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Côte d’Ivoire : La misère des travailleurs de Toumbokro

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Mercredi, 30 mai 2018

Côte d’Ivoire : La misère des travailleurs de Toumbokro

APRNEWS- Les travailleurs des plantations de Toumbokro (Yamoussoukro) broient du noir. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Ils sont abandonnés. Ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Certains travailleurs n’ayant pu supporter leur situation ont perdu la vie.  

Les revendications des travailleurs se résument en six points. A savoir : la représentation des travailleurs ; le paiement des droits des travailleurs décédés et retraités ; le paiement de 65 mois d’arriérés de salaire ; le rétablissement des avantages acquis ; le respect de la législation en disciplinaire ; la protection sociale. 

Le total des sommes qui leur sont dues est de 318.654.657 Fcfa. Ce total se reparti ainsi: les droits de départ à la retraite : 160.830.909 Fcfa. Capital décès : 16.481.797 Fcfa. Arriérés de salaire des travailleurs permanents : 134.663.951 Fcfa. Arriérés de salaire des travailleurs journaliers : 6.678.000 Fcfa. Le District autonome de Yamoussoukro, leur employeur, fait un sourd d’oreille.  

Face à cette situation, ils  ont saisi L’Ugtci qui est leur centrale syndicale.  Elle a son tour saisi la direction générale du travail. Laquelle direction saisit le 08 août 2014, par courrier n°482/MEMASFP/DGT, la direction régionale du Travail de Yamoussoukro. 

Afin de la mettre en mission et d’établir un rapport détaillé sur la situation des travailleurs des plantations d’Etat de Toumbokro. Et cela suite aux nombreuses doléances et revendications répétitives des travailleurs. Et une mission a été envoyée dans ces plantations. Afin de s’enquérir des réalités. 
Et cette mission a pondu un rapport depuis le 26 décembre 2014. Et ce rapport se trouve sur la table du gouvernement.  Cette mission était conduite par le Directeur régional, Simy Fouodjiro Zakpa. Dans son rapport rédigé, le 26 décembre 2014, a été remis à qui de droit. Et ce après cinq mois de travail acharné sur le terrain matérialisé par des rencontres avec les différents partenaires sociaux. 

A savoir : le District autonome de Yamoussoukro, employeur et travailleurs.  Dans ce rapport, Simy Fouodjiro Zakpa jette son cri : « Le cri de cœur des travailleurs étant parvenu aux autorités au plus haut niveau, notre mission avait pour objectif de nous imprégner de la réalité quotidienne des travailleurs. Et évaluer les éléments pertinents de toutes leurs revendications. Afin de permettre à l’autorité d’avoir des éléments d’appréciation qui pourraient lui permettre de résoudre définitivement le problème des travailleurs.  Des plantations d’Etat de Toumbokro. Donc, il était question pour nous de vérifier les arriérés de leurs salaires, les travailleurs décédés dont le capital décès n’a pas encore été payé, les sommes dues aux travailleurs journaliers, le régime de leur protection sociale, bref l’application de la législation du travail en Côte d’Ivoire. Et enfin des suggestions à l’autorité compétente », appelle-t-il à l’aide avant d’indiquer comment ils ont travaillé sur le terrain. « Nous avons cherché à identifier les différents partenaires sociaux. 

Afin d’éviter toutes ambigüités. Et avoir l’opinion de chaque partie sur la situation des travailleurs des plantations d’Etat de Toumbokro. Il fallait rencontrer les unes après les autres. C’est ainsi que le 27 août 2014, nous avons eu une séance de travail avec le District. 

Le gouverneur nous a fait l’honneur d’être présent à cette rencontre. Le 09 septembre 2014, nous nous sommes déplacés au campement de Toumbokro pour une prise de contact avec les travailleurs. Nous avons profité de cette visite pour expliquer aux travailleurs la méthode de travail que nous avons adoptée. 

Ces deux rencontres nous ont permis de cerner la situation réelle des travailleurs. Nous avons ensuite sollicité, toutes les fois que cela était nécessaire, l’apport des deux parties pour des compléments d’information » raconte le directeur régional du travail dans son rapport. 

Il faut dire que la mission a procédé à l’évaluation de tous les arriérés de salaires des travailleurs permanents et des travailleurs des journaliers, les droits de départ à la retraite des travailleurs retraités, le capital décès des travailleurs décédés. (Voir le début de l’article). 

Ces calculs ont été faits sur la base des cahiers de pointage détenus par les travailleurs. Pendant ces rencontres avec la direction régionale du travail et le District autonome de Yamoussoukro, la protection, les avantages acquis et le respect de la législation en matière disciplinaire ont évoqués. 

