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Côte d’Ivoire : Présidentielle 2020, Ouattara va-t-il lâcher Amadou Gon ?

APRnews - Alassane Ouattara - Amadou Gon Coulibaly - Actualité - Abidjan - Côte d'Ivoire
Samedi, 16 mai 2020

Côte d’Ivoire : Présidentielle 2020, Ouattara va-t-il lâcher Amadou Gon ?

Le vendredi 15 mai 2020, cela faisait deux semaines, jour pour jour, que le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly est à Paris pour des soins médicaux.

Il s’était envolé pour la capitale française dans la nuit du 1er au 2 mai 2020, officiellement, pour « un contrôle médical ». Il va finalement y passer un peu plus de temps, avec une période de convalescence de « quelques semaines », selon le porte-parole du gouvernement ivoirien.

Candidat désigné du RHDP (au pouvoir) pour l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, ses soucis de santé longtemps gardés secret, mais qui éclatent aujourd'hui au grand jour, arrivent comme la goutte d’huile qui vient entacher un dossier de candidature déjà difficilement accepté par plusieurs cadres du parti. À quelque 6 mois du scrutin, cette situation pourrait conduire son principal soutien dans le projet de candidature, le Président Alassane Ouattara, à revoir son choix, si son état de santé reste préoccupant. Ces bruits circulent avec insistance dans les cercles restreints du parti, ces dernières 48 heures. L'idée gagnerait même de plus en plus de soutiens dans les rangs des caciques du parti.

En effet, le RHDP veut se donner toutes les chances de remporter le scrutin du 31 octobre 2020. Il ne souhaite pas voir son candidat souffrir de clichés. Pour ce faire, le parti est conscient qu'il lui faut un cheval bien portant, dont il est sûr de l’endurance (peut facilement enchaîner deux mandats de 5 ans). Le candidat doit être également compétant et, surtout, faire l’unanimité autour de son choix. Pour ce qui est d'Amadou Gon Coulibaly, sa compétence ne souffre d’aucun doute. Il a réussi avec brio les différents tests auxquels Alassane Ouattara l'a soumis pour jauger sa capacité à lui succéder. Depuis sa nomination en 2017 en qualité de Premier ministre, Amadou Gon a géré plusieurs dossiers chauds. Les mutineries de 2017, les grèves des fonctionnaires ou encore les inondations à Abidjan en 2018, ont été des épreuves qu’il a réussies à surmonter. Ces derniers mois, le président Alassane Ouattara lui avait encore confié deux énormes dossiers : le Programme social du gouvernement (PS-Gouv) et la réforme de la Commission électorale indépendance (CEI).

Ses soucis de santé et les murmures au RHDP …

Deux ultimes épreuves qu’il a réussies à gérer avec brio, pourrait-on dire. Ce qui a fini de convaincre son mentor depuis 30 ans, qu’il est bien l’héritier idéal. Depuis le 24 mars 2020, date du déclenchement de l’état d’urgence sanitaire en Côte d’Ivoire, dû au Covid-19, c’est lui Amadou Gon Coulibaly qui pilotait le plan de riposte national, jusqu’à ce qu’il soit contraint d’abandonner la lutte, le 1er mars 2020, en raison de sa maladie. Obligeant Alassane Ouattara à lui trouver un intérimaire dans la foulée, en la personne du ministre d'État, ministre de la Défense Hamed Bakayoko. C’est justement ce scénario qui a commencé à faire réfléchir les uns et les autres. « Le Premier ministre Amadou Gon est un bosseur. Il n’y a rien à dire dessus. Mais, à quoi sert un président compétant, s’il doit abandonner son peuple chaque trois mois, pour aller se coucher à l’hôpital ? C’est là que se trouve la question. Il nous faut quelqu’un de solide », a confié à APRnews, un responsable de mouvement de jeunes du RHDP. De quoi à faire réfléchir le Président Alassane Ouattara.

L’autre élément qui pourrait le pousser à réfléchir à une autre option, ce sont les défections auxquelles il assiste impuissant dans les rangs de son parti, depuis le choix d’Amadou Gon comme candidat. Des hauts cadres du parti, et non des moindres, ont claqué la porte depuis ce choix. Les plus connus sont Marcel Amon Tanoh et Albert Mabri Toikeusse. Amon Tanoh, longtemps son Directeur de cabinet, avant d’être nommé ministre des Affaires étrangères le 25 novembre 2016, est parti. C'était un fidèle disciple d’Alassane Ouattara. Albert Mabri Toikeusse, avec son parti l’UDPCI, était le 3e poids lourd politique du RHDP. Tous les deux étaient candidats à la candidature RHDP à la présidentielle. Ils ont quitté le parti après le choix d’Amadou Gon Coulibaly. Des défections qui fragilisent le parti et qui pourraient aussi emmener Alassane Ouattara à revoir sa posture, surtout que son plan "A" se trouve à présent défaillant. Il en a encore le temps, et les prétendants en embuscade ne manquent pas.

Ouattara pourrait refaire la paix avec Bédié

Abandonner la carte Amadou Gon Coulibaly, pourrait même être une occasion pour Alassane Ouattara de semer la confusion dans le camp de l’opposition politique, conduite par son ancien allié Henri Konan Bédié et son PDCI-RDA. Avant leur divorce, la principale exigence d’Henri Konan Bédié vis-à-vis d’Alassane Ouattara, était que le candidat du RHDP pour 2020 soit un cadre issu de son parti. On pourrait alors penser à un scénario où Alassane Ouattara choisirait finalement d’écouter Henri Konan Bédié. Il accepterait de choisir un cadre issu du PDCI-RDA, pour se réconcilier avec son ainé. Les autres partis de l’opposition se trouveraient ainsi déphasées et le RHDP réconcilié, assuré de l’emporter au soir du 31 octobre 2020.

La rédaction APRNEWS
Anne-Marie Kacou