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Côte d’Ivoire: Jeunesse déconnectée, douloureuses conséquences

Aprnews- Professeur Delafosse Joseph -Psychologue-Psychiatre- Education - Jeunesse - Famille -Abidjan - Côte d’Ivoire- Delafosse FD
Jeudi, 28 mai 2020

Côte d’Ivoire: Jeunesse déconnectée, douloureuses conséquences

La survenue d’un évènement douloureux entraine des réactions diverses mais toutes condamnent le responsable et réclament que justice soit rendue.

C’est normal, sinon que deviendrait notre monde ? Mais la justice seule suffit-elle ?
 « Ça veut dire quoi ça ? On est où là ? On va où comme ça ? » 
Des interrogations qui interpellent et des réponses qui ne viennent pas. Des drames, il y en a toujours mais ce dernier (décès de trois personnes d’une même famille qui s’adonnaient à un jogging un matin de jour de fête) devrait, émotion passée, emmener à d’autres réflexions à même de chercher à voir ce qu’il pourrait y avoir derrière ces incidents et accidents. 
Ma première réflexion porte sur le binôme Instruction/Éducation. Une instruction bien menée, quel que soit le niveau atteint, ne produira jamais un intellectuel redevable à sa famille et encore moins à la société si l’éducation a fait défaut. Ce serait une intelligence à la limite inexploitable sinon inutile c’est vrai, mais les parents ont-ils été suffisamment sensibilisés à ce sujet?

« Mettez vos enfants à l’école seulement, ils vont réussir dans la vie ». 

Les parents responsables de l’éducation des enfants se sont-ils sentis exclus de la préparation de l’avenir de leurs enfants ? La regrettable confusion entre Instruction et Éducation est née. 
Les conséquences vont apparaître avec les difficultés du système éducatif et les objectifs de la scolarisation me semble-t-il. Aléas évidents : le déséquilibre milieu urbain/milieu rural avec en corollaire un mépris pour le milieu rural : « si tu ne travailles pas tu vas partir au village ! ». 
Si le dicton populaire affirme que celui qui a le savoir est plus puissant que l’ignorant, dans ce cas précis il y a remise en cause des valeurs surtout quand les parents sont non scolarisés ou très peu. Si au début tout semblait aller, les mutations sociales vont modifier les profils familiaux avec apparition du modèle « famille nucléaire » et disparition progressive des « cours communes » où les représentants de l’autorité constituaient une « force » et en même temps cette situation marquait les limites des libertés. 
Avec les profondes mutations il y aura comme une double voie : le moderne représenté par l’école, et le traditionnel (le passé) représenté par les parents (en mon temps).

Tout peut bien se passer sauf que la notion de responsabilité issue d’une bonne éducation va faire défaut. Recherche de repères et de modèles par des comportements et des conduites comme pour se créer des groupes « identitaires » différents des modèles « dépassés » des parents qui tacitement acceptent cela « des enfants d’aujourd’hui » trop souvent entendu. 
Certains ont vite fait de parler de démission des parents.

Peut-être, mais le phénomène avait déjà commencé ailleurs avec, par exemple "Les blousons noirs" dont l’acteur James Dean fut une icône (Il disparut jeune au fait de sa gloire, accidentellement). A chaque fois il y avait comme une sidération sociale face à un phénomène qui en fait effraie : le mépris du danger et le jeu avec la mort du fait de l’insouciance et probablement penser que la vraie vie c’est celle que l’on veut vivre.
On est passé de la mise en jeu de sa propre vie (bôrô d’enjaillement et traversée du guerrier) à la minimisation de la VIE en général avec comme principe que la vie sans risque n’est pas la VIE.
Peut-être suis-je excessif dans mes hypothèses mais toujours est-il que regarder et condamner ne règle pas le problème qu’il faut analyser et y apporter des esquisses de solutions. Cela dans le but de « décloisonner » les différents milieux et restaurer de véritables dynamiques familiales en luttant contre la marginalisation et le rejet. 
En Côte d’Ivoire, et même ailleurs, ce travail est possible car les sachants existent à savoir : les sociologues, anthropologues, psychologues et psychiatres.

Professeur Delafosse  Roger Charles Joseph