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Crise politique au Mali : la délicate question des sanctions internationales

Aprnews - Moctar Ouane - Bah N'Daw - Crise politique - sanctions internationales - Cédéao - Actualité - Bamako - Mali
Vendredi, 28 mai 2021

Crise politique au Mali : la délicate question des sanctions internationales

Alors que l’armée vient de reprendre le pouvoir au Mali, la communauté internationale a dénoncé ce nouveau coup de force militaire et menacé d’imposer des sanctions. Si les États-Unis ont suspendu leur aide militaire, la Cédéao, l’UE ainsi que le Conseil de sécurité de l'ONU se montrent bien plus hésitants quant à la mise en place de mesures coercitives.

Mali : fin de l′embargo imposé par la Cédéao | Afrique | DW | 06.10.2020

Neuf mois après un premier coup d’État au Mali et alors qu’un processus de transition a été mis en place, les militaires ont à nouveau repris la main en évinçant le président, Bah Ndaw, et son Premier ministre, Moctar Ouane. Comme en août dernier, la communauté internationale a condamné ce qui s’apparente à un coup d’État dans le coup d’État, selon les paroles d’Emmanuel Macron. La Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), la France, l’Union Européenne et les États-Unis ont immédiatement menacé d’imposer des sanctions.   

Pourtant, jusqu’ici seul Washington a pris une mesure concrète en suspendant son aide militaire. Réuni en urgence, le 26 mai, le Conseil de sécurité a réclamé une "reprise immédiate" de la transition, sans pour autant s’accorder sur la mise en place de mesures coercitives. La Cédéao, qui s’était montrée d’une grande fermeté lors du coup d’État en août dernier, fait désormais profil bas. Car si l’histoire se répète au Mali, le contexte économique et politique a, entretemps, tourné à l’avantage des militaires.    

Embargo contesté

IBK : "Aucun putsch militaire ne prévaudra au Mali" - BBC News Afrique  

Le 20 août dernier, soit seulement deux jours après le coup d’État militaire et l’éviction du président élu Ibrahim Boubacar Keïta, la Cédéao, qui regroupe quinze pays, annonce des mesures drastiques contre le Mali. Outre la suspension du pays de tous ses organismes de décision, elle annonce la mise en place d’un embargo. Une mesure qui inclut la fermeture des frontières terrestres et aériennes, l’interruption des transactions financières ainsi que des échanges commerciaux, à l’exception des denrées de première nécessité. Sous pression, les militaires annoncent, début octobre, la création d’un gouvernement de transition et la Cédéao lève les sanctions. Mais l’organisation africaine fait l’objet de critiques au sein de la société civile.   

L’embargo a duré près de deux mois et a durement affecté les opérateurs maliens. Tout un tas de produits comme les matériaux de construction ou le matériel informatique étaient totalement bloqués” déplore Abdoul Wahab Diakité, vice-président de l’association des consommateurs du Mali (Ascoma), contacté par France 24. “La Cédéao n’a pas pris la mesure de ses actions car le Mali est un point de consommation essentiel pour les pays voisins. Les commerçants ivoiriens, nigériens ou sénégalais ont vu leurs exportations bloquées par les décisions de leurs propres dirigeants, cette situation est inacceptable”.    

Pour faire reconnaître le caractère “illégal” de l’embargo, qu’elle considère être une violation des droits des citoyens, l’Ascoma, accompagnée d’une autre organisation civile malienne (la Coalition Publiez Ce Que Vous Payez- Mali), a porté plainte contre la Cédéao auprès de la Cour de justice de l’organisation africaine. Une plainte jugée recevable, qui devrait être examinée prochainement et dont les organisations civiles maliennes espèrent qu’elle débouchera sur des compensations financières.   

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Si la Cédéao a, à nouveau, menacé, jeudi, d’imposer des sanctions ciblées "contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation", nulle mention n’a été faite du potentiel retour de l’embargo économique.

Aprnews avec France 24