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Côte d'Ivoire- Elections locales : Yasmina Ouégnin sans détours

apr-news/ Yasmina Ouégnin sans détours, ce qu’elle pense d’une alliance entre le Pdci et le Fpi
Jeudi, 1 novembre 2018

Côte d'Ivoire- Elections locales : Yasmina Ouégnin sans détours

APRNEWS- Elections locales 2018, situation au Pdci-Rda, Rhdp, 2020

Eu égard à ce qui s’est passé à ces élections locales, y a-t-il lieu de craindre pour 2020 ?

La plupart des acteurs politiques ivoiriens ont effectivement le regard tourné vers 2020. Ils sont tellement obnubilés par cette échéance qu’ils en oublient les urgences quotidiennes. Me concernant, je ne pourrai pas vous dire que ces élections 2018 me plongent automatiquement dans une grande réflexion pour 2020. Par contre, ces scrutins me rappellent à quel point il importe que le pays avance. Mais qu’il avance dans la bonne direction, avec toutes ses filles et tous ses fils, chaque jour, et c’est cela qui devrait être notre préoccupation à tous. Et j’aimerais que nous soyons plus nombreux à comprendre que les efforts doivent-être faits, pas seulement en période électorale, ou à des fins électoralistes. Mais plutôt, à tout moment, par le citoyen lambda, à travers les activités des ONG, l’engagement de la Société Civile, les Associations de femmes, de jeunes, et même par les précieuses contributions de nos chefs religieux, coutumiers et traditionnels. Il nous appartient donc à tous d’être les garants des prochaines élections, sinon nous risquons fort de tous le regretter.

Vous attendiez-vous à ces échauffourées post-électorales en décidant de ne pas vous présenter à ces élections locales alors que beaucoup semblaient vous attendre aux municipales à Cocody ?

Honnêtement, moi je n’ai jamais préjugé ni présagé le pire pour mon pays. Donc, je ne souhaitais pas que ces élections locales se passent dans la violence. Cependant, cela ne me surprend guère dans la mesure où nous avons décrié depuis de nombreuses années, diverses insuffisances de la commission chargée de l’organisation des élections, car elle ne garantissait nullement la transparence et l’équité nécessaire à la tenue d’un scrutin apaisé.

Pour ma non-participation aux municipales, elle s’explique par le fait que je sois contre le cumul des postes. Tout le monde le sait, je ne l’ai jamais caché. Je pourrais naïvement croire que dans les années 1970 - 80 et même 90, qu’il n’y avait pas assez d’Ivoiriens compétents, prêts à occuper des postes de responsabilités. Mais, aujourd’hui, c’est une certitude, la Côte d’Ivoire regorge d’hommes et de femmes expérimentés et d’une population qui a atteint une maturité politique, forgée par toutes ces différentes crises. Je suis honnêtement convaincue que nous pouvons être plus nombreux à servir chacun à des postes différents. Dans une saine concurrence et une saine émulation, avec pour objectif unique et final, de faire de la Côte d’Ivoire, ce havre de paix et de prospérité tel que connu à l’époque du Président Félix Houphouët-Boigny.

Après quelques frasques avec votre parti, le Pdci-Rda, quels sont vos relations aujourd’hui avec cette famille politique ?

D’abord, je n’accepterai pas le mot ‘’frasque’’ qui est négativement connoté, je dirais plutôt, incompréhension ou divergence d’opinion. Je suis toujours membre du Bureau Politique du Pdci-Rda, à jour de mes cotisations. Je me félicite donc de voir que la direction du parti, quatre ans après que j’ai attiré son attention, se désolidarise de cette conception « démocratique » qui veut imposer un retour à la pensée unique avec un parti unique. Déjà, au lendemain de mon élection pour mon 1er mandat, lors d’une interview que j’ai accordée, en mars 2012, à un media local, l’ex-quotidien Nord-Sud, j’invitais les Présidents Ouattara et Bédié à ne pas nous entraîner dans une logique de parti unique et de pensée unique dont, à peine élue, j’entrevoyais les prémices. Depuis quelques mois, je me réjouis donc que le Pdci-Rda revienne à ses fondamentaux, retrouve les valeurs d’union, de travail, de lien générationnel… Ce que j’ai toujours souhaité pour ce parti qui m’est cher est qu’il recommence à retrouver son identité.

