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Côte d'Ivoire : Amon Célestin - Secrétaire Général FPI Alépé, « Nous reprenons le pouvoir au soir d’octobre 2020 »

APRNews - Amon Célestin, secrétaire général FPI Alépé : « Nous reprenons le pouvoir au soir d’octobre 2020 » - Actualité - Abidjan - Côte d'Ivoire
Mardi, 21 juillet 2020

Côte d'Ivoire : Amon Célestin - Secrétaire Général FPI Alépé, « Nous reprenons le pouvoir au soir d’octobre 2020 »

Amon Célestin est le Secrétaire Général de la Fédération FPI (Front Populaire Ivoirien) d’Alépé depuis mai 2015. Il a été réélu à cette fonction le 6 octobre 2018. Dans cette interview, il aborde plusieurs sujets, notamment le processus d’enrôlement, qu’il qualifie de ''maillage de la société ivoirienne''. Interview…

La Côte d’Ivoire est marquée par le décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, candidat du RHDP. Que vous inspire cette disparition ?

Je voudrais d’abord bénir Dieu pour cette opportunité. Ensuite, saluer tous les lecteurs. Je félicite tous les journalistes de cet organe et que je salue avec respect le premier responsable. J’aimerais profiter de cette lucarne pour saluer toute la Fédération d’Alépé, en tête les élus de la Fédération au Comité Central, le Bureau Fédéral et tous nos doyens et doyennes d'âge, qui malgré leurs âges avancés, se battent au côté de la vérité contre toute forme de domination, sans ruse, ni compromission. Revenant à votre question, est-ce que la perte d’un individu peut apporter une inspiration ? Je suis peiné car quelque soit le rapport à cet être humain, son décès constitue une perte. Les proches sont éprouvés tout comme les lointains et opposants, car c’est avec les vivants qu’on fait la politique et non les morts. Je voudrais à cet effet adresser humblement mes condoléances à la famille éplorée, mais surtout à la veuve, aux enfants et à la mère du disparu. Sa disparition laisse un vide à tous les niveaux.

Considérant cette réalité, craignez-vous que le Chef de l’Etat décide finalement de briguer un 3ème mandat ? Il dit qu’il en a le droit.

Je voudrais dire que je ne suis pas du tout surpris que le chef de l’Etat veuille briguer un 3ieme mandat. En revanche, je redoute fort qu’il ne brigue pas un autre mandat. C’est son refus de vouloir briguer un autre mandat, au moment où ses partisans ont plus besoin de lui pour leur sécurité qui suscite chez plus d’un des craintes à cause des velléités de guerre des héritiers déjà perceptibles.

Dit autrement, pour celui qui suit la situation politique en Côte d’Ivoire, le Chef de l’Etat sera candidat pour briguer un autre mandat que l’on veuille ou pas, puisque tripatouiller est composite de l’ADN du RDR mué en RHDP.

Le processus d’enrôlement vient de s’achever. Un mot sur cette action d’abord au niveau de votre Fédération puis au plan national ?

Rires….

Le processus d’enrôlement vient de s’achever ? Dites plutôt que le maillage de la société ivoirienne vient de prendre forme. Le RHDP vient de saper les bases de la société ivoirienne. Comment pouvez-vous expliquer toute cette fraude professionnelle sur l’enrôlement, ce mal démocratique et juridique, qui a entouré et marqué cette opération qui va créer un mal sociétal désastreux pour notre patrie ?

Je vous rapporte ce que le comité mis en place par le Bureau Fédéral relativement à cette opération a pu voir. En effet, le lundi 29 juin 2020, le comité s’est rendu dans le centre d'enrôlement du Lycée Moderne d'Alépé pour voir comment les choses se passaient. Notre constat est que le pays est en danger.

Que s’est-il réellement passé lors des opérations ?

Le comité a vu messieurs Zamblé (Directeur des études d’un collège d'Alépé et SG des enseignants du privé du RHDP) et Diarrassouba (Educateur au lycée moderne, du militant RHDP) en entretien avec les élèves, venus se faire enrôler. Quand un des membres du comité, qui les connaissait, s’est approché d’eux, ils étaient visiblement gênés. Après les avoir salués, il a rejoint son équipe vers les agents d'enrôlement, tous ceux qu'ils enrôlaient étaient des élèves et des nouveaux majeurs. Chose étrange, quand l'enrôlement est fait, les élèves retournaient dans le bureau de la DMOSS tenue par madame Ahouassa et ils remettaient leur certificat de nationalité qui a servi à l'opération.

