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Côte d'Ivoire : Campagne de sénatoriales sous tension

apr-news/ Les Ivoiriens s'apprêtent à élire leurs sénateurs pour la première fois, ce 24 mars 2018.
Jeudi, 22 mars 2018

Côte d'Ivoire : Campagne de sénatoriales sous tension

LE POINT- L'opposition n'entend pas subir ce qu'elle considère comme une organisation « déséquilibrée » du scrutin en vue de déterminer les futurs hôtes du Sénat naissant.

Les Ivoiriens s'apprêtent à élire les premiers sénateurs de l'histoire du pays. Fixé au 24 mars, le scrutin se tiendra dans chacune des 31 régions et des 197 communes que compte l'État ouest-africain. Alors qu'il est prévu par la Constitution de la IIIe République, adoptée lors du référendum de 2016, le Sénat assurera « la représentation des collectivités territoriales et des Ivoiriens de l'extérieur ». Une future institution censée fortifier, un peu plus, la démocratie du pays, et dont se réjouissent les autorités au pouvoir. De nouvelles élections qui auraient pu faire souffler un vent de changement sur le pays… si elles n'étaient pas boycottées par l'opposition, qui ne présente aucune liste (contre 33 pour le Rassemblement des houphouëtistes pour la paix, RHDP pro-Ouattara).

La CEI sous une pluie de critiques

L'objet de la discorde : la Commission électorale indépendante (CEI) – l'appareil qui organise les élections – dont la composition est jugée déséquilibrée par l'opposition. Sur les 17 membres que compte la formation, 9 sont issus de la mouvance présidentielle ou des institutions nationales, 4 de l'opposition et 4 autres de la société civile. Un déséquilibre qui alimente la controverse, tout comme son président Youssouf Bakayoko. C'est lui qui, juste avant la crise électorale de 2010, avait annoncé la victoire d'Alassane Ouattara. Très contestée donc, la CEI a même fait l'objet d'un arrêt de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples le 18 novembre 2016, pour qui « l'organe électoral ivoirien ne présente pas les garanties d'indépendance et d'impartialité ». Pascal Affi N'Guessan, figure de l'opposition et président du Front populaire ivoirien (FPI), s'appuie sur cet arrêt pour engager une action auprès de la Cour suprême, lui demandant de « suspendre la tenue des sénatoriales » organisées par une institution « illégale ».

L'exécutif sourd aux revendications

Un discours repris par le président de la plateforme d'opposition « Ensemble pour la démocratie et la souveraineté » (EDS), Georges Armand Ouégnin. Il a même invité, devant un millier de personnes lors d'un meeting la semaine dernière, a une « marche pacifique pour exprimer [leur] mécontentement ». Prévue ce jeudi, elle rassemble les militants des partis rassemblés sous sa coalition, dont ceux du Rassemblement pour la paix (RPP) de Ouattara Gnonzié et de l'Union des nouvelles générations de Stéphane Kipré. La frange du FPI dirigée par Pascal Affi N'Guessan appelle, elle, à un rassemblement devant le siège de la CEI, selon son chargé de communication contacté par Le Point Afrique. Des revendications qui ne semblent pas atteindre l'exécutif. Via un communiqué le 12 mars, le ministre de la Justice Sansan Kambilé a en effet affirmé que « la question de la réforme de la composition actuelle de la CEI ne se justifie guère ».