Malgré tout, on note un Pdci en pleine division, avec la naissance de mouvements tel ‘’ Sur les traces d’Houphouët-Boigny’’, qui a réussi, avec le Rhdp, à gagner des localités aux élections locales. Comment jaugez-vous, à l’aulne de ces divisions, l’ambition du Pdci de reconquérir le pouvoir en 2020 ?

Je ne pense pas que le mouvement ‘’Sur les traces d’Houphouët-Boigny’’ ait présenté des candidats à ces élections. Je ne comprends donc pas tout à fait la question, mais le Pdci a également présenté des candidats et le Pdci a eu une performance plus qu’honorable. En tout état de cause, le militantisme est une libre adhésion, on choisit d'appartenir à un parti et on décide d’en sortir. Je pense que c’est aux créateurs de ce mouvement qu’il faut poser cette question.

Peut-on dire du Pdci qu’il est en danger présentement avec débauchage de cadres ?

Je ne le crois pas. Qui connaît l’histoire du PDCI saura que ce parti a toujours pu se mettre en ordre de bataille quand il s’agit de défendre ses idéaux. Il parvient encore et toujours à s’appuyer sur sa base, et je pense que sa base est toujours aussi disposée et disponible pour l’aider à reconquérir le pouvoir d’Etat.

Pourquoi vous tenir encore loin du président Bédié au moment où il épouse la vision que vous défendez depuis plusieurs années ?

Qu’entendez-vous par « se tenir encore loin ». Ma posture, comme celle de tout un chacun, est dictée par un certain nombre de circonstances. Toutefois, je reste convaincue qu’à chaque fois que le Parti m’a fait appel, j’ai répondu présente.

Comment entrevoyez-vous l’avenir du Pdci dans ce contexte trouble ?

L’avenir du PDCI n’est pas plus important que le devenir de la Côte d’Ivoire, dans son unité et son intégrité. Nous sommes à un tournant décisif de notre jeune nation et cela demande que nous fassions preuve d’un sens des responsabilités. Nous devons chercher à aller de l’avant avec des formations politiques qui optent pour des débats constructifs, privilégient le dialogue inclusif et la démocratie en leurs seins. Ces entités peuvent même faire ponctuellement des alliances selon les intérêts du moment, à condition que celles-ci aient pour objectif de servir les aspirations légitimes des populations. Il est impérieux qu’une place de choix soit réservée, à la formation de leurs leaders, de leurs jeunesses, de leurs militants afin qu’ils n’instrumentalisent pas les populations. Si les Ivoiriens comprennent finalement qu’il n’y a pas plus important que la Nation, alors tous les groupements politiques pourraient avoir un avenir.

Que pensez-vous, en définitive au Pdci, d’une possibilité d’Alliance qui se profile entre ce parti et le Fpi ?

J’ai eu à le dire précédemment, la vie politique de la Côte d’Ivoire a été et sera toujours ponctuée d’alliances. Rappelez-vous, le PDCI est né de l’alliance des forces vives qui luttaient pour l’indépendance. Après nous en avons eu plusieurs autres alliances tel que le Front Républicain durant les années 90 qui regroupait le FPI et le RDR ainsi que le Groupement RHDP, créé en 2005, La Majorité Présidentielle (LMP) qui a vu le jour à l’occasion des élections de 2010,... Alors, ce ne sera pas nouveau si face aux enjeux imminents, ces deux partis, voire plus, décident de s’unir pour impulser un changement.

Avec L'Infodrome