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Côte d'Ivoire- Interview : "Le crime que j’ai commis, c’est de défendre le Pdci", Maurice Kakou Guikahué

apr-news/ Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda
Samedi, 2 juin 2018

Côte d'Ivoire- Interview : "Le crime que j’ai commis, c’est de défendre le Pdci", Maurice Kakou Guikahué

APRNEWS- Première réunion du Secrétariat exécutif du Pdci-Rda, hier jeudi 31 mai 2018, après la restructuration faite, la semaine dernière par le président Henri Konan Bédié. Face à la presse, Pr Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif en chef, a fait le point.

Vous venez de présider une réunion du Secrétariat exécutif, quels sont les sujets qui ont été abordés ?

Le sujet d’actualité, c’est l’enrôlement des militants. Nous avons avons rappelé les équipes de supervision des différentes zones. Nous aussi rappelé qu’il y a une supervision au plan national et avons exhorté les Secrétaires exécutifs à prendre à bras le corps ce dossier de l’enrôlement. C’est très important d’autant plus que le Président lui-même a signé une circulaire dans laquelle il a demandé au Secrétariat exécutif de mettre en mouvement toutes les structures du parti. Mais nous ne pouvons pas faire une telle réunion au lendemain du réaménagement technique sans parler de ce sujet. Donc, nous avons traduit les félicitations du président Bédié aux membres du Secrétariat exécutif dont la confiance a été renouvelée. Nous étions à Daoukro ce matin (hier, ndlr) et nous avons eu une séance de travail avec le président Bédié. Le président compte sur eux pour mener à bon port toutes les instructions.

Au sujet de l’enrôlement, avez-vous des échos au niveau de la Commission électorale indépendante (Cei) quant au début effectif de l’opération d’enrôlement ?

La date, à ma connaissance, n’a pas changé c’est du 18 au 24 juin 2018. Nous nous sommes organisés. L’on nous a dit que l’enrôlement débute à 8h et prend fin à 17h, pendant la période indiquée. Nous allons nous conformer à cela.

Vous avez rencontré le président Bédié. Depuis deux jours, il y a quelques remous au siège du Pdci, lui en avez-vous parlé et comment a-t-il réagi ?

Le président sait ce qui se passe car c’est lui qui gère le parti. Il est informé au jour le jour. Les jeunes du Pdci ont mis en garde ceux qui posent ce genre d’acte. Ils ont pris la communauté internationale et nationale à témoin. Car, ces manifestants ne sont pas des militants du Pdci. Nous avons des preuves. Le premier jour, le commissaire a interpellé quelques-uns qui étaient complètement étrangers au Pdci. Ils disent qu’ils ont été recrutés en ville. Mais le mercredi, c’était plus flagrant. Celui qui a été pris et qui a été interrogé dit qu’il était au quartier ‘’Maroc’’ à Yopougon. Il dit qu’ils ont reçu 1000 fcfa chacun afin de venir faire du bruit au siège du Pdci. Il a avoué que celui qui les a recrutés est un certain Méïté qui serait militant du Rdr. Ceux qui sont venus cet après-midi (hier, ndlr) criaient ‘’Guikao, Guikao’’.Cela veut dire qu’ils ne connaissent même pas mon nom. Ils ne sont pas des militants du Pdci. C’est une mise en scène. Nous demandons à ceux qui sont à la base de ces actions d’arrêter parce que nous aussi, nous nous organisons. Nous n’allons plus tolérer que de telles choses se passent ici. La devanture du siège nous appartient. 

Rien de pareil ne sera toléré. Je mets en garde ceux qui les manipulent, qu’ils sachent que nous sommes aussi organisés. Donc qu’ils arrêtent tout ce qu’ils font. Trop c’est trop. Il y a un groupe de cadres du Pdci encagoulés qui ont peur d’agir à visage découvert. Je dis, dans la vie, il faut être honnête. Moi, ce que je sens, je le dis ouvertement sans voiler la face. Qu’ils soient courageux. Mais je pense qu’au fur et à mesure, les choses vont s’arranger et tout va se calmer.

