Vous êtes ici

Back to top

Côte d’Ivoire : Qui bloque les travaux de l’embouchure de Bassam ?

Aprnews - Daniel Kablan Duncan - Embouchure Fleuve - Actualité - Bassam - Côte d'Ivoire
Lundi, 9 mars 2020

Côte d’Ivoire : Qui bloque les travaux de l’embouchure de Bassam ?

Lancés à coups de projecteurs, le lundi 11 novembre 2019, par le vice-président de la République Daniel Kablan Duncan, les travaux de réouverture de l’embouchure du fleuve Comoé à Grand-Bassam, banlieue du sud-est d’Abidjan (capitale économique de la Côte d’Ivoire) n’ont jamais démarré, comme constaté sur place par Aprnews.

Ce chantier herculéen est prévu s’achever en septembre 2021 (dois durer 22 mois, à partir de la date de lancement), pour un coût global d’environ 22 milliards F CFA.

Au lancement officiel des travaux, des machines de l’opérateur marocain en charge de les réaliser étaient prépositionnées sur le site.

Quelques jours après, elles ont été retirées et plus aucun habitant du quartier France (Quartier de Grand-Bassam où se trouve l’embouchure. (Ndlr) ne les a revu. « Après la cérémonie de lancement, on a vu un camion-benne envoyer quelques roches. Après cela, plus rien. Quelques jours plus tard, les machines qui avaient été positionnées, ont été retirées. Aujourd’hui, toute la population s’interroge », a confié à Aprnews, Aka Emmanuel, un résident du quartier, capitale du royaume N’Zima Kotoko de Côte d’Ivoire.

“Le vice-président de la République se veut rassurant.“

Interrogé le samedi 29 Février 2020 par l’Intelligent d’Abidjan, en marge d’une cérémonie traditionnelle au Quartier France, le vice-président ivoirien Daniel Kablan Duncan a appelé à la patience : « Rien ni personne ne bloque les travaux. Je vous assure qu’ils seront réalisés. Souvent, les gens sont pressés au point où ils voudraient que, lorsqu’on lance les travaux d’une route, qu’ils soient achevés dès le lendemain.  Les travaux de cet embouchure sont prévus pour durer 22 mois pour un montant autour de 22 milliards F CFA. Vous allez voir qu’ils seront achevés dans le temps », a-t-il assuré.

“Les inondations déjà oubliées ! “

Pourtant, ces travaux avaient été lancés pour sauver une situation difficile que vivaient les populations de Grand-Bassam. Les pluies diluviennes de septembre et octobre 2019 avaient fait monter le niveau des eaux du fleuve Comoé qui a inondé une grande partie de la ville. Ce fleuve a vu son embouchure avec la mer s'ensabler au fil des temps, depuis l'ouverture du canal de Vridi (au Port d'Abidjan), le 23 juillet 1950. Le fleuve, ne pouvant plus se jeter dans la mer, était donc sorti de son lit et inonder plusieurs parties de la ville.

Des centaines de familles avaient fui leurs domiciles inondés, pour se réfugier dans les lieux de cultes et écoles. Le vice-président, lui-même, avait fait à ces familles sinistrées, un don en nature (vivres et non vivres) et en espèce d’un montant de 38 millions de Fcfa, le 19 octobre 2019.

Plusieurs édifices de la ville, dont le Palais royal de Moossou (royaume du peuple Abouré Êhê), étaient sous les eaux. Les bâtiments coloniaux du quartier France (patrimoine de l’Unesco), étaient également envahis par les eaux, menaçant de s'écrouler en raison de l’humidité.

Il n’y avait pas eu de pertes en vies humaines, mais deux enfants dudit quartier avaient été mordus par des crocodiles.

“L’Abissa-2019 a failli ne pas se tenir.“

L’édition 2019 de l’Abissa, prestigieuse fête traditionnelle annuelle du peuple N’Zima, qui se déroule généralement dans le courant du mois d’octobre sur la place publique du Quartier France, a failli ne pas se tenir. Sa date de démarrage a été repoussée à trois reprises, à cause de la présence des eaux sur la place du village (la Place Abissa). «Toute cette situation semble avoir été aujourd’hui oubliée par nos autorités. Si l’embouchure n’est pas ouverte avent les prochaines pluies, nous craignons de vivre une situation pire que celle que nous avons connue. Nous nous demandons même si les travaux seront vraiment faits», redoute Amichia Emilie, tenancière de restaurant au quartier France.

C'est depuis 2012 que le gouvernement ivoirien a annoncé la réouverture de cette embouchure. Et chaque fois, les travaux ont été reportés à l'année suivante.

La rédaction APRNEWS
​Anne-Marie Kacou