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Côte d'Ivoire-ShieldAfrica: Biélorusses et Chinois ont été les têtes d'affiche du salon de la sécurité 

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Mercredi, 30 janvier 2019

Côte d'Ivoire-ShieldAfrica: Biélorusses et Chinois ont été les têtes d'affiche du salon de la sécurité 

APRNEWS-REPORTAGE - Biélorusses et Chinois ont été les têtes d'affiche du salon de la sécurité et de la défense qui s'est tenu en Côte d'Ivoire.

En arrivant sur le site du salon ShieldAfrica, dont la cinquième édition s'est tenue du 20 au 24 janvier, à Abidjan, on ne voyait que lui: le pavillon de la Biélorussie, vaste cube recouvert de photos grandeur nature de toute la gamme des armements au catalogue, du drone aux hélicoptères de combat, en passant par les radars et les véhicules de transport blindés. Bataillons d'hôtesses, champagne, musiciens d'orchestre, salon VIP pour accueillir et photographier les officiels: l'entreprise d'État BSVT, basée à Minsk, n'a pas lésiné sur les gros moyens pour séduire les armées africaines en forte demande.

La Biélorussie mais aussi la Chine ont joué les vedettes lors de ce salon international de la sécurité et de la défense, l'un des seuls à avoir lieu sur le continent africain (hormis l'Afrique du Sud). Tous les exposants (200 au total), parmi lesquels des «poids lourds» (Airbus, Thalès, Nexter…) mais aussi des PME, et soixante délégations officielles ont pu sentir la pression exercée par les nouveaux entrants. Des «outsiders» qui contestent désormais aux Occidentaux leur domination du marché très convoité de l'armement et des équipements de défense en Afrique.

Dans les allées du pavillon principal, le chinois Huawei propose des produits conformes au thème du salon cette année: la sécurité des frontières - système de communications vidéo sécurisés, moyens de détection, de surveillance et d'alerte pour les routes, les ports et les aéroports… Le géant chinois est loin d'être le seul à proposer des outils répondant aux problématiques frontalières des pays africains. Mais le groupe chinois développe une stratégie commerciale particulièrement offensive, fondée sur des coûts avantageux, des délais rapides et une facilité d'utilisation. «À Abidjan, les Chinois ont siphonné le salon», témoigne ainsi un exposant. Il raconte comment, en marge, Huawei a convié à grands frais les participants de ShieldAfrica au luxueux hôtel Ivoire pour vanter ses produits.

Le coup de semonce le plus sonore a été tiré par le ministre de la Défense ivoirien, Hamed Bakayoko, la veille de l'ouverture du salon. «Il faut nous proposer des produits qui correspondent à nos besoins et à nos budgets», a dit le poids lourd du gouvernement, faisant siffler les oreilles des interlocuteurs de longue date des gouvernements africains.

«On a trop vendu aux Africains des produits sans lien avec l'efficacité et leurs besoins réels», explique au Figaro Hamed Bakayoko. «Il faut sortir de cette image de l'Afrique à qui l'on vendait des rampes de lancement de fusées, alors qu'elle n'avait pas l'expertise en la matière, ou des avions, alors qu'elle n'avait ni pilote ni mécanicien», ajoute le ministre ivoirien. Un exposant français dit ainsi avoir été frappé par le souci des visiteurs africains, militaires et politiques, de mieux évaluer leurs véritables besoins et de davantage se concerter entre eux.

Sur le stand biélorusse, on se félicite du coup de semonce du ministre ivoirien de la Défense. Et on décline avec assurance les atouts du «low-cost, low-tech» (bas coût, bas niveau de technologie). «Nous sommes trois fois moins chers que les Occidentaux. Nos matériels sont utilisables en trois ou six mois. Ils sont rustiques, incorporent une faible technologie et sont adaptés à ce que réclament les armées africaines. C'est ce que beaucoup n'ont pas compris», affirme un représentant français de BSVT. La firme biélorusse est un «faux nez» de la Russie explique un expert, rappelant que Moscou, sous sanctions internationales, demeure persona non grata dans les salons internationaux d'armement.

Du côté des entreprises françaises, on souligne que les «avantages» mis en avant par les «nouveaux entrants» sont souvent en trompe-l'œil. «Combien de camions chinois rouillent au bord des routes faute de maintenance?», invoque un spécialiste. Le signal d'alarme que représentent les «outsiders» n'en préoccupe pas moins. Il dope en tout cas l'énergie des PME, notamment françaises, qui y voient des opportunités liées à leurs atouts spécifiques: agilité, réactivité, capacités d'adaptation et d'accompagnement sur le terrain.

Avec Le Figaro