Qu’est-ce qui a motivé les réaménagements techniques ces derniers jours ?

Les nominations sont du ressort du président Bédié. Pourquoi, vous ne me demanderez pas ce qui a suscité les nominations après le dernier Congrès ?

Nous avons eu l’impression aujourd’hui (hier,ndlr) que les forces de l’ordre ont déserté le siège ?

C’est nous qui ne leur avons pas fait appel. Les jeunes du Pdci ont décidé de prendre les choses en main. Vous avez vu que nous n’avons pas eu besoin des forces de l’ordre. Nous pouvons nous-mêmes assurer notre sécurité. C’est parce que nous ne voulons pas de dérapage. Sinon, nous sommes capables de maintenir l’ordre ici au siège.

Nous avons appris, sur les réseaux sociaux, que votre garde rapprochée a été rappelée, qu’en est-il ?

Ce n’est pas une affaire de réseaux sociaux, c’est une réalité. Hier (ndlr : mercredi dernier) à 19h30, mon escorte a été appelée et on lui a dit qu’elle était retirée. Je vous le confirme. Je ne peux pas vous donner les raisons.

Avec tout cela, pensez-vous que vous êtes visé ?

Le crime que j’ai commis, c’est de défendre le Pdci pour lequel on m’a nommé.

Ne craignez-vous pas pour votre sécurité ?

Le patron de la sécurité, c’est Jésus.

Est-ce que le président Bédié prend la pleine mesure de tout ça ?-

Je pense que oui. C’est un président, il sait. Ce que je voudrais vous dire aussi, c’est que nous avons discuté des délégations Pdci. Il y a de nouveaux secrétaires de section dont nous avons réclamés les dossiers et le 31 mai est la date limite. Donc, au-delà d’aujourd’hui (ndlr : hier), tous les dossiers des secrétaires qui n’ont pas été déposés, c’est considéré qu’ils n’existent pas. Donc, on ferme les sections. Parce qu’il nous faut une vraie base de données, pour que demain aux élections, on ne dise pas qu’on crée telle ou telle section pour favoriser des candidats. Donc à distance des élections, on arrête tout, on sort notre listing qu’on soumet aux délégués pour contrôle et on le sécurise. Comme ça s’il y a des primaires, celui qui est battu est battu. Le président Bédié avait donné comme dernier délai, le 31 janvier, mais nous avons négocié février, mars, avril, mai. 4 mois, et le 31 mai, nous avons tout arrêté. Tous ceux qui ont leurs dossiers prêts, seront recrutés sur dossier et ils seront secrétaires généraux de section. Nous avons aussi discuté de Commissions techniques nationales que nous avons restructurées et le dossier sera analysé plus tard et puis dernier point, nous avons discuté du chronogramme de mise en place de la Jpdci scolaire et universitaire. Le chronogramme débute après le recensement. Donc, à partir du 28 juin, on commence. 

On va aller de façon séquentielle. On a donc décidé de commencer par l’enseignement supérieur. Tous les collèges techniques d’enseignement supérieur, plus les 6 universités avec leur 36 UFR. Nous avons donc 330 structures à l’université dont nous allons mettre en place les présidents. Et à la rentrée prochaine, on finit par les lycées et les collèges. Le président avait signé les décisions d’organisation des élections, donc à partir de demain, vendredi 1er juin, nous allons rendre publique la circulaire qui organise les modalités de dépôt de candidatures d’analyse parce que les uns et les autres qui vont déposer leurs dossiers puissent les préparer maintenant. Et enfin, nous avons parlé du Bureau politique. Il y aura donc une réunion du Bureau politique le dimanche 17 juin 2018.

Avant le Séminaire de Bingerville, les militants se plaignaient du flou au sujet du parti. 

