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Côte d’Ivoire - Présidentielle 2020 : Alassane Ouattara aurait-il changé de stratégie ? 

Apr-News / Côte d’Ivoire - Présidentielle 2020 : Alassane Ouattara aurait-il changé de stratégie ? 
Dimanche, 3 juin 2018

Côte d’Ivoire - Présidentielle 2020 : Alassane Ouattara aurait-il changé de stratégie ? 

APRNEWS - Le président ivoirien Alassane Ouattara se portera-t-il candidat à l’élection présidentielle de 2020 ? Si en janvier 2018 sa position était tranchée sur cette question cruciale, 6 mois après il semble avoir tourné casaque. 

Décryptage

Le 4 janvier 2018, lors de la présentation des vœux aux corps constitués, le premier des ivoiriens affirmait : « A l’occasion de mes 75 ans, ceci m'amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020 ».

Une déclaration qui avait achevé de convaincre certains « Saint-Thomas » sur l’effectivité de la retraite politique de M. Ouattara au soir de son second mandat. 

Novembre 2017, interrogé par la chaîne française France 24 sur ses intentions pour 2020, il avait déclaré : « A priori je ne le ferai pas même si nous avons une Constitution qui m’aurait autorisé à la faire (…) Mais en politique on ne dit jamais non, attendez 2020 vous connaîtrez ma réponse ». 
Alors que les projecteurs veillent sur la proclamation de foi de janvier 2018, le président ivoirien affirme dans les colonnes du confrère Jeune Afrique, son intention de briguer un troisième mandat. « La nouvelle constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la Côte-d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes », annonce-t-il dans l’édition du magazine panafricain à paraitre le 3 juin.
 L’information a largement été reprise par plusieurs médias. 

Une stratégie à l’issue incertaine

Selon certains observateurs la nouvelle stratégie du chef d’Etat ivoirien interroge plus qu’elle ne rassure. Quel est l’élément nouveau qui a pu intervenir pour que M. Ouattara fasse un virage à 180 degré ? Il ressort de sa déclaration que sa retraite politique serait subordonnée à la stabilité du pays. M.Ouattara resterait donc au pouvoir jusqu’au retour de la « stabilité », car dit-il, « la stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes ». 
Dans cette stratégie, il n’existe aucun organe habilité à certifier le degré de stabilité de la Côte d’Ivoire. Une réconciliation vraie de tous ses fils sera un vrai gage de paix selon un sociologue. Seul le président de la république est à même d’apprécier. Le boulevard semblerait donc ouvert pour que le 3ème mandat en 2020 et pourquoi pas, un 4ème pour 2025. 

Les membres de l’alliance RHDP

La stratégie du président ivoirien contribuera à renforcer le clivage au sein du couple « Pdci-Rdr ». Contrairement à 2015, le parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda) est prêt à présenter un candidat contre celui du camp présidentiel en 2020

Mai 2018, le président Henri Konan Bédié a annoncé dans les colonnes d’un journal proche de son parti, que le « Pdci aura un candidat à la présidentielle de 2020 ». Clash ou gifle ? Un autre parti, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), lorgne le fauteuil présidentiel en 2020. Egalement dans l’ombre de cette candidature qui profile à l’horizon, le « Petit poucet » Guillaume Soro, vice-président du RDR, est selon plusieurs observateurs, en train d’affiner ses armes pour se positionner en 2020. Il prône la réconciliation et le pardon pour une côte d’Ivoire unifiée. 

Félicien Sekongo, par ailleurs conseillé de Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale, a accusé le gouvernement ivoirien de manquer de “politique réelle’’ pour mener le processus d’indentification qui “piétine’’ encore, à deux ans de la prochaine élection présidentielle. “Sous le régime’’ du chef de l’Etat Alassane Ouattara, “l’identification piétine : manque d’une politique réelle d’identification caractérisée par l’incapacité de l’ONI (Office nationale de l’Identification) à fournir des pièces d’identité, le coût trop élevé, les tracasseries multiples dans la quête d’une carte d’identité’’.

A deux ans du prochain scrutin présidentiel et avant les élections municipales et régionales qui devraient se tenir avant fin 2018, le MVCI dit observer “que Ouattara, défenseur hier de la question de l’identité (…) ne montre aucune volonté politique réelle pour une identification réussie’’. Stratège ? Ouattara serait-il le bouclier contre une déflagration de l’alliance ?

Selon plusieurs sondages cette candidature donnera un mauvais signal à la communauté internationale. L’idée de briguer un troisième mandat, pourrait être perçue comme la volonté de perpétuer l’Afrique des présidents à vie. 

L’opposition considère que la constitution de 2016 a été tripatouillée pour dresser le tapis rouge d’un 3ème mandat à M. Ouattara. A qui la faute ? N’a-t-elle pas demandé le boycott ? 

La réaction de la société civile indiquera, sans doute, le niveau d’acceptation de cette nouvelle stratégie. En tout état de cause, les multiplications des mandats présidentiels ne sont toujours pas bien accueillies. 

Le cas du Niger 

Les mentalités évoluent une Afrique. Pour avoir demandé un 3ème mandat du président Issoufou Mahamadou, deux nigériens de l’Union des jeunes nigériens pour le développement (Ujnd), ont été condamnés par le tribunal de Zender. Le parti au pouvoir, par la voix de son président Mohamed Bazoum a rejeté vigoureusement cet appel : « Un troisième mandat au Niger signifie un coup d’Etat. Nous sommes un parti qui a comme ambition de stabiliser le pays pour progresser ». 

Le désarroi des jeunes 

Les jeunes, c'est connu, vivent une époque difficile. Mais leurs problèmes, cette constellation de misères et d'échecs, ont leurs racines et leurs échos dans la société en général. Les politiques sociales favorisent la paupérisation d'un nombre important de citoyens 

Message fort aux gouvernants 

Alassane Ouattara, candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2010, avait demandé « seulement 5 ans » aux ivoiriens. Aujourd’hui, le compteur affiche 7 ans. 

Comme l’a dit Erhard Friedbergn, le pouvoir et la règle sont inséparables. La règle sans pouvoir devient très vite une forme vide. Le pouvoir sans règle n'existe pas, car l'exercice du pouvoir est générateur de règles. Pouvoir et règle constituent ainsi les deux faces du phénomène " organisation " qui est omniprésent dans l'action collective, qu'elle prenne la forme d'un mouvement diffus et spontané ou celle d'une multinationale formalisée et rationalisée à l'extrême. En stabilisant l'univers toujours complexe, instable et potentiellement conflictuel de l'interaction sociale, il donne durée et épaisseur aux entreprises collectives des hommes.