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Côte d'Ivoire: Le drame se déroule sous nos yeux

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Samedi, 28 avril 2018

Côte d'Ivoire: Le drame se déroule sous nos yeux

APRNEWS- Au cours de ces dernières semaines, les services de la police ivoirienne ont mis la main sur des gamins aux pratiques peu orthodoxes

Un tour rapide sur les motifs de leur arrestation, nous fige d’horreur. Ces gamins, dont certains portent l’uniforme Kaki des lycées et collèges du pays, s’adonnent à la consommation de la drogue.

Dans la zone de Cocody à Abidjan, des lycéens en rupture avec les cours d’éducation civique, ont été surpris dans un fumoir. Tenez-vous bien, le moins âgé en classe de 5ème, n’a que 13 ans. 

Au lycée de Bondoukou, à l’extrême Est du pays, un autre élève en classe de 3ème est tombé dans les filets de la police avec son lourd colis de cannabis : 2.400 kg. Plus à l’Ouest, précisément à Guiglo, un mineur de 16 ans transportait dans un calme olympien, deux bonnes boules de cannabis. 

Si à ces mineurs l’on se permet d’ajouter ceux qu’on présente comme des gamins en conflit avec la loi, connus sous le précieux nom de « microbes », on aura alors un bon cocktail pour que l’avenir du pays explose. Ne dit-on pas que l’avenir appartient à la jeunesse ?

Mais allons bien au fond pour mieux cerner ces déviations qui rappellent bien l’époque Escobar en Colombie. La tentation d’indexer l’Etat dans ce qu’il convient de considérer comme un drame, est forte. Toutefois, descendons au bas de l’échelle pour expliquer l’inconduite de nos enfants.

Le bas de l’échelle n’est rien d’autre que la petite cellule familiale qui est, à bien des égards, le centre d’incubation du comportement des adultes. La rupture à ce niveau est réelle. 

Famille monoparentale. Le père est quasiment introuvable, parce que, bien souvent, il est prisonnier d’un travail qui lui vole sa vie. La mère, parfois complice de ses enfants, se lasse de devoir subir les caprices de ces derniers influencés par la mode, les réseaux sociaux... Le contact se rompt tacitement entre les enfants et leurs parents.

Le revenu minimum de la famille, s’il parvient à offrir un sac de riz, n’est généralement pas suffisant pour couvrir les besoins de l’ensemble des enfants. En Afrique, comme vous le savez, le planning familial est un slogan creux. 

Tous ces ingrédients réunis, installent de nombreuses familles dans une situation non enviable: la pauvreté. 
Devant une telle situation, la démission des parents devient un principe intangible. L’enfant est donc livré aux appétits de la rue ou aux mauvaises fréquentations. Ainsi s’ouvre le cycle du drame. 

Dans une société, lorsque les jeunes, en tenue scolaire oublient leurs cahiers pour consommer la drogue ou manier les armes, la responsabilité des parents n’efface pas celle de l’Etat. 

Qu’a fait l’Etat pour éviter que les fumoirs germent dans le pays comme des champignons ? A-t-il pu offrir à chacun des perspectives d’avenir ? L’horizon est-il radieux pour chacun des ivoiriens ? Autant de question qui rappellent le rôle de l’Etat dans l’amélioration des conditions de ses citoyens. 

On acquiesce bien la tirade selon laquelle l’usage de la drogue par des mineurs n’est pas le seul apanage de la Côte d’Ivoire. Soit, mais notre devoir est de la faire sortir du lot. 

C’est pourquoi, l’Etat se doit de faire de la lutte contre la pauvreté, son cheval de bataille afin d’offrir des perspectives aux jeunes. Tant que l’on restera dans les déclarations de principe sur le travail, la défaillance des parents continuera à se nourrir de la démission de l’Etat.

Peut-on espérer des campagnes de déminages des fumoirs sur l’étendue du territoire ? Il est évident que pour lutter contre ces labyrinthes de la mort, il faut la collaboration de tous.

Le citoyen lambda doit se considérer comme un informateur de la police afin que de cette collaboration, naisse une société nouvelle. Ce faisant, on aura réussi, même à minima, d’atténuer ce drame qui se déroule sous nos yeux.

Serges Kamagaté