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Côte d’Ivoire : Les ‘’hommes’’ qui tuent

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Samedi, 3 mars 2018

Côte d’Ivoire : Les ‘’hommes’’ qui tuent

APRNEWS- Les causes des décès dans le monde sont multiples. Les maladies, les guerres ou conflits armés, la famine…Mais aussi, les nombreux accidents de la route. 1, 3 millions de décès chaque année à l’échelle mondiale, selon l’Organisation mondiale de la Santé (Oms). 

En Côte d’Ivoire, l’Office de sécurité routière (Oser), comptabilise plus de 10 000 accidents de la route causant plus de 600 morts chaque année. Une véritable hécatombe dirait-on!

Fait majeur : 90% des accidents de la route corporels sont de cause humaine. L’état du véhicule et de la route interviennent à des degrés moindres, contrairement aux idées reçues. Sont-ce les chauffeurs qui tuent? 

Le jeudi 8 février 2018 un véhicule en provenance de Grand-Bassam, pour Abidjan, a quitté précipitamment sa voie pour se retrouver en contre-sens ; tuant sur le coup une dame. Selon des témoins de la scène, le conducteur qui avait à ses côtés une femme, consommait de l'alcool au volant quand il a perdu le contrôle de son véhicule.
Ce ‘’chauffard’’ a comptabilisé à lui seul deux infractions : conduite en état d’ivresse et excès de vitesse.

La vitesse, ce tueur en série 

Un accident sur deux est dû à un excès de vitesse. La gravité d’un accident dépend de la vitesse d’impact. Dès 20 km/h, un accident sans ceinture de sécurité peut être mortel. 

Les statistiques le montrent, la vitesse ne fait pas gagner du temps. Une étude publiée par le journal du Collège Les Hautiers de Marines en France, précise qu’augmenter sa vitesse de 10 ou 20 km/h ne fait pas gagner beaucoup de temps, même sur de longs trajets. Cela expose au contraire les conducteurs à davantage de risques d’accidents. Pour exemple, en voiture, parcourir 50 km à 140 km/h au lieu de 130 km/h fait à peine « gagner » 2 minutes. Et ce, dans le meilleur des cas.

Le trafic, les feux rouges, les stops, les ralentissements fréquents… ont plutôt tendance à l’arrivée, à gommer ces différences de vitesse. Pour résumer, en roulant pépère à 120 km/h au lieu de 140, on ne perdra que 15 minutes.

Pourquoi prendre autant de risques pour ‘’gagner’’ 15 petites minutes ? Voilà toute la question ! Il n’est pas rare de voir des automobilistes faire des dépassements dangereux pour gagner juste une place dans une file de véhicules. 

Tout repose donc sur la discipline des conducteurs. La première des règles, conseillent des spécialistes en sécurité routière, c’est d’avoir une concentration irréprochable.

Etre maître de soi 

Certains conducteurs semblent inconscients du danger qu’ils courent ou font courir aux autres usagers de la route. Des personnes sous l’emprise de la drogue ou après avoir consommé une forte dose d’alcool prennent le volant. Ces deux éléments, c’est connu, réduisent et modifient la perception de la route. La fatigue et la somnolence ne pardonne pas. Un accident survient en une fraction de seconde.

C’est pourquoi téléphoner ou envoyer un sms ne doit se faire qu’après un arrêt total du véhicule dans un endroit sécurisé. Le kit mains-libres n’est pas une panacée, puisqu’il ne garantit pas une concentration maximale. 

Cependant, que faisons-nous lorsque nous sommes témoins d’inconduite ou de manœuvre dangereuse de la part de ceux qui nous conduisent ?

Sommes-nous complices ? 

Pour ce qui est du drame de la route de Grand-Bassam, ce qui saute à l’esprit, c’est la passivité de la passagère en question. Présente aux côté du ‘’chauffard’’, elle aurait pu peser de tout son poids pour l’empêcher de prendre la route ou même de continuer sa séance de beuverie. Mais elle a été spectatrice, finalement d’un meurtre.

En matière de conduite dangereuse, la palme revient aux conducteurs des véhicules de transports en commun (gbaka, woro-woro ou cars). Vitesse excessive, dépassements hasardeux, arrêts inopinés sur la chaussée…font partie de leur lot quotidien. Mais comment réagissent les passagers en pareils cas ? C’est motus, bouche cousue. Pourtant interpeller peut mettre fin à une mauvaise conduite, parce qu’en fin de compte, en cas de sinistre, c’est tout le monde qui en pâti.

Quelles mesures prendre ? 

Pour avoir le droit de prendre le volant, il faut préalablement avoir le permis de conduire. Ce qui suppose la maitrise du code de la route. Dans bien des cas, les permis de conduire sont délivrés à tout-va. Résultats : des conducteurs peu formés se retrouvent sur nos routes. 

Les chauffeurs et surtout ceux qui conduisent des véhicules de transport en commun doivent être bien formés à la conduite et bénéficier de séances de recyclages.

La fréquence des accidents dûs à la consommation de l’alcool au volant invite à faire rendre obligatoire l’utilisation des alcooltests. Mais existent-ils en Côte d’Ivoire ? Il serait également opportun d’instaurer les permis à points pour que les récidivistes notoires soient finalement interdits de conduite.

De nombreux véhicules en circulation n’ont pas de ‘’papiers’’ (assurance, visite technique, vignette…). Pourtant des agents commis pour veiller à la stricte application des règles en vigueur sont visibles sur les routes. Il faudrait mettre en place une véritable police des polices qui devra sanctionner ‘’les brebis galeuses’’ qui ternissent l’image de la corporation.

En définitive, l’inconduite de plusieurs chauffeurs porte un énorme, préjudice à la société et à l'économie. Les accidents de la route causent une perte de 3% du Pib soulignent des économistes. Des bras valides sont emportés dans des accidents. N’est-il pas temps d’y mettre un terme ?

Franck  Zoko