Au niveau de la protection sociale, les travailleurs revendiquent une immatriculation à la Cnps. « Il ressort des documents fournis par les différentes parties que plusieurs travailleurs ne sont pas encore immatriculés à la Cnps.les travailleurs relèvent qu’il s’agit là d’un droit que la législation ivoirienne a reconnu à tout travailleur en Côte d’Ivoire. Par conséquent, ils demandent que ce droit soit rétabli pour tous les travailleurs qui n’en bénéficient pas encore.  Ce sont au total 71 travailleurs qui n’ont pas été encore immatriculés. Les travailleurs relèvent aussi que souventes fois, certains des leurs admis à faire valoir leur droit à la retraite voient leurs dossiers bloqués au niveau de la Cnps. car toutes leurs cotisations n’ont pas été payées par l’employeur. Ainsi, ils ne peuvent rentrer en jouissance de leurs droits. C’est pourquoi, ils supplient l’autorité de veiller à ce que ce droit soit scrupuleusement respecté. Car il y va de leur vie » explique le directeur régional du travail. Les avantages acquis n’ont pas été également ignorés. 

Ils ont été largement évoqués. « Les travailleurs font référence à une diminution unilatérale de leur salaire par l’employeur. Ils soutiennent que depuis la concession des plantations d’Etat au District, leurs salaires ont été diminués sans qu’aucune explication ne soit donnée. Aussi demandent-ils que leurs anciens salaires soient rétablis » fait remarquer Simy Fouodjiro Zakpa. Le respect de la législation en matière disciplinaire n’est pas occulté. 

« Les travailleurs reprochent aux représentants de l’employeur la violation presque quotidienne de la procédure de sanction d’un travailleur. Les sanctions sont infligées au gré des humeurs des représentants de l’employeur parfois même sans que le travailleur ne sache ce qui lui est reproché. C’est pourquoi, ils souhaitent que la législation en la matière soit respectée. Et que les sanctions illimitées dans le temps prennent fin », souligne-t-il. Indiquons que le nombre total des travailleurs retraités est de 99. 

Face à cette situation, des suggestions ont été faites par le District autonome de Yamoussoukro en tant qu’employeur, les travailleurs et la direction régionale du travail. Afin qu’un règlement définitif soit trouvé pour les problèmes des travailleurs d’Etat de Toumbokro. 

Selon le rapport, la partie employeur émet plusieurs réserves. Elle estime que vu ses moyens limités, elle ne pourra faire face aux revendications des travailleurs bien qu’elle les trouve fondées. Le District soutient également que les travailleurs sont improductifs. Et que pour ce faire, il compte se débarrasser d’eux. Les plantations, étant devenues vieilles, ne sont plus rentables. 

C’est pourquoi, il estime qu’il y a lieu de mettre fin aux différents contrats des travailleurs. Ce qui n’est pas du goût des travailleurs. Ils croient que depuis que les plantations ont été cédées au District, leurs ennuis ont commencé. C’est pourquoi, ils suggèrent que l’Etat veille reprendre en main la gestion des plantations. Car leurs souffrances sont devenues insupportables. 

Ils souhaitent aussi que leur situation au niveau de la Cnps soit réglée. Afin qu’ils puissent jouir de leur retraite. Et être protégés en cas d’accident qui sont légion dans domaine du travail qui entraine souvent la mort de travailleurs. Enfin, les travailleurs sont confrontés à un autre problème sérieux. 

En effet, les populations riveraines estiment que les plantations ont été faites sur leurs terres. Par conséquent, elles se reconnaissent des droits sur celles-ci. Donc, elles s’attribuent des parcelles des plantations qu’elles exploitent. 

Mettant en garde les travailleurs qui seraient tentés de les en empêcher. Craignant pour leur vie, les travailleurs souhaitent que le gouvernement intervienne pour régler définitivement ce problème. 

La direction régionale du Travail, quant à elle, est claire sur la question. Après s’être imprégner de la situation des travailleurs des plantations d’Etat de Toumbokro, elle fait des propositions. 

Il s’agit de : vu que le District autonome de Yamoussoukro se trouve dans l’incapacité financière de faire face aux droits de départ à la retraite, aux capitaux décès et aux arriérés de salaire, elle suggère que le gouvernement se subroge au District pour régler ce passif. Le comportement des populations riveraines risquent de créer des conflits inutiles si rien n’est fait. 

C’est pourquoi, elle suggère qu’une mission de sensibilisation soit initiée par le gouvernement. Afin de combatte le mal à la racine. Depuis plus de trois décennies, des travailleurs ressortissants de la sous région travaillent dans ces plantations. Ils ont presque tout fait ici. 

Et n’ont plus rien chez eux. Ils n’ont d’autres terres qu’ici. C’est ici, qu’ils seront enterrés.  La Direction régionale du travail suggère au gouvernement de leur octroyer une parcelle sur laquelle, ils pourront passer le peu de temps qui leur reste. 

Selon cette direction, un travailleur qui part à la retraite doit normalement quitter la maison de fonction. Mais dans le cas des travailleurs des plantations d’Etat de Toumbokro, ce serait les envoyer à l’abattoir que de leur dire de quitter ces maisons de fonctions. 

Aussi- souhaiterait-elle que ces maisons leur soient cédées. Et de demander au District autonome de Yamoussoukro de prendre conscience de sa situation d’employeur. Et de se comporter tel.

Source : Le Temps