l’instance d’arbitrage a ce mardi confirmé la suspension, mais en a réduit la durée : quatre ans, à quoi il faut ajouter une peine de trois mois pour une précédente violation du règlement antidopage. Un nouvel appel devant la justice suisse ne pouvant être suspensif, la route des Jeux de Tokyo est donc bouchée pour Sun Yang.

L’Agence mondiale antidopage (AMA) a immédiatement « salué » cette décision. Elle rappelle que le nageur avait déjà fait appel d’une précédente décision de la Fédération internationale de natation (FINA) qui avait blanchi le nageur en raison d’un vice de forme, avant d’être désavouée par le TAS. Cette décision de la FINA « soulevait un certain nombre de questions en matière de conformité au code » mondial antidopage, a rappelé le directeur général de l’Agence, Olivier Niggli, dans un communiqué. « La décision du TAS d’aujourd’hui valide ces inquiétudes soulevées par l’AMA. »

La FINA, a pour sa part, « pris acte » de ce jugement, qu’elle s’est engagée à mettre en œuvre « conformément à ses obligations de signataire du code ».

Hostilité de ses rivaux

Adulé dans son pays, égérie de plusieurs grandes marques, Sun Yang compte à son palmarès trois médailles d’or olympiques, glanées à Londres en 2012 (400 mètres et 1500 mètres nage libre) et à Rio en 2016 (200 mètres nage libre). Il a par ailleurs remporté onze titres de champion du monde. La Fédération chinoise de natation avait expliqué que les nageurs chinois titrés lors des Mondiaux de Gwangju (en 2019) seraient « qualifiés d’office » pour les Jeux de Tokyo (23 juillet-8 août). Sun Yang, qui avait alors remporté deux titres planétaires sur 200 mètres et 400 mètres nage libre, répondait à ces critères, même si, en Chine, rien ne filtrait concernant son niveau physique ou l’état de sa préparation.

Fils unique d’une famille de sportifs, le nageur s’était révélé au grand public lors des Mondiaux de Shanghai, en 2011 : à 19 ans, il avait pulvérisé le record du monde du 1 500 mètres nage libre (qu’il a, depuis, amélioré, et qu’il détient toujours) et avait également remporté le 800 mètres.

En 2014, dans le plus grand secret, Sun Yang avait subi un contrôle positif à un stimulant (trimétazidine). Les résultats avaient été rendus publics bien après que la sanction eut été purgée. Deux ans après, en 2016, le nageur chinois s’était heurté, lors des JO de Rio, à l’hostilité de ses rivaux – laquelle couvait depuis longtemps. L’Australien Mack Horton l’avait d’abord qualifié de « dopé », avant de lui ravir l’or du 400 mètres nage libre.

D’ordinaire inébranlable, le nageur chinois avait fondu en larmes et avait riposté en gagnant le 200 mètres. « Sun Yang, il pisse violet », avait dans l’intervalle persiflé le dossiste français Camille Lacourt, « dégoûté de voir des gens qui ont triché sur les podiums ».

Contrôlé à son domicile en septembre 2018, Sun Yang avait détruit au marteau un échantillon de sang, arguant pour sa défense que les contrôleurs n’avaient pas produit « les documents prouvant leur identité ». En blanchissant Sun Yang en raison d’un vice de forme, la FINA lui avait permis de se présenter aux Mondiaux-2019, à la consternation de certains adversaires.

Médaillés à ses côtés, respectivement sur 400 mètres et 200 mètres, l’Australien Mack Horton avait refusé de monter sur le podium, tandis que le Britannique Duncan Scott avait refusé de lui serrer la main. « Tu es un perdant, je suis un gagnant ! » avait riposté Sun, exaspéré, le poing serré en direction de Scott.

Aprnews avec Lemonde