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Côte d'Ivoire-Campagne cacaoyère 2018-2019 : Grosse menace sur les achats de cacao

apr-news-Côte d'Ivoire - Campagne cacaoyère 2018-2019 : Grosse menace sur les achats de cacao
Dimanche, 26 août 2018

Côte d'Ivoire-Campagne cacaoyère 2018-2019 : Grosse menace sur les achats de cacao

APRNEWS-Les effets de la crise du cacao en Côte d’Ivoire continuent de se ressentir. La chute brutale des cours du cacao en 2016-2017, la non-exécution des contrats et la faillite du principal exportateur national de cacao Saf-Cacao, ont fortement touché les banques qui ont financé la filière, relève le site d'information Commodafrica.

Aujourd’hui, elles manquent de liquidité, ce qui représente une grosse menace sur les achats de cacao. Cela d'autant plus qu'une telle situation pourrait éventuellement ralentir les achats au titre de la prochaine campagne et potentiellement réduire les exportations en octobre et novembre.

En juin 2018, les banques ivoiriennes accusaient déjà des arriérés d’une valeur comprise entre 100 et 200 milliards de Fcfa au titre de la campagne 2016-2017. S’ajoute aujourd’hui la liquidation de Saf-Cacao avec des créances évaluées à plus de 150 milliards de Fcfa. Le Conseil du café-cacao (Ccc) et les employés de Saf-Cacao devraient être les premiers bénéficiaires de la vente des actifs de la société. « Cela fait 150 milliards de Fcfa qui sont allés en fumée et les prêteurs sont en troisième position dans l’ordre des priorités », a indiqué à Reuters un responsable d’une banque qui a prêté à Saf-Cacao.

Ainsi, les banques ivoiriennes pourront-elles dès le mois de septembre prochain, libérer les fonds nécessaires pour que les exportateurs puissent pré-financer les intermédiaires qui achètent directement les fèves auprès des agriculteurs ? Rien n’est moins sur. « Le manque de liquidité dans notre système bancaire approche à grands pas et il sera au plus bas au début de la nouvelle campagne du cacao, en octobre », a déclaré un banquier à Abidjan. « Ce que nous entendons depuis l’effondrement de Saf-Cacao, c’est que certaines banques ivoiriennes n’ont pas la liquidité nécessaire pour financer les achats de fèves, alors nous nous attendons à des problèmes », a déclaré à Reuters un exportateur basé à Abidjan.

Autre conséquence de la crise, pour la prochaine campagne, le Ccc prévoit de ne délivrer que 30 à 40 permis d’exportation, contre 100 pour la campagne en cours. Ils seront, pour la plupart, octroyés aux grandes multinationales, mettant à mal l’objectif du gouvernement de promouvoir la participation des acteurs nationaux dans la filière cacao.

Vers une hausse du prix du kilo

Le prix minimum garanti du cacao en Côte d'Ivoire pourrait connaître un relèvement pour s'établir entre 750 Fcfa et 800 Fcfa le kilo pour la campagne 2018-2019 qui s'ouvre début octobre, contre 700 Fcfa actuellement, a confié un responsable du Conseil du café-cacao (Ccc) sous le saut de l'anonymat, tel que rapporté par Commodafrica.

La Côte d'Ivoire, pour la prochaine campagne, a décidé de vendre par anticipation aux enchères l'intégralité de sa production 2018/2019. A la mi-août, 1,7 million de tonnes l'avaient déjà été, dont 1,4 millions de tonnes de la récolte principale et 320 000 tonnes de la récolte intermédiaire. Cette vente anticipée de l'intégralité de la récolte devrait aussi permettre à la Côte d'Ivoire de ne pas différencier son prix minimum garanti entre les campagnes principale et intermédiaires.

La production chez le leader mondial demeurerait stable ces deux à trois prochaines années, aux alentours des 1,8 à 1,9 million de tonnes contre 2 millions de tonnes en 2017-2018.

Une baisse due essentiellement à la propagation de la maladie du swollen shoot et à la politique d'arrachage des cacaoyers malades, mais aussi aux actions entreprises contre la culture illégale de cacao, notamment dans les forêts classées. Du 1er octobre 2017, date du démarrage de la campagne actuelle, au 19 août 2018, les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro ont totalisé 1,842 million de tonnes, estiment les exportateurs interrogés par Reuters, en baisse de 8% par rapport à la même période la campagne dernière.