APRNEWS - Le microcosme politique ivoirien est en pleine ébullition à la veille des prochaines élections locales. Les rapprochements entre les partis ou groupements politiques se dessinent. 

Le Front populaire ivoirien (Fpi) d'Affi N'Guessan, a pris les devants en rendant une visite «politique» au président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda) après la rencontre entre les jeunesses de ces deux formations politiques. Comme si ce parti avait sonné le top départ, son initiative fut suivie par celle du Rassemblement des républicains (Rdr), qui par la voix de Cissé Bacongo, a ouvert les bras au Fpi version Sangaré Aboudramane. 

L’Assemblée nationale ivoirienne semble avoir été «contaminée» par ces différentes tentatives de recomposition ou de renforcement des alliances. En effet selon des sources bien introduites, les groupes parlementaires Pdci-Rda et Rdr seraient en passe de fusionner pour enfanter un nouveau groupe parlementaire Rhdp. Une réunion serait prévue pour annoncer l’évènement.

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L’alliance convulse

La fusion des groupes parlementaires du Pdci et du Rdr intervient dans un contexte de désamour entre les deux partis alliés. L’entente au sein de l’alliance qui était la règle avant l’accession au pouvoir en 2011,  s’est érodée  au fil des années.

Au sortir des élections législatives de décembre 2016, ces partis membres du Rhdp ont séparément créés des groupes parlementaires. Pouvait-il en être autrement quand on sait les passes d’armes et les défections constatées lors du choix des candidats à ces élections. Plusieurs cadres ont marqué leur vive opposition à l’idée de compétir sous la bannière Rhdp. 

Le comité de haut niveau mis en place fin octobre pour travailler à l’avènement du parti unifié des houphouëtistes n’a pas encore réussi à agréger tous les militants autour de ce rêve commun amorcé depuis 2005. 

A preuve, le jeudi 11 janvier 2018, alors que le haut comité devait se réunir au siège du Pdci-Rda, des jeunes de ce parti ont bruyamment manifesté leur opposition. 

Le fait est que le parti unifié n’est pas une priorité pour de nombreux cadres du Pdci-Rda. Pour ces derniers, la fusion ne devrait pas être un axe prioritaire de l’alliance.

Mais en fait, l’alternance entre les membres de Rhdp demeure le nœud gordien de ces bisbilles entre les «amis». L’opposition du camp Ouattara à l'alternance en 2020 au profit d'un cadre du Pdci-Rdr est désormais portée sur la place publique.

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Gage politique…Oppositions en perspective

Dans ce contexte de rejet du parti unifié par de hauts responsables du parti vert blanc, la formation d’un groupe parlementaire Rhdp est perçue comme une "opération cosmétique".

Pour beaucoup, le président Bédié espère donner par  ce projet, un gage politique à son cadet Alassane Ouattara qui douterait de sa bonne volonté à aller au parti unifié.

Vrai ou faux ? En tout état de cause, il faut noter que le président du Pdci-Rda a publiquement désavoué les cadres du Rdr réfractaires à l’idée de passer la main au Pdci-Rda lors des présidentielles de 2020. 

«Oui. Le Pdci aura un candidat en 2020. Ce sera le candidat unique du Rhdp. Il faut qu’Alassane Ouattara et moi nous entendions sur ce point pour que cette alternance ait lieu.  Mais il est trop tôt pour en parler», avait-il martelé dans les colonnes de l’hebdomadaire Jeune Afrique en juin 2017.

Mais l’actuelle stratégie du président Bédié est-elle en accord avec les aspirations profondes des militants de son parti ? Porter sur les fonts baptismaux un groupe parlementaire Rhdp présente-t-il plus d’avantages que d’inconvénients? 

Selon des indiscrétions, plusieurs Députés du Pdci afficheraient leur opposition à la création de ce groupe. Ces derniers seraient prêts à se retrouver dans un groupe autre que celui qui devrait voir le jour sous peu. 

Au lieu de rassembler, le nouveau groupe parlementaire devrait, selon toute vraisemblance, fortement contribuer à approfondir le schisme au sein de l’alliance au pouvoir.

Les prochaines élections locales offriront l’occasion de tester le nouveau ‘’disque’’ du Rhdp.

Pour autant, en divisant l’alliance, elle aide à rendre plus dynamique le débat politique au sein de l’hémicycle. En effet, les Députés «récalcitrants» s’affranchiront des consignes du Rhdp lors de l’examen des projets ou propositions de loi. 

Sauf s’il meure dans l’œuf, le nouveau groupe parlementaire en gestation, ouvrira un autre front qui pourra réserver de grandes surprises à l’alliance.

Serges Kamagaté