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Côte d’Ivoire : Retour de Gbagbo, voici les conditions que Ouattara pourrait poser

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Vendredi, 29 mai 2020

Côte d’Ivoire : Retour de Gbagbo, voici les conditions que Ouattara pourrait poser

Avec sa décision rendue ce jeudi 28 mai 2020 et qui allège les restrictions à la liberté de circulation de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) ouvre ainsi la voie à un retour des deux personnalités dans leur pays la Côte d’Ivoire.

Mais comme le stipule la décision, les déplacements des deux hommes vers un autre pays (qui doit être membre de la CPI), sont soumis à une acceptation des autorités locales. La même condition s’applique à eux s’ils veulent se rendre en Côte d’Ivoire. Ils devront préalablement avoir le quitus du Président Alassane Ouattara. Le ministre Touré Mamadou, porte-parole adjoint du gouvernement et du RHDP (parti au pouvoir), l’avait indiqué dans un entretien accordé à RFI, le 17 mai 2019, soit deux jours après la décision d’acquittement prononcée par la Chambre de première instance.
« Ce que nous disons, c’est que la discussion autour du retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire se fera avec le président de la République de Côte d’Ivoire. (…) Cela se fera avec des discussions avec le chef de l’Etat, qui est aujourd’hui le premier responsable de ce pays. Donc toutes les questions relatives à son retour en Côte d’Ivoire feront l’objet d’échanges, de discussions, avec le président Alassane Ouattara », avait-il confié en substance.

Les conditions qui pourraient être imposées à Gbagbo …

Le dernier mot du retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire revient donc à Alassane Ouattara. C’est justement pourquoi, dans sa déclaration de ce vendredi 29 mai 2020, après avoir salué la décision de la CPI, le Dr Assoa Adou, Secrétaire général de la branche du FPI restée fidèle à Laurent Gbagbo a lancé un appel au Chef de l’Etat ivoirien. « (…) Le FPI lance un appel solennel au Président Alassane Ouattara, au gouvernement et au RHDP afin qu’ils saisissent cette opportunité historique en vue de la paix et de la cohésion nationale. Pour le FPI, l’heure de la réconciliation a sonné. La Côte d‘Ivoire a besoin de paix pour son développement. Le signal que vient de donner la CPI est sans conteste une opportunité que le pouvoir devrait saisir pour rassembler effectivement, toutes les filles et les fils du pays autour de la mère patrie », a-t-il lancé.
Il est donc clair que des discussions s’ouvriront dans les prochains jours entre les responsables du FPI et les autorités ivoiriennes pour trouver la meilleure solution en vue d’un retour de l’ex-Président ivoirien, dans le calme et la sécurité. Condamné à 20 ans de prison fermes en 2018 à Abidjan, pour le casse de la BCEAO, Laurent Gbagbo fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités ivoiriennes. Son fidèle poulain Charles Blé Goudé, condamné à la même peine d’emprisonnement le mardi 31 décembre 2019, pour des faits présumés d’« actes de tortures, homicides volontaires et viols » pendant la crise post-électorale, fait également l’objet d’un mandat d’arrêt international. Le gouvernement ivoirien pourrait donc les laisser entrer dans le pays, et les mettre aux arrêts à leur arrivée à Abidjan. Un scénario risqué, puis que, pouvant entraîner des remous sociaux.

Gbagbo interdit de meetings, de déclarations publiques ,… ?

Tout compte fait, Alassane Ouattara possède toutes les clefs pour empêcher Laurent Gbagbo de rentrer en Côte d’Ivoire. Mais, pour la paix, des négociations s'imposent. Elles n'ont pas encore débuté. Mais, si elles devaient se tenir, le pouvoir pourrait exiger quelques conditions dans le souci de garantir la paix sociale, surtout en cette période pré-électorale. S'ils devaient rentrer avant la Présidentielle prévue le 31 octobre 2020, Abidjan pourrait ainsi exiger que ces retours se fassent dans la discrétion la plus totale, de sorte à éviter des émeutes. Le pouvoir pourrait aussi demander à Laurent Gbagbo et à Charles Blé Goudé de se garder de toutes déclarations politiques, jusqu’à ce que les juges de la CPI statuent sur l’appel interjeté par le Procureur. Laurent Gbagbo a réussi à le faire durant son séjour à Bruxelles. Ce sera par contre plus difficile pour Charles Blé Goudé dont les déclarations depuis la Haye, ne se comptent plus.

En outre, l'option la plus simple pour le pouvoir, serait de les garder hors du pays, le temps d'en finir avec la présidentielle 2020, pour les laisser rentrer en 2021.

La rédaction APRnews
Anne-Marie Kacou