Vous êtes ici

Back to top

Côte d’Ivoire : de la rébellion au terrorisme, la pauvreté...

APRnews - Attaque djihadiste - Actualité - Kafolo - Gbéya - Côte d'Ivoire
Vendredi, 12 juin 2020

Côte d’Ivoire : de la rébellion au terrorisme, la pauvreté...

En Côte d’Ivoire, la zone où l’on rencontre les populations les plus démunies, c’est dans la partie Nord. C’est la zone la moins peuplée et la moins développée. Une situation accentuée par les 9 années de crise armée traversée par le pays de 2002 à 2011, et pendant lesquelles toute la région Nord a été occupée par la rébellion armée. Aujourd’hui, c’est le terrorisme qui tente d’y élire domicile pour plonger davantage les populations dans la misère.

Jusqu’au début des années 2010, la partie Nord de la Côte d’Ivoire, partant d’Odienné (dans le Nord-Ouest, frontalier de la Guinée et le Mali) jusqu’à Bouna (le Nord-Est, frontalier du Burkina Faso et du Ghana) était l’une des zones les plus délaissés du pays, en terme d’infrastructures économiques. Aussi, la faible pluviométrie rend-t-elle les terres moins fertiles et difficiles à labourer. Ce qui pousse la jeunesse vigoureuse en âge de cultiver la terre, à migrer vers les zones forestières du Sud et de l’Ouest.
La décennie de rébellion armée a ainsi contribué à appauvrir davantage cette partie du pays. Pendant toute cette période, aucun projet de développement n’y était possible. La jeunesse a massivement pris part au conflit, laissant de côté les activités économiques. Les quelques rares opérateurs économiques qui opéraient dans la zone, avaient déserté, et aucun touriste ne rêvait de s'y aventurer. 10 ans de retard. Cette crise achevée, toute la zone anciennement appelée CNO (Centre-Nord-Ouest) qui était contrôlée par la rébellion, porte encore les séquelles de cette décennie de conflit.

Les Etats-Unis et le Canada déconseillent à leurs ressortissants, les zones frontalières avec le Mali et le Burkina Faso

Depuis 2011, les nouvelles autorités ivoiriennes font des mains et des pieds pour rattraper ce retard. Korhogo, la capitale du Nord, a changé de visage. La sécurité est de retour dans la zone. De nombreuses localités y ont été électrifiées et d’autres, connectées à l’eau potable, dans le cadre du programme présidentiel d’urgence (PPU) qui s’est déroulé de 2011 à 2015. Des routes ont été bitumées. Des autoroutes ont été construites à l’intérieur de villes de bon nombres de villes du Nord (Ferké, Kong, Katiola, Niakara, etc). Des axes routiers ont été réhabilités (axe Man-Odienné ou encore Korhogo-Ferké). Les touristes ont commencé à revenir dans le Nord et l’activité économique a repris, avec l’amélioration du prix du kg de noix de cajou (400 F CFA, au lieu de 100 F CFA avant 2010).
Aujourd’hui, ce regain d’activité est menacé par un nouveau phénomène : le terrorisme. Depuis maintenant quelques semaines, les activités de mouvements terroristes venant du Burkina Faso voisin, avaient été détectées le long de la frontière. « Nous avions quelques informations sur cette menace de narcotrafiquants alliés aux terroristes, qui veulent avoir accès aux zones portuaires. La Côte d’Ivoire était effectivement dans la ligne de mire », assurait le jeudi 11 juin 2020, le ministre ivoirien de la défense, Hamed Bakayoko.
Ce jour-là, en effet, les djihadistes sont passés à l’offensive, tuant une dizaine de militaires ivoiriens à un poste de contrôle à Kafolo (Ferké) et en blessant 6 autres. Dans la nuit suivante, (nuit du jeudi 11 au vendredi 12 juin), d’autres militaires ivoiriens sont attaqués à Gbéya, dans le département de Kaniasso, faisant deux blessés. Deux attaques en deux nuits. Le scénario parfait pour semer la psychose et le doute dans la population et faire fuir investisseurs et touristes. D’ailleurs, bien avant ces attaques, l’Ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire avait déjà appelé ses ressortissants à éviter toute la bande frontalière d'avec le Mali et le Burkina Faso. Le Canada en avait fait autant dans un communiqué publié le 5 juin 2020 :  « Évitez tout voyage non essentiel dans les zones situées à moins de 50 km de la frontière avec le Mali et le Burkina Faso (dans les régions de Folon, de la Bagoué, du Poro et du Tchologo), ainsi que dans l’ensemble de la région du Bounkani qui comprend le Parc national de la Comoé, en raison du risque d’activité terroriste ».

La rédaction APRnews
Anne-Marie Kacou