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Côte d’Ivoire : Incendie à Grand-Bassam, « un ressortissant Syrien » accusé

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Samedi, 2 mai 2020

Côte d’Ivoire : Incendie à Grand-Bassam, « un ressortissant Syrien » accusé

Ce samedi 2 mai 2020 à l'aube, précisément aux environs de 5h du matin, un violent incendie a emporté des magasins d’objets d’art au Village artisanal de Grand-Bassam, comme constaté sur place par une équipe de reportage de Aprnews.

Le brasier qui a emporté 6 magasins, a été éteint grâce à la promptitude de quelques artisans qui avaient dormi sur place, aidés par quelques riverains, avec l’appui final des Sapeur-pompiers militaires (GSPM) de la caserne de Marcory à Abidjan, arrivés peu avant 6 h du matin. Il n’y a pas eu de perte en vie humaine. Mais le dégât matériel est important. Plusieurs meubles et objets d’arts partis en fumée.

Qu'est-ce qui peut bien être à l’origine d’un tel sinistre ? Pour les artisans sur place, le feu est d’origine criminel. Et pour eux, le responsable n’est tout autre qu’un groupe de ressortissants Syriens qui construisent depuis plusieurs semaines, un supermarché dans le dos des magasins, et qui n’ont cessé de les menacer de déguerpissement.


C’est du-moins la ferme conviction de Michel Gbamé Bilé, l’un des sinistrés : « Début mars 2020, ces ressortissants Syriens sont arrivés et ont commencé à construire juste derrière nos stands. Ils nous ont dit qu’ils bâtissaient un supermarché, et que nous devons libérer le site, qui constitue selon eux, la devanture de leur supermarché. Nous leur avons opposé un refus, en leur demandant de s’adresser à la Mairie. Car c’est elle qui nous autorise à rester sur ce site. Ils ont donc commencé à nous menacer, disant qu’ils feront démolir nos magasins, à tout moment. Je pense que c’est ce qu’ils ont fait aujourd’hui en y mettant le feu, à l’aube. Un sportif qui passait là tôt ce matin dit avoir vu des gens en train de mettre le feu aux magasins. Je pense qu’ils ont profité du couvre-feu pour le faire. Aujourd’hui, j’ai tout perdu », nous a confié l'artisan, la mort dans l'âme.

Selon lui, 8 ouvriers passent la nuit sur le chantier du supermarché en construction. Et, « si leur patron n’était pas impliqué dans l’incendie, ils auraient pu intervenir pour éteindre le feu, avant même qu’il ne prenne de l’ampleur. Nous avons vraiment sous-estimé leurs menaces », a-t-il déploré.
Djikandé Modibo, un autre artisan sinistré, dit même avoir échangé avec un des ressortissants Syriens, le vendredi 1er mai 2020. Un dénommé Aboudalah, qui lui aurait donné un ultimatum. « J’ai échangé avec Aboudalah le vendredi 1er mai 2020, ici même sur le site. Il me disait qu’il fera tout pour que d’ici au lundi (4 mai 2020. Ndlr), ce site soit dégagé pour que l’accès à son chantier soit libéré. Je lui ai donc suggéré d’aller voir les autorités municipales, afin qu’elles lui donnent un document nous disant officiellement de quitter. Sans quoi, nous ne bougerons pas. Voilà comment je lui ai répondu avant qu’on se quitte. Franchement, je ne pouvais pas m’imaginer que c’est de cette façon-là qu’il comptait nous faire partir. Aujourd’hui, tous les 6 magasins qu’il ne voulait pas voir, sont partis en fumée. C’est vraiment cruel ! Il me disait que, sur un de ses sites situé à Anani (Route de Grand-Bassam. Ndlr), il avait donné 250 mille F CFA à la Police pour chicoter les occupants qui refusaient de quitter ».

“ Le préjudice financier estimé à plus de 50 millions F CFA “

Djikandé Modibo estime le préjudice subit à plus de 50 millions F CFA. « Il y a 6 magasins qui ont été atteints par le feu. Au-delà de ces 6 magasins, deux autres ont été démolis pour empêcher le feu de s’étendre. C’est le fruit de 30 années de travail qui est parti en fumé. Tous les 6 magasins brûlés, c’est plus de 50 millions F CFA de pertes. Les gens nous sponsorisent pour que nous puissions travailler et les ravitailler. Nous ravitaillons des centaines de galeries à Abidjan. Quand un drame pareil survient, qu’est-ce qu’on peut leur dire ? Des lits, des œuvres d’art et autres objets de grandes qualités, payés d’avance, ont brûlé ».
Tarfagua Clément, un autre sinistré, demande pour sa part une enquête « rapide afin que les responsabilités soient situées ».


Sur le chantier du supermarché, jouxtant le site des magasins calcinés, nous avons tenté d’avoir le contact d’un des ressortissants Syriens, afin de prendre leurs réactions. Peine perdue ! Aucun des ouvriers sur place, n’a accepté de nous remettre de contacts. Aucun d’eux, non plus, n’a souhaité se prononcer sur le sinistre.


Assemian Yapo, Directeur de Cabinet du ministère de l’artisanat, dépêché sur les lieux, a déploré la situation. En attendant que les responsabilités soient situées, et que des mesures soient prises en faveur des artisans sinistrés, il a annoncé le déplacement du village artisanal sur un nouveau site. « C’est vraiment déplorable, ce qui s’est passé surtout en cette période de crise sanitaire. Nous veillerons à ce que la lumière soit faite sur ce drame. Mais, cela montre encore la nécessité du récasement de ces artisans sur le nouveau site. Ce n’est pas prudent qu’ils restent sur ce site qui est une emprise de la voie publique. Nous allons nous y atteler », a-t-il fait savoir.

La rédaction APRNEWS
Anne-Marie Kacou