APRNEWS- Passé le temps de la lune de miel entre le PDCI-RDA et le RDR, les deux gros poids qui ont porté sur les fonds baptismaux le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). 

De la formation de ce groupement politique à Paris en 2005, à la coalition en 2010 contre l’ancien président Laurent Gbagbo, pour aboutir 4 ans plus tard à l’appel de Daoukro, de l’eau a coulé sous les ponts. 

Les alliés d’hier ont déchiré le pacte « artificiel » qui les liait à quelques mois des élections locales. Ils devront s’affronter ouvertement le 13 octobre 2018, un premier test avant le grand duel de la présidentielle de 2020.

Les petits coups fourrés s’invitent dans la stratégie de ceux qui, dans un parfait duo, s’échangeaient quelques années en arrière d’interminables termes élogieux. 

L’épisode des candidats qui se retrouvent à la fois sur la liste du PDCI et sur celle du RHDP en est une petite illustration. Le RHDP taxé d’avoir usé de « manœuvres frauduleuses » a été qualifié de parti de « merde » par le président de la JPDCI urbaine, Valentin Kouassi. 

Le président du PDCI, Henri Konan Bédié, n’a pas versé dans un duel verbal. Il s’est voulu pratique en convoquant 18 candidats membres du PDCI se trouvant dans ce cas. Ces derniers ont été sommés de clarifier leur position vis-à-vis de l’ancêtre des partis politiques ivoiriens. 

Cela ressemble bien à une opération de liquidation de la communauté après la rupture d’un mariage. Le PDCI veut ses militants pour affronter ceux du parti unifié le RHDP. 

Assise sur une sorte de quille, l’alliance annonçait un duel que certains acteurs ont longtemps tenté de masquer. La promesse d’un retour de l’ascenseur est en politique une promesse aussi volatile qu’une feuille sèche livrée aux humeurs du vent. 

C’est ce tour de magie que le RDR a réussi à faire avaler au vieux briscard, le PDCI. Le parti d’Houphouët n’y a vu que du feu tant il croyait à la promesse de son allié. Quant au RDR, il était loin de s’imaginer que le PDCI sortirait de son sommeil pour revendiquer un « droit ». Mais le président Ouattara a formellement signifié à ce parti ne lui avoir rien promis. 

Ainsi donc se transforme le duo en duel. Le duel des déclarations incendiaires fera place dans moins de 2 mois, à celui de la bataille des urnes. 

Le plus fort l’emportera t-il ? En Afrique la « technologie électorale » est une donne qui ne semble pas étrangère au duel entre formations politiques en quête du pouvoir.

Le plus fort en apparence peut devenir le plus faible au sortir des urnes s’il n’a pas une parfaire maitrise du système électoral ou s’il n’est pas aux affaires. C’est aussi cela un pan non négligeable dans tout commerce politique où un duo se corrompt en duel.

Serge Kamagaté