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CPI : Le Procureur dénonce, « les témoignages des victimes de crimes sexuels ont été ignorés… »

APRnews - Narayanan Priya - Fatou Bensouda - CPI - Actualité - La Haye - Pays Bas
Jeudi, 25 juin 2020

CPI : Le Procureur dénonce, « les témoignages des victimes de crimes sexuels ont été ignorés… »

Le mercredi 24 juin 2020, était le dernier jour de l’audience d’évaluation des éléments de l’Appel du procureur de la CPI, Fatou Bensouda, contre l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, prononcé le 15 janvier 2019, par la Chambre de première instance.  

Pour cette ultime journée, Narayanan Priya, membre du bureau du procureur, a expliqué aux juges de la chambre d’appel, que leurs collègues de la première instance n’ont pas pris en compte, dans leurs évaluations des éléments de preuves à charge, les témoignages de plusieurs victimes, notamment, celles ayant été victimes de violences sexuelles.
« (...) Lorsque la norme de la preuve est mal appliquée, cela a des incidences négatives sur l’ensemble des éléments de preuves. C’est le cas ici. Parce qu’il y a des témoins qui n’ont pas été considérés, en raison du fait qu’ils avaient fait preuve de légères incohérences, ils avaient témoigné alors qu’ils étaient encore traumatisés. Et dans ce cas, c’est possible de se reposer sur ce qu’ont dit ces témoins. Nous savons que les victimes de violences sexuelles, par exemple, ont vu leurs éléments de preuves complètement mis de côté. Tout simplement, parce que, pour les victimes de violences sexuelles, le critère d’évaluation des preuves était beaucoup plus élevé. Pour ce qui est de la corroboration, généralement, c’est du bon sens. Et cela doit être compris avec souplesse. Mais, le juge Anderson a été beaucoup plus stricte que cela. Très stricte même, et cela a forcément une incidence sur l’ensemble des éléments de preuves. Résultat : il a été mis un terme à cette affaire, de façon tout à fait inéquitable », a dénoncé l’adjoint de Fatou Bensouda. Elle a demandé aux 5 juges de la chambre d’Appel de décider de faire poursuivre l’affaire pour que justice soit faite.  « L’affaire doit être poursuivie, lorsque vous avez l’innocence et la culpabilité sur le même pied d’égalité. Dans notre cas actuel, la chambre ne devait pas faire droit à la requête en insuffisance de preuves, et l’affaire devait être poursuivie et entendue. Il faut faire très attention lorsque nous avons une affaire complexe telle que la nôtre. Il ne faut pas qu’elle soit interrompue à tort, et brusquement. Notamment, lorsqu’il y a la requête pour insuffisance de moyens à charge », a-t-elle appelé.

La rédaction APRnews
Anne-Marie Kacou