Aujourd’hui on a l’impression qu’on est retombé dans ces griefs. Des militants estiment qu’une bonne parti des cadres font la promotion du parti unifié alors que vous, par exemple et d’autres cadres aussi, militent pour le Pdci-Rda. N’avez-vous pas l’impression que les militants sont quelque peu en ballottage ?

C’est une question de message. Parce que quand vous parlez de Rhdp, le Pdci est au Rhdp. Et ce que nous disons, c’est qu’en 2020, il y aura un candidat unique du Rhdp. Ça veut dire que nous sommes dedans, mais qui sortira du Pdci-Rda. Aujourd’hui, ce que je peux dire, c’est que les partis existent. Tous les partis ont fait le tour des questions. Le Pdci a dit qu’il ne va pas être dissous, le Rdr également, pareil pour l’Udpci, le Pit, le Mfa, l’Upci. Donc tous les partis gardent leur autonomie et leur souveraineté. Donc, on est dans le Rhdp. Vous le dites, je le conçois, mais moi, ce que j’entends de plus en plus, c’est-à-dire les messages que je reçois, c’est que les gens nous disent que la ligne est claire. La ligne, c’est la préparation d’un candidat, je ne dis même plus préparation, mais la victoire d’un candidat du Pdci-Rda à l’élection présidentielle de 2020. Ce n’est plus une simple candidature, on cherche sa victoire. Et ça commence par le recensement électoral pour lequel, une fois, nos militants et nos cadres sont mobilisés. Nous pensons que ça va produire de bons fruits.

Que répondez-vous à ceux qui demandent que le Pdci présente son candidat ?

Non, je l’ai dit à Bingerville. J’ai donné une image pour dire qu’on n’a jamais construit une maison en commençant par la toiture. Il y a toujours les fondements. On met les briques et on arrive à la toiture. Le choix du candidat, c’est l’avant dernier acte, avant le dernier acte qui est son élection. Mais avant tout cela, il faut préparer le terrain. Je viens de vous dire que c’est ce 31 mai qu’on arrête toute la restructuration du parti, on va faire l’inventaire de notre personnel politique sur le terrain. On va tester ce personnel politique par l’enrôlement qui arrive. Si on constate que l’enrôlement est un fiasco, ça veut dire que nous ne sommes pas encore dynamiques, il faut remettre la tête à l’ouvrage. Et c’est au fur et à mesure qu’on va arriver à un parti organisé, performant, efficace et en ce moment-là, on dira qu’on choisit quelqu’un. Mais si tu commences à choisir maintenant, c’est comme si tu mettais la charrue avant les bœufs. Donc, chaque chose en son temps. Donc, ne soyez pas pressés.

Avez-vous un appel à l’endroit des militants ?

Je voudrais demander aux militants de rester sereins. C’est le message que me donne le président du parti pour eux. Que tous les militants soient soudés, mobilisés autour du président Bédié qui nous conduit en 2020, à bon port. Et que tous les militants fassent confiance au président qui leur a déjà dit que la dissolution du Pdci n’est pas à l’ordre du jour. Je pense qu’à partir du moment où on dit que le Pdci n’est pas dissous, mais il leur appartient de travailler pour que le Pdci glane des lauriers. Mais, il ne faut pas se morfondre toujours dans les plaintes. Non, il faut se mettre sur le terrain et il faut réussir l’enrôlement. Que celui qui est Pdci prenne son courage à deux mains et aide nos militants à s’enrôler. Et le vrai cadre du Pdci-Rda, c’est celui-là. C’est cela aujourd’hui, notre priorité, l’enrôlement et la préparation des élections municipales et régionales. Le président a déjà dit qu’on ira en Rhdp et je reprends : partout où il n’y a pas de consensus, la compétition sera ouverte. Mais, le principe, c’est d’aller en Rhdp.

Propos recueillis par Diarrassouba Sory

Source: Le Nouveau Réveil du vendredi 1er juin 2018