Le comité a aussi vu certains membres de l’administration passer dans les classes de terminale et de troisième, pour expliquer aux candidats aux examens du Baccalauréat et du BEPC, majeurs qu'il y avait une bonne volonté qui veut les aider à avoir leur carte nationale d'identité nécessaire pour l’examen scolaire, dont l'établissement pourrait leur coûter plus de 15.000 FCFA. Et pourtant, le proviseur a fait savoir à tous que la CNI n'était pas obligatoire à l'examen, selon les consignes reçues d'en haut, et que les candidats n'avaient qu'à avoir leur carte scolaire.

Quel est le rapport entre le don de certificats de nationalité et l’enrôlement des élèves que vous dénoncez ?

Le comité a cherché à satisfaire notre curiosité.

En sortant du lycée moderne, un membre a été interpellé par un responsable local du PDCI, qui lui a fait savoir que les nouveaux majeurs étaient amenés à s'enrôler et qu'en revenant avec le reçu d'enrôlement et le certificat de nationalité, les militants du RHDP ci-dessus cités leur redonnaient le reçu d'enrôlement et 500 FCFA. Eux-mêmes, ces recruteurs-démarcheurs du pouvoir avaient 500 FCFA par dossier.

Pour en avoir le cœur net, le comité est reparti dans le centre d'enrôlement, pour interroger plus d'une dizaine de ces nouveaux majeurs qui ont confirmé les faits.

Vous voyez qu’au lieu de passer de cour en cour et dans les villages pour s’adonner à leurs activités, ces démarcheurs du RHDP veulent faire de la politique dans le lycée.

Déjà, il faut rappeler que le nommé Diarrassouba passait son message aux élèves de la terminale D1 dans la classe. Alerté de ces pratiques, nous avons mis un comité pour suivre de près cette opération.

Qu’avez-vous fait face à cette situation ?

Après le lycée, le comité a rencontré le président de la CEI d'Alépé, monsieur Brou, pour lui a exposer les faits, sans avoir manqué de lui dire que ses agents avaient même enrôlé des personnes sur simple présentation de la demande du certificat de nationalité. Il a répondu avoir entendu parler de ces faits que le comité lui exposait. Il a dit être là pour en avoir le cœur net et qu’il allait corriger les choses.

Même dans les villages, des irrégularités ont été observés. Le 28 juin 2020, à Memni, il y a eu bagarre parce que des gens ont convoyé des personnes depuis Abidjan pour venir s'y faire enrôler. Chose que la population de Memni n'a pas accepté et a voulu brûler les véhicules de transport. Il y a eu aussi des échauffourées à Montézo et à Ahoutoué. Monga a manqué de peu d'en venir aux mains avec ces personnages indélicats.

Le comité a aussi vu que les demandeurs du certificat de nationalité ne l'ont pas tous récupéré à la sous-préfecture, comme cela se doit ou chez celui qui les a aidés à les avoir, comme cela est généralement le cas. En effet, quatre jeunes venus de Monga, n'ont pu retirer leurs documents à la sous-préfecture où ils avaient fait la demande. Certains sont repartis à la maison. Par contre, à certains, il a été demandé d'aller voir à la mairie. Une fois là-bas, on leur a tendu un certificat de nationalité qui n'est pas le leur pour faire l'enrôlement. De recoupement en recoupement, nous avons appris que les certificats de nationalité qui sont retournés (par exemple au bureau de la DMOSS ou ceux que la sous-préfecture a envoyé à la mairie) sont envoyés dans d'autres lieux d'enrôlement, pour servir à enrôler d'autres nouveaux majeurs. Peu importe donc ta nationalité. Voilà ce que fait le RHDP : la patrie est en danger.

A quelques 3 mois de la présidentielle d’octobre, le FPI dont vous vous réclamez n’a pas encore de candidat désigné. Pensez-vous pouvoir être à la hauteur de ce rdv national ?

Merci pour cette question essentielle. La désignation du candidat du FPI à la présidentielle d’octobre 2020 est la question centrale qui occupe et préoccupe les militants actuellement. Je suis aussi surpris que, jusqu’à ce jour, le Secrétariat Général n’ait pu convoquer la Convention pour désigner le candidat du FPI. Le Comité de Contrôle lui aussi est muet et n’est pas en mesure d’interpeller l’organe exécutif du parti sur cette question.

Est-ce à dire que le FPI n’aura pas de candidat à cette échéance ?

