APRNEWS - C'est une situation totalement ubuesque. Des scènes de joie dans plusieurs points chauds de la capitale économique ivoirienne, Yopougon en tête, et dans la résidence de Simone Ehivet Gbagbo, épouse de l'ex-chef d’État, à Cocody-riviera golf.

La rumeur de la libération de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé n'a pas fait qu'affoler la toile. Elle a amené de nombreux partisans de l'ex-chef d’État à une rare démonstration de joie. Dans les rues de la réputée gbagboïste commune de Yopougon, on aurait cru, ce vendredi 14 décembre 2018, à un sacre de l'équipe nationale de football. A la résidence des Gbagbo, à Cocody-riviera golf, dignitaires du Front populaire ivoirien et proches de famille étaient en fête. Simone Gbagbo s'autorisait, au passage, des déclarations à la presse : « c'est fait, c'est un jour de victoire ! ». Sur les réseaux sociaux, on pouvait écouter l'ex-députée d'Abobo et constater l'explosion de joie à sa résidence. Mais d'où est venue cette rumeur ? On ne saurait, par définition, mettre en cause, une personne précise. Une certitude cependant, de nombreux internautes, y compris l'avocat de Simone Gbagbo, Ange Rodrigue Dadjé, avaient annoncé la libération de l'ex-chef d’État, avant de se rétracter.

La faute de la rumeur n'incombe sans doute pas à la Cour pénale internationale (Cpi), qui n'a pas dit formellement si elle rendrait, ce vendredi, une décision relativement au maintien en détention des deux accusés de crimes contre l'humanité, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. L'inter a pu contacter, vendredi en fin d'après-midi, un membre des équipes de défense, basé à La Haye. La source s'est voulue formelle : « il n'y a aucune décision jusqu'ici. Il n'y en aura pas certainement aujourd'hui. Les juges n'ont donné aucune date ». Jusqu'à quand faudra-t-il attendre pour être situé sur l'éventuelle mise en liberté provisoire des deux Ivoiriens ? « On ne peut pas donner de date. Nous espérons que cela se fera jusqu'à la fin de l'année ou peut-être en début d'année », note la source. Fait remarquable : les vacances judiciaires d'hiver ont débuté, à la Cpi, ce vendredi 14 décembre 2018, à 17h30. Elles se poursuivront jusqu'au lundi 7 janvier 2019, à 9h.

Le défaut de confirmation de la libération de Laurent Gbagbo et Blé Goudé a douché les ardeurs de nombreux pro-Gbagbo, vendredi soir. Simone Gbagbo, passée l'euphorie, a invité, via sa page facebook, « les uns et les autres à la modération ».

Rappelons qu'une audience s'était tenue, jeudi 13 décembre 2018, afin d'examiner la détention de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. La particularité de cette audience, c'est qu'elle avait été convoquée par les juges. A la lumière des interventions ayant meublé la journée du 13 décembre, l'éventualité d'une mise en liberté provisoire n'avait jamais été aussi proche pour l'ex-leader des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé, mais aussi et surtout pour l'ex-chef d’État, Laurent Gbagbo. Le procureur Eric Mc Donald a, d'abord, développé les arguments qui militent pour le maintien en détention des deux prévenus, puis il a expliqué que toute mise en liberté provisoire devrait « être octroyée sur les bases de conditions strictes ». Pour Laurent Gbagbo, en cas de liberté provisoire, il devra résider dans un pays signataire du statut de Rome et respectant ses principes. Il devra se présenter de manière hebdomadaire devant les autorités, porter un bracelet électronique avec un Gps et ne sera pas autorisé à quitter sa résidence territoriale. Le procureur a aussi suggéré le dépôt d’une caution de garantie auprès de la Cour. Pour Charles Blé Goudé, la liste des conditions est longue et beaucoup plus restrictive. Le procureur recommande, par exemple, qu’il se présente deux fois par semaine auprès des autorités du pays d’accueil et qu’un couvre-feu quotidien, de 23h à 3h du matin, lui soit imposé.

Avec Linfodrome