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Covid-19: Les scientifiques américains planchent sur un traitement... à base d’anticorps de requins

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Mercredi, 5 janvier 2022

Covid-19: Les scientifiques américains planchent sur un traitement... à base d’anticorps de requins

Des chercheurs de l’Université du Wisconsin-Madison (Etats-Unis) ont mis en évidence l'efficacité d’anticorps de requins face à plusieurs souches de coronavirus  - y compris le Sars-Cov-2  - qui pourraient être à l’origine de futures pandémies. Les chercheurs américains espèrent ainsi pouvoir créer  un traitement qui viendrait s‘ajouter à la vaccination. 

Bientôt des anticorps de requins pour lutter contre les futures pandémies de coronavirus ? C’est ce que propose une équipe de chercheurs de l’Université du Wisconsin-Madison dirigée par Aaron Lebeau en association avec des scientifiques de l’Université du Minnesota et Elasmogen, une entreprise spécialisée dans le domaine biomédical. Via une étude publiée le 16 décembre dans le magazine Nature, les chercheurs américains ont montré qu’un certain type de protéines VNARs, des récepteurs antigéniques jouant un rôle essentiel dans l’immunité adaptative des squales et produites par des requins nourrices (Ginglymostomatidés), permet d’arrêter l’infection par le Sars-Cov-2 dans des cellules humaines. 

Ces protéines, formées par des cellules immunitaires de type lymphocytes B, ne sont composées que de deux chaînes protéiques lourdes contrairement aux anticorps humains qui ont deux chaînes légères en plus. Grâce à cette forme plus simple, elles sont 10 fois plus petites mais aussi plus précises que nos anticorps. Elles ont aussi une géométrie particulière qui leur permet de reconnaître les antigènes (élément généralement étranger à l'organisme et qui peut déclencher une réaction immunitaire) des coronavirus, de se lier aux protéines infectieuses et donc d’empêcher leur action sur l'organisme. 

Parmi plus d’un milliard de versions d’anticorps différents, la protéine 3B4 est la plus prometteuse

Les chercheurs du Wisconsin ont dû passer au crible près d’un milliard de versions d’anticorps de requins pour trouver les protéines efficaces face aux coronavirus. Ils ont identifié trois versions de VNARs capables d'agir contre le virus Sars-Cov-1, qui est à l'origine de l'épidémie de SRAS au début des années 2000. L’une d’elles, nommée 3B4, s’est avérée efficace contre le SARS-CoV-2 et plus particulièrement contre son variant Delta. Concernant le variant Omicron, l’étude a été réalisée avant son apparition mais d’après les premiers modèles, la protéine 3B4 devrait aussi pouvoir lutter contre lui.  

En plus d’être efficace face au virus à l’origine de la pandémie qui parasite l’humanité depuis maintenant deux ans, ces anticorps de squales sont aussi performants contre d'autres souches de coronavirus qui pourraient être à l’origine de nouvelles pandémies. Par exemple, le WIV1-CoV, qui circule actuellement chez les chauves-souris mais qui "a la capacité d’être directement transmis à l’humain", selon une étude publiée en 2016 dans le journal PNAS.

Un futur traitement qui pourrait permettre de protéger les personnes immunodéprimées 

A la suite de ces résultats prometteurs, les scientifiques américains souhaitent créer des traitements à base de VNARs pour lutter contre les potentielles prochaines pandémies de coronavirus. Comme l’explique Aaron Lebeau au journal de l’Université Winconsin-Madison, "le plus gros problème c’est le nombre de coronavirus qui risquent d’infecter les humains. Nous préparons donc un arsenal de médicaments basés sur les VNARs de requins que nous pourrons utiliser pour lutter contre les futures pandémies de SARS. C’est une sorte d’assurance pour la suite.

Cependant, ce potentiel traitement n’a pas pour but de remplacer la vaccination, qui est la pierre angulaire de la lutte contre le coronavirus responsable du Covid-19, mais plutôt de compenser certaines de ses lacunes. Ainsi, pour les personnes immunodéprimées, qui répondent mal à la vaccination, ce traitement pourrait être un moyen de les protéger efficacement contre les prochaines pandémies.

Aprnews