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Congo– Sécurité publique : La police nationale avoue avoir tué 13 jeunes au commissariat de Chacona

apr-news/ La police nationale avoue avoir tué 13 jeunes au commissariat de Chacona
Vendredi, 27 juillet 2018

Congo– Sécurité publique : La police nationale avoue avoir tué 13 jeunes au commissariat de Chacona

APRNEWS- On sentait le gouvernement congolais visiblement embarrassé, par cette vérité qu'il tentait d'étouffer. Comme un prévenu acculé face aux preuves, il est finalement passé aux aveux pour dire l'évidence à l'Assemblée nationale. Les députés en ont eu le corps glacé face à l'acceptation de l'horreur sous les ors de la république.

Lors d’une séance de questions d’actualité à l’Assemblée nationale, le 26 juillet, le ministre de l’Intérieur, Raymond Zéphirin Mboulou, a avoué que treize jeunes en détention au commissariat de Chacona, à Mpila, ont succombé dans les geôles, sans préciser les circonstances du drame qui alimente les conversations dans l’opinion.

Devant la représentation nationale, le ministre de l’Intérieur, au nom du gouvernement, s’est vu obligé de reconnaître les faits qu’il avait niés auparavant, induisant même le ministre de la communication en erreur.

Répondant aux questions posées notamment par le député de Ngoko, Blaise Ambeto, Raymond Zéphirin Mboulou a confirmé, devant le vice-Premier ministre, Firmin Ayessa, et plusieurs de ses collègues, que des jeunes sont bel et bien décédés en détention, au sein du commissariat.

« Suite au décès tragique, le 9 juillet dernier au quartier Nkombo, de Obongo Julien, la police a organisé une opération spéciale dans ce quartier, dans la zone Kahounga au lycée Thomas-Sankara, et à Texaco, pour traquer ces délinquants. À cet effet, une vingtaine de personnes avait été interpellées dont seize placées en garde à vue au commissariat de Chacona. La nuit du 22 au 23 juillet dernier, treize d’entre elles y ont trouvé la mort », a précisé Raymond Zéphirin Mboulou.

Malgré le fait qu’il ait reconnu les actes reprochés au gouvernement, le ministre de l’Intérieur n’a du reste rien dit de plus sur les circonstances qui ont causé la mort inopinée et collective de ces jeunes. Il a souligné qu’une enquête croisée entre l’inspection générale de la police et le parquet de Brazzaville est en cours afin de déterminer les vraies circonstances qui ont conduit à ce drame.

« Étant donné que l’enquête est encore en cours, je ne peux vous dire plus à ce sujet, en attendant les résultats de l’enquête diligentée par le procureur de la République et de l’inspection générale de la police », a renchéri Raymond Zéphirin Mboulou devant la chambre basse du parlement.

Pour le ministre, cette tragédie n’est pas seulement due à un grave dysfonctionnement dans le système de surveillance des personnes en garde à vue. Elle pose surtout, a-t-il poursuivi, un vrai problème structurel dans la nomenclature du personnel ainsi que de manque de locaux construits dans les normes des commissariats. Un défi que le gouvernement doit à tout prix relever, a souhaité le ministre de l'Intérieur.

Conscient que ce drame est causé par la défaillance des services de police, le vice-Premier ministre a, au nom du gouvernement, souhaité les condoléances aux familles éplorées.

Signalons que le commissaire de police de Chacona a été suspendu par note ministérielle prise le mercredi 25 juillet à Brazzaville, et exécutée par la direction générale de la police.

Rien ne précise si le commissaire et les éléments de garde du jour des faits décriés, sur qui pesent de lourdes présomptions d'homicide, de tortures ayant entraîné la mort, voire d'exécution sommaire, des faits proscrits par la constitution de la république, sont écroués ou tout au moins placés en garde à vu, même pour la forme.