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Covid-19 : un appel à mieux répartir les vaccins dans le monde

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Jeudi, 19 novembre 2020

Covid-19 : un appel à mieux répartir les vaccins dans le monde

L’ONG Oxfam constate que l’essentiel des vaccins contre le coronavirus a été réservé par les pays riches et demande un abaissement des prix pour les pays pauvres. L’université américaine Duke met en garde contre le «vacci-nationalisme».

 

Les pays riches sont-ils en train de « confisquer » la plupart des lots de vaccin Covid au profit exclusif de leurs populations? C'est le point de vue de l'ONG Oxfam, qui fait partie de la « People's vaccine alliance » aux côtés notamment d'Onusida (le programme commun des Nations unies sur le VIH) et d'Amnesty international. Elle lance un cri d'alarme. « Selon nos estimations, rien que l'Union européenne a déjà acheté ou préacheté une quantité suffisante pour vacciner plus de deux fois sa propre population, de 450 millions d'habitants », estime Julia Heres-Garcia, experte à Oxfam.

En effet, à la suite de différentes annonces, les acquisitions de l'UE, selon les données de la Commission européenne sont les suivantes : 200 millions fermes plus 100 millions en option pour le vaccin Pfizer ; 300 millions pour celui de Sanofi/GSK; 300 millions fermes et 100 millions optionnels pour celui de Astra-Zeneca/Oxford; 220 millions et 230 millions optionnels pour celui de l'Allemand Curevac; 200 millions et 200 millions optionnels pour celui de Janssen.

Si l'UE est parfaitement dans son droit évidemment de sécuriser des achats pour sa propre population, cette tendance, à terme, risque de poser problème, selon Oxfam. « Des projections montrent qu'en l'état actuel, sur l'ensemble de la terre, plus de la moitié des doses ont été acquises par des Etats riches qui ne représentent que 13 % de la population mondiale. Comment vont faire les pays pauvres, dans ces conditions, pour avoir accès à la vaccination contre le Covid, alors que l'on sait que c'est un besoin absolument essentiel pour leur population ? » interroge Julia Heres-Garcia.

Comment résoudre alors le problème ? Il existe des mécanismes internationaux, comme le Covax, qui réunit l'UE, le Royaume-Uni et le Canada, pour essayer de fournir de l'aide aux pays moins développés, sur l'accès aux vaccins. Mais, en dehors des déclarations de principe, la réalité tarde à se concrétiser sur le terrain. Une étude de l'université américaine Duke Global Health innovation center, publiée le 9 novembre, montre par exemple qu'un pays comme l'Ethiopie devrait alors attendre… 2024 pour vacciner sa population si les choses ne s'améliorent pas.

Objectif : 20 % de la population mondiale

« En fait, les données montrent que plusieurs pays signataires contournent les engagements pris avec ce pacte Covax, en négociant des accords particuliers avec les fournisseurs. Cela laisse entendre que les pays à faible revenu auront des difficultés à sécuriser leurs approvisionnements », précise l'étude de l'Université Duke, qui dénonce le risque de « vacci-nationalisme » de la part des pays aux plus hauts revenus.

« Ce que nous demandons, c'est que le prix d'achat pour les pays soit fixé au prix coûtant. Nous plaidons aussi pour un partage de la propriété intellectuelle sur le vaccin Covid, qui n'est pas un produit comme un autre, mais un bien commun. Les laboratoires doivent accepter de diffuser les données qui permettent de produire le vaccin. Cela permettrait d'atteindre l'objectif de l'OMS de vacciner 20 % de la population mondiale. Pour l'instant cela n'en prend pas le chemin », ajoute Julia Heres-Garcia. Actuellement, il n'y a pas d'accord sur un prix unique.

Le Parisien