Je ne crois pas que la direction du parti puisse s’adonner à ce jeu malsain qui frise un complot contre le FPI, mais surtout contre les fondateurs du parti, qui ont rêvé d’une Côte d’Ivoire démocratique, souveraine, socialiste et prospère. Cette direction se sera disqualifiée et aura montré à la face du monde qu’elle est corrompue et travaille pour les impérialistes, qui ont pris le président Laurent Gbagbo en otage. Elle aura également montré qu’elle est complice de la mort du Vice-Président Sangaré Abou Drahamane. Cette direction serait donc la cheville ouvrière de ceux qui avaient dit : « C’est fini pour Gbagbo, c’est fini pour le FPI ». Si la convention n’avait pas lieu pour désigner notre candidat, les militants vont tirer les conséquences ; cette direction se serait montrée coupable de la mort du VP Sangaré Abou Drahamane, à l’effet de « vider le FPI de sa substance ». Car, de son vivant, de tels dérapages, à la limite des délits, ne pouvaient se produire.

Cela dit, notre structuration est telle que ce rdv n’est pas au-dessus des moyens du FPI. Pour nous autres, en raison des décisions du dernier congrès à Moossou, il n'y a pas d’absurdité sur la question, le FPI aura un candidat et ne sera point à la remorque d'un autre parti politique.

A Alépé, nous sommes en avance sur la question ; nous sommes bien organisés et nous attendons le départ pour gagner.

En plus du maintien de Laurent Gbagbo en Belgique, votre parti fait toujours face à une crise interne, avec le camp Affi N’Guessan. Tout ça mis l’un dans l’autre, croyez-vous honnêtement avoir une chance de revenir au pouvoir ?

Lors de mon speech en 2017 à Akouré, j’ai dit que le pouvoir court vers nous. Aujourd’hui encore, j’avoue que le FPI est capable de gagner au premier tour la présidentielle, à condition que les élections soient transparentes. Aujourd’hui, les ivoiriens ont devant eux les bilans du PDCI-RDA, RDR, RHDP et le FPI. Notre gouvernance de 2000 à 2010, bien qu’émaillée par la rébellion et ses conséquences, parle en notre faveur. Ensuite, les candidats du RHDP de 2005 aujourd’hui divisés à cause de mauvaise passe, M. Bédié et M. Alassane, trainant des passifs relativement à la rébellion et à la guerre contre Gbagbo Laurent et la Côte d’Ivoire, le peuple ayant vu qui veut son bonheur, saura choisir. C’est pourquoi, nous sommes sereins au FPI. Nous reprenons le pouvoir au soir d’octobre 2020.

Que dites-vous de la décision de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples en rapport avec la composition de la nouvelle CEI ?

Je ne dis pas autre chose que la recommandation de la Cour au régime d’Abidjan. Et comme le chef de l’Etat a toujours été respectueux des directives internationales, j’ose croire que s’il est conforme à lui-même, alors il va faire droit à ce que la Cour a demandé. Ce qui revient à dire que la CEI va connaitre une amélioration significative pour une élection présidentielle apaisée.

La décision est interprétée par chaque camp, comme étant en sa faveur. Croyez-vous à une réforme avant le scrutin présidentielle ? 

Rires. Le régime RHDP sait que le jour il perd le contrôle de la CEI, il perd le pouvoir. Donc il ne fera rien.

Donc à quoi devons-nous nous attendre, avec les positions tranchées de part et d’autre ?

La situation sociopolitique est déjà délétère, et cela est voulu par le régime RHDP, qui ne prospère que dans le cafouillage. Alors, nous allons vers une crise pré-électorale, et j’espère que la communauté internationale viendra avec une armée pour mettre de l’ordre.

Nous avons appris aussi la démission du vice-président, Daniel Kablan Duncan, au moment où le RHDP n’a plus de candidat. Quels commentaires faites-vous de cette situation ?

Cette situation me fait rire. A quoi M. Duncan voudrait-il s’attendre ? Qu’il soit désigné comme le candidat du RHDP, sur la base de promesse à lui faite dans l’antichambre ? A la fin, je crois que des gens sont dans les partis politiques sans connaissance de ces partis, ni culture politique. Sinon le RDR mué en RHDP est foncièrement ethnocentrique, il est basé sur l’ancrage des « nouveaux ivoiriens ». Et donc, que M. Duncan sache que le silure n’a pas sa place dans la mer, mais plutôt dans l’eau douce.

Avez-vous un message de fin ?

Tout en vous exprimant ma reconnaissance pour cette interview, je voudrais attirer l’attention de la direction du FPI, que le temps joue non contre le FPI, ni contre le président Gbagbo Laurent, mais contre eux. Si elle ne rectifie pas ses tirs, sous peu, le peuple du FPI va prendre ses responsabilités, conformément à l’article 3 des statuts. Nous allons vider les boucs du FPI. Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

La rédaction APRNews

Sain Laurent Yapi