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Côte d’Ivoire : Soro peut-il vraiment être derrière l’attaque de Kafolo ?

APRnews - Guillaume Soro - Actualité - Fait divers - Kafolo - Côte d'Ivoire
Lundi, 15 juin 2020

Côte d’Ivoire : Soro peut-il vraiment être derrière l’attaque de Kafolo ?

Dans la nuit du mercredi 10 au jeudi 11 juin 2020, 12 soldats ivoiriens ont été tués dans une attaque armée dans la localité de Kafolo, située au Nord-est du pays, précisément dans le département de Ferkessédougou. Le ministre ivoirien de la défense, Hamed Bakayoko a dénoncé « une attaque terroriste ». Mais, à ce jour, aucun mouvement terroriste n’a encore revendiqué l’opération.

Dès lors, des langues ont commencé à se délier pour mettre en doute la thèse de l’acte terroriste, et pointer un doigt accusateur sur l’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Kigbafori Soro, ancien patron de la rébellion qui a occupé le Nord du pays de 2002 à 2011. « Je pense qu’il ne faut écarter aucune piste. Cette attaque pourrait bien être l’effet de la télécommande », lançait le dimanche 14 juin 2020, le journaliste ivoirien et patron de presse Alafé Wakili, sur le plateau d’une chaîne de télévision privée du pays.
Il faisait ainsi référence aux propos contenus dans un fichier audio rapporté par le procureur de la République Adou Richard, le 26 décembre 2019, et où l’on entendait une voix semblable à celle de Guillaume Soro dire qu’il avait des éléments pré-positionnés et prêts à frapper à tout moment. « Nous, on est là. On est dans la garde du Président (Ouattara. Ndlr). On est dans la garde au Palais (Présidentielle. Ndlr), à la maison (Chez Ouattara. Ndlr). On est positionnés un peu partout. C’est des gens sûrs. On a les 8400 (Les soldats à l’origine des mutineries de 2016 et de 2017, pour cause de primes impayées. Ndlr). On a l’armée, en tout cas. (…) Il y en a quelques-uns qui ne seront pas avec nous. Notamment, les pro-IB (l’ex-sergent-chef Ibrahima Coulibaly, tué en 2011. Ndlr). Mais, dans ce genre de choses, c’est la puissance de feu qui rallie tout le monde. On ne commencera pas par Bouaké. Les gens sont très sereins. C’est nous qui les calmons. Parce que nous voudrions que ça tombe dans une période assez intéressante. On ne veut pas que ce soit n’importe quoi. On a la télécommande », faisait-il savoir, avant d’ajouter que : « C’est pourquoi nous lançons en ce moment ces communications qui vont bien discréditer le régime. Je retiens que j’ai un délai qui ne doit pas dépasser un an. (…) Il faut minimiser le coût humain. Le sang, tout ça. Parce que, si après, on doit s’entretuer, ça va s’enliser et ce n’est pas bon (…) », confiait-il un interlocuteur dans ce qui ressemblait à une causerie d’amis. La ministre Affoussata Bamba-Lamine, conseillère de Guillaume Soro, reconnaîtra l’authenticité de l’audio, dans la soirée du 26 décembre 2019.

De connivence avec Moustapha Chafi, connu et respecté des djihadistes ?

Aussi, Ferkessédougou est la région d’où est originaire Guillaume Soro. C’est à Ferkessédougou qu’il a effectué sa tournée entre janvier et février 2019. C’est à cette occasion qu’il s’en est ouvertement pris, pour la première fois, au pouvoir d’Alassane Ouattara. C’est depuis à Ferkessédougou, lors d’un meeting le 2 janvier 2019, qu’il avait accusé le RHDP de vouloir brûler le pays. « Quelqu’un m’a dit : “il faut qu’on fasse tout pour garder le pouvoir au Nord“. Et je lui ai demandé, “garder le pouvoir au Nord là, ça veut dire quoi ? Donc, vous voulez brûler la Côte d'Ivoire ?“ », avait-il lancé.
Depuis lors, plusieurs sources le disent très proche du très controversé négociateur mauritanien, Moustapha Ould Limam Chafi, connu pour ses affinités avec les groupes terroristes combattant au Mali, au Burkina Faso et dans le désert du Sahara. Dans sa parution du vendredi 28 juin 2019, le quotidien ivoirien Le Patriote (proche du pouvoir), barrait à sa grande "Une" : « En connexion avec Moustapha Chafi et des groupes djihadistes, Soro prépare un mauvais coup contre la Côte d'Ivoire ». Selon le média, l’objectif visé par Guillaume Soro serait de « semer le chaos pour empêcher la tenue de la présidentielle de 2020 ». Le quotidien rapporte que Guillaume Soro « aurait demandé à son ami Moustapha Chafi, d’établir des connexions avec ces mouvements djihadistes pour planifier des attaques au Nord du pays ».
Vrai ou faux, difficile pour l’heure de répondre par l’affirmatif. Tout compte fait, les autorités ivoiriennes ont ouvert une enquête, juste après l’attaque. Elle permettra, certainement, de faire la lumière sur cet attentat pas encore revendiqué .

La rédaction APRnews
Anne-Marie Kacou