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Côte d’Ivoire-Sénatoriales: Divorce entre Yamoussoukro et le RHDP ?

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Dimanche, 25 mars 2018

Côte d’Ivoire-Sénatoriales: Divorce entre Yamoussoukro et le RHDP ?

APRNEWS - La Commission électorale indépendante (Cei), à communiqué dans la soirée du samedi 24 mars, les résultats provisoires des élections sénatoriales qui se sont déroulées un peu plus tôt dans la journée au plan national. 

Au décompte final, le rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), sort grand gagnant de ces échéances. L’alliance au pouvoir a raflé 50 sièges sur un total de 66. Si cette victoire était plus que prévisible, les résultats du district autonome de Yamoussoukro suscitent la curiosité.

Double échec du Rhdp

A la surprise générale, la ville natale du président Félix Houphouët-Boigny, a tourné le dos au rassemblement des houphouëtistes. 

Les candidats indépendants Kouamé Loukou Léon et Konan Yao Gbeugre, ont largement battu ceux de l’alliance au pouvoir avec un score de 60,42% contre 39, 58%. Une vraie raclée aux tenants de la thèse du parti unifié. Mais Yamoussoukro n’est pas à son premier rejet de l’alliance Rhdp. 

La ville qui semble désormais être allergique à l’alliance, avait lors des législatives du 18 décembre 2016, dressé le tapis rouge à des candidats indépendants face au ‘’mastodonte’’ Rhdp. 

Les candidats indépendants Kouassi Kouamé Patrice/Baba Sylla (Yamoussoukro commune, 62,81% de voix) et Kouadio Philippe (Yamoussoukro sous-préfecture, 40,45% de voix), avaient fait mordre la poussière aux candidats du Rassemblement des houphouëtistes. 

A l’analyse, on est tenté de dire que Yamoussoukro a développé une hostilité à l’égard du Rhdp. Pourtant, lors des élections présidentielles de 2010 la capitale ivoirienne a accordé des scores honorables au candidat de l’alliance, M. Alassane Ouattara. 78,28% au second tour des élections de 2010 et 82,97 au premier tour des présidentielles de 2015Ce temps serait-il désormais révolu ?

Un parfum de trahison !

Les sénatoriales laissent derrière elles, un parfum de trahison au sein de la maison Rhdp. Le collège électoral (49 grands électeurs), notamment le conseil municipal, est en majorité composé de membres du parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda). Sur les 45 membres que compte ce conseil, 35 sont du Pdci. 

Selon une simple logique arithmétique, la liste Rhdp devait recueillir la majorité des suffrages étant entendus que les conseillers issus du Rassemblement des républicains (Rdr), par ailleurs membres de l’alliance, opteraient systématiquement pour le candidat Rhdp. Mais au dépouillement, le caractère secret du vote a levé le voile sur une grosse opération de trahison.

La liste Rhdp n’a recueilli que 19 voix. Cela revient à tirer la conclusion qu’une vingtaine de conseillers Pdci-Rda n’ont pas suivi les consignes du parti. Est-ce de l’indiscipline ou une rupture avec tout ce qui sonne Rhdp ? Il est évident que le Rhdp n’a désormais plus de crédibilité dans la cité des lacs. Toute l’architecture construite dans les esprits par les leaders de l’alliance, tombent en ruines au fil des élections. Le fait étonnant est que la déconstruction du Rhdp se déroule dans un bastion du Pdci-Rda. 

Les municipales prochaines feront-elles l’exception ? Pas si sûr car comme on le dit couramment, il n’y a jamais deux sans trois. Les deux échecs éclatants du Rhdp à Yamoussoukro, préfigurent un troisième pour rendre ces fiascos parfaits. 

Bouaké (région du Gbêkê, centre du pays), un autre fief du Pdci-Rda, qui vient de faire un pas de géant dans la levée de boucliers contre le Rhdp avec le passage en force de la liste des indépendants, invite également le think tank de ce groupement politique à questionner la sincérité des partis membres de l’alliance ou à réviser les clauses de leurs accords qui ont donné naissance au Rhdp sur les bords de la Seine en 2005.

Serges Kamagaté