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Côte d’Ivoire-Rhdp : Ambiguïtés et incertitudes d’une rencontre

apr-news- Le président ivoirien Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda)
Mercredi, 11 avril 2018

Côte d’Ivoire-Rhdp : Ambiguïtés et incertitudes d’une rencontre

APRNEWS- Le président ivoirien Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda), ont échangé le mardi soir au palais présidentiel, à Abidjan.

Au menu de la rencontre, les discussions pour la formation du parti unifié comme l’atteste le communiqué conjoint produit à l’issue de la rencontre.  De ce tête-à-tête, l’on attendait beaucoup. Mais au final, la fumée blanche resta enfermée dans les murailles de la présidence.

Une réunion à la présidence

La présidence est-elle le cadre idéal pour tenir des réunions officielles du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) avec micros et caméras? Assurément non! D’autant qu’il est question d’une rencontre politique entre des privés qui n’engage en rien l’Etat de Côte d’Ivoire. Autrement dit, les sièges du Rassemblement des républicains (Rdr) ou du Pdci-Rda, auraient pu valablement accueillir cette importante rencontre.

Le rassemblement des houphouëtistes est sur un pied d’égalité avec les autres partis et groupements politiques de Côte d’Ivoire. Quoique bénéficiant, pour certains, de financements publics, ils ne sont pour autant pas des démembrements de l’Etat. 

En offrant généreusement la présidence comme lieu d’accueil d’une réunion du Rhdp, l’on offre à l’opinion l’occasion de soutenir que le groupement politique au pouvoir à Abidjan se nourrit gracieusement de l’Etat.

Que dire des signatures ?

L’une des ambigüités de la rencontre du 10 avril réside dans les titres apposés au bas du communiqué. Alors que les différents paragraphes du document citent le président Ouattara avant Bédié, on se surprend qu’au bas de la page, la signature du président du Pdci-Rda apparaisse en premier, suivie de celle du président Alassane Ouattara.

Cependant, les différents titres des personnalités trahissent le message voilé de cette disposition. SEM Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda, Président de la conférence des présidents du Rhdp. SEM Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire.

La présidence du Rhdp est-elle protocolairement au-dessus de la présidence de la République?

Pourquoi le président Alassane n’a-t-il pas marqué son titre de président d’honneur du Rdr ? Cela aurait été acceptable puisqu’il intervient non en sa qualité de président de la république, mais plutôt dans les habits du garant moral de la signature du Rdr.  Etait-ce une bonne passe de civilités faites à l’aîné Bédié ?

Un pas sans avancer

Le communiqué ne s’embarrasse pas de fioritures pour annoncer que « Le président de la République et le président du Pdci-Rda ont adopté le principe de l’accord politique pour la création d’un parti unifié dénommé « Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix – RHDP ». Une déclaration de principe qui donne le sentiment d’avoir fait de grands pas.

Au fond, l’engagement à créer le parti unifié a été pris depuis août 2015. Un comité de haut niveau a été créé en 2017. Il ne reste plus qu’à donner corps au projet. Or, les choses coincent à ce niveau même si certains partis de l’alliance prévoient, dans les prochaines semaines, l’adoption des textes de l’alliance.

Quid des questions qui divisent le Rdr et le Pdci-Rda ? Le silence du communiqué est moins une stratégie diplomatique qu’un manque de consensus sur la revendication majeure du Pdci-Rda, à savoir l’alternance 2020.

En noyant l’essentiel dans la réaffirmation d’un principe vieux de 3 ans, les signataires du communiqué n’ont fait que consacrer un surplace politique. Toujours un pas sans toutefois avancer.

A quand donc la formation du parti unifié ? L’opposition ne gagnerait-elle pas à s’unir pour participer activement à la vie politique de la nation ? Car comme le dit Montesquieu, « c'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser », il faut donc une opposition forte qui prendra toute sa place dans le jeu politique.

Serges Kamagaté