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Côte d'Ivoire-Elections locales « On nous a empêchés d’avoir accès à certains bureaux de vote » Samy Merhy 

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Vendredi, 2 novembre 2018

Côte d'Ivoire-Elections locales « On nous a empêchés d’avoir accès à certains bureaux de vote » Samy Merhy 

APRNEWS-Le maire sortant de Lakota rompt le silence plus de deux semaines après le scrutin municipal. Samy Merhy, candidat indépendant à sa succession, évoque les incidents qui ponctué l’élection dans sa commune. Il a accordé un entretien, jeudi 1er novembre 2018, à des organes de presse écrite et des médias en ligne. 

L’élection municipale à Lakota a été émaillée de violences, avec de surcroît un mort. Comment, en tant que maire sortant et candidat à sa succession, vous expliquez cette situation ?

Nous déplorons les incidents, les cas de violences qui ont été constatés, à l’occasion de l’élection municipale, à Lakota. Nous avons appris qu’il y a eu effectivement un mort ; ce que nous déplorons. Nous présentons nos condoléances à la famille éplorée. 

Le fait que la personne décédée appartienne au camp adverse nourrit des suspicions contre vous et votre staff...

Appartenir au camp adverse ? Je ne sais pas. J’étais à mon Qg, le jour de l’élection, lorsque j’ai appris qu’une personne de nationalité malienne est décédée. Encore une fois, nous présentons nos condoléances à la famille éplorée. Notre souhait, c’est qu’une enquête vienne faire la lumière sur tous les incidents qui ont émaillé le scrutin. Ces incidents sont nombreux : la mort d’une personne ; plusieurs autres types de violence. Un enfant de 7 ans a eu le bras cassé, tout simplement parce qu’il chantait mon nom ; un autre qui dansait devant mes affiches, violenté, a été hospitalisé (il montre les photos, Ndlr). Certains de nos partisans ont été tailladés à la machette. Je ne parle pas de mes affiches endommagées et de mon minibus brûlé. 
L’enquête situera les responsabilités. Nous avons pleinement confiance en notre justice. En attendant, nous appelons les populations au clame et à l’apaisement.

L’avant-élection était tendu. Est-ce qu’il n’y avait pas des signes annonciateurs de cette violence le jour du scrutin ?

Des signes annonciateurs de ces violences ont existé, malheureusement. Nous avions fait deux notifications, le 9 octobre 2018, par voie d’huissier : une au préfet, une autre à la Commission électorale. Nous les avons pris à témoin sur l’environnement préélectoral, sur certains agissements, des violences en préparation, des armes qui seraient rentrées dans la commune. Des informations recoupées faisaient dire que des personnes préparaient des troubles pour en faire porter la responsabilité au camp Samy Merhy. Toutes ces informations sont contenues dans les courriers que nous avons adressés à ces deux autorités. 

Vous pensez que les dispositions n’ont pas été prises pour parer à d’éventuelles violences ?

Nous n’avons pas eu de retour à nos courriers. Nous ne saurions dire précisément quelles dispositions ont été prises. 

Vous avez introduit un recours auprès de la chambre administrative de la Cour suprême. Cela voudrait dire que vous contestez la victoire du candidat du Rhdp. Pourtant, selon les résultats de la Cei, il y a un écart d’environ 3.000 voix entre vous ?

Nous avons effectivement introduit un recours auprès de la Cour suprême. Nous estimons qu’il y a eu des irrégularités et des incidents suffisamment graves qui appellent, sinon à une reprise du scrutin, du moins, à une réévaluation du résultat. Des urnes ont été, par exemple, brûlées. Ce sont celles où mon staff et moi avons voté. Ce qui signifie des voix n’ont pas été comptabilisées. On nous a empêché d’avoir accès à certains bureaux de vote, à partir de 14h30. J’ai dû moi-même quitter la ville aux environs de 15h parce que me vie était menacée. L’ambiance était délétère. Des hommes en armes ont eu à tirer sur deux agents de la Crs de Gagnoa. 
J’ai gagné pratiquement, dans tous les bureaux de vote, sauf les quelques lieux auxquels nous n’avions plus accès à une certaine heure : école coranique, école Najib, école protestante, Ifef. Des barrages ont été érigés. Nos représentants ont été menacés sous le prétexte que le maire Samy et son staff auraient tué une personne. A partir de 15 heures, tous nos représentants avaient quitté les bureaux de sorte que nous n’avions plus personne dans lesdits bureaux. On n’avait pas de Pv. Mieux, les dépouillements ne se sont pas faits sur les lieux de vote, mais, à la préfecture. Ce sont ici quelques irrégularités. Nous pensons que, dans de pareilles circonstances, une telle élection tenue dans une atmosphère de violence devrait être annulée. Il y a des précédents en la matière. Nous faisons confiance à la justice. 

Si la Cour suprême venait à confirmer le verdict de la Cei, seriez-vous prêt à féliciter votre adversaire ? 

Nous prendrons acte de la décision de la Cour suprême. Nous agirons en démocrate. 

Si votre défaite était confirmée, allez-vous arrêter la politique ?

Nous n’en sommes pas là puisque nous sommes dans l’attente de la décision des juges. Quoiqu’il en soit, je resterai au service de mes parents. Elu ou pas, je serai toujours à l’écoute de mes parents.

Elu indépendant en 2013, vous avez rejoint le RDR. A la veille des récentes élections municipales, vous avez tenté un rapprochement avec le Pdci. Est-ce que vous ne faites pas les frais de cette inconstance ?

Faire les frais de cette inconstance signifierait que notre liste a définitivement perdu et que nous avons été sanctionnés dans les urnes. Or, je viens de vous signifier que nous avons introduit un recours en raison de ce que nous considérons que des irrégularités et des incidents suffisamment graves ont entaché le scrutin. Donc je vous prierai d’attendre le verdict des juges. Au demeurant, il n’y a absolument aucune inconstance dans ma démarche. J’ai été élu indépendant en 2013, puis j’ai offert ma victoire au président Alassane Ouattara. Pour nous, il était important d’être en symbiose avec le président de la République, de nous mettre à sa disposition et de permettre à Lakota de bénéficier des retombées de sa politique. Tout cela participait aussi à l’orientation de la politique nationale. Nous avions besoin de nous unir après la crise que notre pays avait connue. J’assume totalement cette position.