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Côte d’Ivoire : L'amnistie par ordonnance ou l'hyperprésidentialisme

Jeudi, 9 août 2018

Côte d’Ivoire : L'amnistie par ordonnance ou l'hyperprésidentialisme

APRNEWS - Lors de son adresse à la nation, le lundi 6 août 2018, à la veille de la célébration du 58e anniversaire de l'indépendance de la Côte d’Ivoire,  le Président de la République Alassane Ouattara a, par ordonnance et non par grâce présidentielle,  amnistié 800 personnes impliquées activement dans la crise politique de 2011.

C'est un acte important qui contribuera à n'en point douter à ramener la paix et à amorcer la réconciliation tant réclamée par les Ivoiriens. 

Autant le fond de l'acte est rassurant,  autant la forme est inquiétante à plus d'un titre. 

D'abord,  l'amnistie ne peut intervenir qu'après qu'un jugement soit rendu.  Or,  la plupart des amnistiés n'ont jamais été jugés.
Aussi une amnistie doit faire l'objet d'une loi adoptée par les deux chambres du parlement. A  défaut de cette amnistie normale,  une grâce présidentielle aurait suffit. 

Pourquoi cette précipitation à gouverner par ordonnance alors qu'on réclame dans le même temps des instructions fortes de l'Etat ? 
Autre souci,  cette amnistie exclut certains militaires pro-Gbagbo qui n'auront été que fidèles à leur serment,  obéir à leur hiérarchie (politique),  en somme une compassion pour les commanditaires et une sanction pour les exécutants. 

« Le lass »,  comme pour paraphraser les ivoiriens,  la justice des vainqueurs a été purement et simplement consacré.  Le camp adverse,  sans avoir été inquiété,  est d'office ‘‘amnistié’’, sans avoir été inculpé.  Et cela pourrait réveiller les rancœurs des victimes,  nombreuses,  du camp Gbagbo. 

Monsieur le Président,  au-delà d'institutions fortes, les ivoiriens Brulant un Président fort, mais pas Hyperpresident,   même si notre régime est présidentialiste. 

Pour les considérations électoralistes, je laisse le soin à d'autres personnes  de nous éclairer. 

Pierre KOUROUMA