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Côte d’Ivoire : Bédié et Ouattara, la « guerre » totale

apr-news/ Tout tombe de Charybde en Scylla entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié.
Vendredi, 20 juillet 2018

Côte d’Ivoire : Bédié et Ouattara, la « guerre » totale

APRNEWS- Tout tombe de Charybde en Scylla entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Les deux alliés d’hier se font ouvertement la « guerre » depuis quelques mois. 

Le dernier épisode en date de ce qui convient d’appeler « la guerre des héritiers » d’Houphouët Boigny, est la mise sur le banc de touche de tous les cadres du PDCI-RDA qui siègent dans le gouvernement formé le 10 juillet 2018. Ils ont été virés du Secrétariat exécutif du parti septuagénaire seulement  9 jours après avoir accepté, sans l’accord de leur parti, de faire partir de l’équipe gouvernementale.

La sanction était fortement attendue dans les rangs du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA). Le rendez-vous manqué du conseil de discipline du 6 juillet avait laissé un goût amer en travers de la gorge d’un bon nombre de militants et observateurs. 

Alors que tout le monde s’attendait à ce que la guillotine tombe sur Adjoumani et ses amis du mouvement « Sur les traces d’Houphouët Boigny », le conseil de discipline a sanctionné un « menu fretin » qui s’était attaqué à la décision du Bureau politique de ce parti. 

Tous les ingrédients étaient réunis pour que le président Bédié passe un grand coup de balai dans la maison laissée par le père fondateur. Car, deux jours avant, l’actuel ministre des ressources halieutiques, avait lancé, en présence de quelques ministres PDCI, le courant politique qui, selon lui, n’est pas une formation politique.

En levant le pied le 6 juillet, le conseil de discipline, sous le regard vigilant de Bédié, voulait passer sans doute la main au chef du parti pour « frapper » les «indisciplinés ».

Selon certains analystes, le Sphinx de Daoukro, connu pour être peu bavard et riche en stratégies, voulait voir jusqu’où irait Adjoumani et les autres ministres issus du PDCI. En acceptant de siéger dans le gouvernement ivoirien  sans l’accord de Bédié, les cadres du vieux parti ont ajouté la dernière goutte qui a fait déborder le vase. 

La «guerre » totale

La guerre sera désormais totale et sans concession entre Ouattara et son « Aîné » Bédié. La décision excluant les ministres PDCI du Secrétariat exécutif, achève de convaincre sur la logique du parti démocratique ivoirien, à savoir que ce parti aura un candidat à l’élection présidentielle de 2020. Le parti vert blanc n’a cessé d’en faire un refrain. Cette candidature demeure d’ailleurs la pomme de discorde entre le président ivoirien et Henri Konan Bédié. 
 
Bédié peut compter sur sa base et plusieurs instances de son parti qui ne manquent aucune occasion pour lui réaffirmer leur soutien. Les parlementaires PDCI qui ont appelé à faire « bloc » autour de leur président ont été suivis par les Sénateurs. Lors du recensement électoral en prélude aux prochaines élections régionales et municipales du 13 octobre 2018, le PDCI a chaussé les bottes, parcourant hameaux et villas pour appeler ses militants à s’inscrire sur le listing électoral.

En face, le camp Ouattara ne baisse pas les armes. D’ailleurs, Alassane Ouattara a jugé « inacceptable », le report du congrès du PDCI qui devait valider les textes du parti unifié. Sous la férule du vice-président Daniel Kablan Duncan, les ministres PDCI ont été reconduits et deux autres ont rejoint l’équipe de Gon Coulibaly sans aucune consultation du président Henri Konan Bédié.

Alassane Ouattara a désormais en main, toutes clés du parti unifié. Il a été désigné président de ce groupe « N’zassa » conduit principalement par le Rassemblement des républicains (RDR) le parti présidentiel. Bédié mis en congé du RHDP, la ligne de démarcation est désormais bien visible pour que les coups politiques des anciens alliés gagnent en vigueur.

Que réserve ce désamour entre Bédié et Ouattara ? Selon Jeune Afrique, « la ligne est coupée entre Ouattara et Bédié ». Les deux leaders ne se parleraient plus. Cela préfigure d’importants déplacements de chaises dans l’appareil administratif comme on sait si bien le faire en Afrique lorsque les alliances politiques au pouvoir volent en éclats. 

L’avenir éclaircira nos lanternes…