Sauf changement de dernière minute, Pascal Affi N’Guessan, président légalement reconnu du Front populaire ivoirien (FPI) va échanger avec Daniel Kablan Duncan, vice-président ivoirien le jeudi 13 février 2020. Les deux personnalités doivent s’entretenir sur la situation de Laurent Gbagbo, ex-président ivoirien en liberté sous conditions à Bruxelles dont Affi N’Guessan, qui fût le Premier ministre, souhaite le retour en Côte d’Ivoire. 

Ce tête-à-tête entre le proche collaborateur d’Alassane Ouattara et Pascal Affi N’Guessan se tient à la demande de l’opposant qui avait annoncé publiquement en France sa volonté de parler du cas Gbagbo avec le président ivoirien. 

L’annonce faite devant ses partisans lors d’une rencontre est l’un des signes de la remontée de cet ingénieur des Télécoms au sein de son parti. 

Fragilisé depuis de longues années par une crise interne qui l’opposait au camp Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan semble se repositionner dans l’entourage du leader naturel du FPI. 

Du duel au duo ?

En janvier, déjà, il avait rencontré à deux reprises Laurent Gbagbo dans un hôtel bruxellois. 

La rencontre organisée en toute discrétion était la première entre les deux hommes après la perte du pouvoir par leur parti en 2011. 

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Au cours de ce premier échange qui a eu lieu en présence d’Assoa Adou, Secrétaire général du FPI pro-Gbagbo, l’idée d’un congrès dit « de l’unité » avec en perspective un possible duo Gbagbo-Affi pour la présidentielle de 2020 a été évoqué. 

« Le président Affi a toujours été perçu par le président Gbagbo comme un homme pétri de qualités. 

Il sait que d’un point de vue purement politique, il est l’un des rares cadres du parti à avoir une envergure présidentielle », estime un proche collaborateur du député de Bongouanou. 

Présent à La Haye pour soutenir Laurent Gbagbo dont les avocats défendaient devant la Chambre d’appel la levée des conditions de liberté, Affi N’Guessan a une fois de plus rencontré l’ancien président et son ex-co-accusé, Charles Blé Goudé. 

« Ils se parlent plus souvent. Petit à petit, les gens comprendront que la posture d’Affi n’était pas de la trahison. 

En réalité, il a permis au parti de survivre à 2011 », commente notre source. 

Pour l’heure, aucune date pour la tenue du Congrès de la réunification du Parti de gauche n’a été évoquée. 

Laurent Gbagbo sur ce dossier a instruit Assoa Adou de « poursuivre la réflexion à Abidjan ». 

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Un lourd passif à vider

Sur le terrain, les choses pourraient être plus difficiles pour Pascal Affi N’Guessan. 

En effet, ils sont nombreux les militants du parti fondé dans la clandestinité du temps de Félix Houphouët-Boigny à estimer que celui qui était arrivé au second tour de la présidentielle en 2015 « est allé trop loin ». 

« Il voulait tourner la page Gbagbo. Affi espérait même que le chef (nom donné à Laurent Gbagbo par ses partisans, ndlr) soit condamné par la CPI. Aujourd’hui, on ne peut plus lui faire confiance aussi facilement », assure un responsable local de la jeunesse du FPI loyale à Laurent Gbagbo. 

S’il est clair que la politique ivoirienne n’est pas avare en rebondissements, la tâche s’annonce difficile pour Affi N’Guessan qui se rêve vice-président du FPI nommé par Laurent Gbagbo et qui vu l’éloignement du chef de l’Etat aurait la réalité de la gestion du parti entre les mains. 

De fait, par presse interposée, les deux camps s’étaient livrés à de véritables batailles avec des mots plus durs les uns que les autres. « Affi ne l’oublions pas a quand même traduit ses camarades de parti devant la justice de Ouattara », poursuit le cadre de la JFPI. 

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Outre cet aspect, Affi N’Guessan devra aussi composer avec l’équation Simone Gbagbo. 

Sortie de prison et amnistiée, l’ancienne première dame qui souhaite aussi avoir le contrôle de son parti a des ambitions pour 2020.

Mais le premier Premier ministre de Laurent Gbagbo a la carapace dure. 

Lui, qui avait réussi l’exploit en 1990 de ravir la mairie de Bongouanou au PDCI-RDA en pleine présidence de Félix Houphouët-Boigny, a l’habitude des combats politiques.

En attendant, il poursuit lentement son opération de positionnement au sein du parti à la Rose. 

Reste désormais à savoir s’il sera adoubé par Laurent Gbagbo et sur ce point, rien n’est moins sûr.

La rédaction APRNEWS
Abdel KANTE