APRNEWS - Après la réunion du comité de direction du 29 mars dernier, le Rassemblement des républicains (Rdr) a tenu un bureau politique le jeudi à Abidjan pour étudier divers points notamment, la question du parti unifié du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp).  

Comme à l’accoutumée, le parti présidentiel a rappelé son attachement au parti unifié dont il prévoit la mise en place avant les élections présidentielles de 2020.

«Conformément aux engagements que nous avons tous pris au sein du comité de haut niveau et conformément aux conclusions du manifeste qui a été paraphé par tous les partis sans exclusive, le parti unifié se mettra en place avant 2020», a indiqué le porte-parole du Rdr, Mamadou Touré lors de la conférence de presse ayant sanctionné le bureau politique.

Mais bien avant cette étape qui devrait matérialiser le projet du parti unifié, le parti à la case prévoit l’organisation d’un congrès extraordinaire le 5 mai à Abidjan. A cette occasion, les congressistes adopteront, sauf cataclysme de dernière minute, «les textes du parti unifié tel qu’arrêté dans le cadre du comité de haut niveau», a précisé M. Touré. Le choix du congrès répond selon le responsable du Rdr, à un processus mis en place au niveau de chaque parti ; lequel doit aboutir à l’adoption des textes pris au sein du comité de haut niveau.

Le Rassemblement des républicains, sans le dire de façon formelle, a botté en touche les revendications de son principal allié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda). Derrière le formalisme adopté par le parti au pouvoir, c’est-à-dire, se conformer dogmatiquement à la feuille de route arrêtée au sein du comité de haut niveau, la position du Pdci-Rda hante chaque rencontre du Rdr. Peut-il tenir une réunion sans regarder par les persiennes l’ombre des déclarations de cadres du Pdci-Rda hostiles au parti unifié ?

La question oubliée

La création du parti unifié avant 2020, prend à défaut la position de plusieurs hauts cadres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda, membre de l’alliance au pouvoir). Pour ces derniers, le parti unifié n’est pas une question prioritaire.  

« Si parti unifié il doit y avoir, ça sera après l’alternance », avait affirmé Jean-Louis Billon, porte-parole adjoint du Pdci-Rda, lors d’un hommage rendu à Henri Konan Bédié le 10 mars à Yamoussoukro (Centre du pays).

Une déclaration qui avait valu au Pdci-Rda des critiques acerbes de la part du Rdr. Mais à l’étonnement général, la déclaration appuyée par celle du professeur Maurice Kacou Guikahué, secrétaire exécutif du parti vert blanc, avait été soutenue par le groupe parlementaire Pdci-Rda le 13 mars 2018.

Depuis, la guerre des mots et des déclarations assassines n’ont fait que creuser le fossé entre les deux principaux partis de l’alliance. Divergence de vue sur ce qui a été en août 2015, un point de convergence, à savoir la création illico presto du parti unifié.

Le vieux parti tient à l’application d’une clause secrète de l’appel de Daoukro qui prévoit, selon le Pdci-Rda, une alternance en faveur du parti de Bédié en 2020. Le parti de M. Alassane Ouattara ne semble pas prêt à céder face à ce que certains cadres du Rdr considèrent comme un chantage honteux et inacceptable. Les positions se raidissent et ce n’est pas une déclaration audio de Guillaume Soro enregistrée lors de la réunion du 29 mars qui nous convaincra du contraire.

«Je pense qu’il faut que nous ayons un cadre formel pour examiner cette question de façon approfondie. Parce que telles que les choses se présentent, il y a le sentiment bien réel que le Rdr court, coûte que coûte, derrière le parti unifié et les autres temporisent. Or ce sont les autres qui, normalement, devraient courir derrière le Rdr pour un parti unifié», avait laissé entendre le président du parlement ivoirien avant de souhaiter que son parti devienne « un fleuve » dans lequel viendront se déverser « les rivières », une belle allusion faite au Pdci-Rda.

En allant donc à son congrès extraordinaire de mai, le Rdr trainera ce boulet du Pdci-Rda même s’il feint l’ignorer pour l’instant. Loin des trompettes, il devra se pencher sur les récriminations de son allié pour espérer voir naître le parti unifié, à tout le moins, réconcilier les positions sur un agenda définitif.

Serges Kamagaté