La Côte d’Ivoire fait désormais partie des pays de la région ouest-africaine qui se sont mis d’accord pour l’application de la monnaie unique (l’ECO). L’annonce a été faite par le ministre Sidi Tiémoko Touré, porte-parole du gouvernement à l’issue d’un Conseil des ministres tenu mercredi 6 janvier 2020, au palais présidentiel, à Abidjan.

Cela s’est concrétisé suite à l’adoption d'un projet de loi autorisant le président de la République, SEM. Alassane Ouattara, à ratifier l’accord de Coopération entre les Gouvernements des Etats membres de l’Union Monétaire Ouest-Africaine et le Gouvernement de la République française. Dans le cadre de la mise en œuvre de la monnaie unique (ECO) dans la région ouest-Africaine, signée le 21 décembre 2019 à Abidjan, les pays de l’Afrique de l’ouest auront désormais une monnaie unique. 

Cette nouvelle tendance monétaire va favoriser l'intégration économique et sociale dans cette région. Autrement dit, il s'agit « d'accélérer la construction d'un espace de prospérité et de solidarité dans l’espace Cedeao. »

Selon le porte-parole du gouvernement « Cet accord de coopération monétaire vise à préserver les paramètres économiques clefs de stabilité monétaire et de résilience de la monnaie de l’UMOA, à savoir la parité fixe de la monnaie commune avec l’Euro et le soutien apporté par la garantie de la France ».

‘‘ l’ECO en Afrique, qu’en pensent les Africains ? ’’

« La ratification de cet accord permettra d’améliorer les échanges entre les pays membres de l’UMOA, de renforcer la stabilité et la résilience des économies et d’impulser une croissance forte durable et inclusive au niveau de la sous-région ».

Mais au regard de tous les avantages liés à cette nouvelle monnaie, certains analystes africains sont un peu pessimiste. Ils se demandent même si cette stratégie marchera dans une région où les pays n’ont pas les mêmes potentialités avec des PIB totalement différents de part et d'autre.

« Nous ne luttons rien qu'au Nigeria pour acheminer les produits du nord à Lagos et dans d'autres régions du sud où ils peuvent être consommés », a déclaré Sanyade Okoli, responsable d'Alpha African Advisory. (propos recueillis par BBC en juillet 2019)
« Si les marchandises ne peuvent pas circuler librement, comment pouvons-nous parler d'une monnaie unique ? » , s'interroge-t-elle. « Nous devons d'abord nous attaquer à la faiblesse de l'infrastructure et à la bureaucratie, les points les plus faciles à réformer », estime l'analyste.

‘‘ Quel avenir pour le Fcfa ? ’’

Le Fcfa est la monnaie de deux zones du continent : une partie d’Afrique de l’Ouest représentée par l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et une autre d’Afrique Centrale incarnée par la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC).

Aux lendemains des indépendances, la zone franc est sujette à une première critique. En effet, le Fcfa pérenniserait des relations jugées dépassées entre les territoires devenues dorénavant autonomes et l’ancienne métropole coloniale. Certains pays africains avainent quitté le Fcfa. Des difficultés économiques s’en suivront dans plusieurs pays notamment, au Mali et en Madagascar. Ne pouvant pas assurer sa relance économique, le Mali décide de réintégrer le système en 1984 avant que d’autres pays membres ne s’inspirent de cette expérience pour consolider leur cohésion, rapporte Africa24.

Après une dévaluation en 1994, l’économie locale prend un « coup ». Plusieurs pays décident de quitter la zone Fcfa. C’est en ce sens qu’en 2015, le Président tchadien Idriss Deby Itno, appelle les pays membres à sortir de la zone Fcfa.

Au total, 6 pays ont critiqué le changement de nom de la monnaie régionale, qui passe du franc CFA à l'ECO. Il s’agit du Nigeria, la Guinée, la Sierra Leone, le Ghana, le Liberia et la Gambie.

Ils ont déclaré avoir "pris note avec inquiétude" de l'annonce faite le 21 décembre "de renommer unilatéralement" le franc CFA en ECO d'ici 2020, rapporte l'agence de presse AFP. (Janvier 2020).

Mais pourquoi le Nigeria ? L'année dernière, la Cedeao, qui comprend l'énorme économie du Nigeria, s'est également fixé pour objectif de créer une monnaie unique, et a également voulu l'appeler l'éco, rapporte BBC. C’est ce qui justifie son désaccord vis-à-vis de ce changement.

Les pays africains se (re) trouvent dans une équation assez difficile à résoudre. Après plusieurs années de « concubinage » avec le Fcfa, certains décident aujourd’hui de quitter leur ‘‘zone de confort’’, encore sur l’emprise coloniale, pour essayer de voler de leurs propres ailes. Cependant, à quoi ressemblera l’économie africaine dans les dix prochaines années ?

La rédaction Aprnews
Elysée Tapé