Vous êtes ici

Back to top

Côte d’Ivoire- PDCI : La contre-attaque de Bédié

apr-news/ PDCI : La contre-attaque de Bédié
Dimanche, 7 octobre 2018

Côte d’Ivoire- PDCI : La contre-attaque de Bédié

APRNEWS- En pleine campagne pour les élections régionales et municipales, Henri Konan Bédié vient de convoquer, une fois encore, un nouveau bureau politique. En l’espace de deux semaines, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), réussi la prouesse d’organiser deux Bureaux politiques.

Difficiles moments pour le PDCI

Contrairement au « BP » du 24 septembre, celui du 8 octobre fixera « les dates et modalités d’organisation » d’un congrès extraordinaire. Le PDCI ira donc, sous peu, à un Congrès extraordinaire. 

Un choix d’autant plus étonnant que récemment, le parti a refusé d’aller à un congrès qui devait valider les textes du parti unifié, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). 

Mais les choses semblent avoir évolué dans le mauvais sens pour le parti septuagénaire qui pensait tenir le bon bout au sortir de son Bureau politique du 17 juin. 

Les fantômes du congrès manqué ont pris l’aspect d’une guéguerre entre cadres du parti. Une branche favorable au parti unifié poussée dans le dos par le vice-président Daniel Kablan Duncan, enfonce fortement ses racines dans les bases du parti. A l’intérieur du parti certains cadres, à l’instar du ministre Adjoumani et de N’Guessan Jérôme (temporairement exclus des instances du PDCI), font office de cheval de Troie.  

Le recours intempestif à la justice pour contester les décisions des bureaux politiques successifs de juin et septembre, a remonté les bretelles à l’ex-allié du régime d’Abidjan. Le fait est que la justice semble avoir pris fait et cause pour les adeptes du parti unifié. Suspension des décisions du « BP » du 17 juin, neutralisation d’une requête en contestation de l’utilisation du logo du PDCI par le RHDP…La justice ne fait pas de cadeau au PDCI. 

La nouvelle action en justice introduite par N’Guessan Koffi Jérôme, vise incontestablement le siège du président du parti Henri Konan Bédié. Dans l’acte d’assignation, l’administrateur civil fait savoir que le bureau politique n’est pas compétent pour prolonger le mandat du président. En un mot le « BP » a outrepassé ses droits selon Koffi Jérôme. L’annulation de cette décision prise le 17 juin et reconduite à Daoukro le 24 septembre risque de mettre Bédié hors de la maison PDCI. 

Le congrès de tous les dangers ?

Face au danger qui se profile à l’horizon, Bédié ne veut pas se voir éjecter par des manœuvres politico-judiciaires. Il prend ainsi les devants. Le 8 octobre, les « stratèges » du parti vert blanc décideront de la date du congrès extraordinaire. Une réponse à la frange contestataire qui veut avoir Bédié et son parti à l’usure. 

A 84 ans, Bédié aura fort à faire face aux pro-RHDP qui veulent sa chute même s’ils refusent de le dire ouvertement. Ces jeunes loups gonflés à bloc bénéficient du soutien du pouvoir d’Abidjan qui a fait du parti unifié, une priorité politique. Ils n’attendaient que ce pain béni pour matérialiser leur rêve caché. Réussiront-ils à chasser celui qui contrôle le parti depuis le décès de son fondateur Félix Houphouët-Boigny ? Sans minimiser leur force de frappe, les « frondeurs » risquent de voir leur « plan commun » perdre la face. Ce congrès pourrait définitivement éteindre les pourfendeurs de Bédié.

Après plusieurs décennies au sommet du parti, Henri Konan Bédié a encore le souffle d’un jeune militant de 21 ans. Il a des soldats prêts à aller au charbon pour lui et exerce une influence certaine sur ces derniers.

Sa force, il la puise dans le rejet du parti unifié exprimé par la majorité des militants de son parti. La réaction du RHDP après la décision du 17 juin 2018, a conforté le PDCI dans sa position, à savoir que le président Ouattara n’a nullement l’intention de passer la main au PDCI lors de la présidentielle de 2020. Le « harcèlement » de certains de ses cadres a également constitué la levure qui a braqué les anti-RHDP.

A ce congrès extraordinaire qui est visiblement une contre-attaque de Bédié, « loyalistes » et « frondeurs », se pèseront comme l’avait souhaité le ministre Amedé Kouakou –cadre pro-RHDP- lors d’un entretien téléphonique avec Innocent Yao, le président de la jeunesse rurale du PDCI. 

Serges Kamagaté