Vous êtes ici

Back to top

Comment vivent les migrants en mer?

APRNEWS - Comment vivent les migrants en mer?
Lundi, 19 août 2019

Comment vivent les migrants en mer?

APRNEWS - Toujours pas de solution ce lundi après-midi pour l’Ocean Viking et l’Open Arms.

Les deux navires humanitaires restent bloqués en pleine mer, au large de l’Italie, avec respectivement 356 et 107 migrants à bord aux conditions de vie sommaires. Aucun port européen n’accepte pour le moment de les laisser débarquer. L’Espagne a bien proposé dimanche une solution à l’Open Arms, mais l’ONG qui affrète le bateau a refusé pour des raisons de « sécurité ».

En attendant, comment les rescapés vivent-ils à bord ? « La vie s’organise autour du cycle du soleil, car les personnes dorment dehors », raconte Louise au Parisien et depuis l’Ocean Viking. Elle est l’une des 13 membres de SOS Méditerranée à bord du navire de l’association, qui a aussi embarqué neuf membres d’équipage et neuf personnes de Médecins sans frontières. Depuis le départ de Marseille le 4 août, 356 migrants (dont 103 mineurs) ont été rescapés.

« On n’a pas un panel d’activités infini »
En cette période de l’été, le soleil se lève vers 6h30, tandis que les dernières lueurs du jour tombent vers 20 heures. Pour s’occuper durant la journée, les migrants peuvent discuter entre eux, dessiner, jouer aux dés ou aux dames, par exemple. « On essaie de prendre du temps avec eux, on parle de foot, de musique, de leurs vies et de leurs aspirations », poursuit Louise.

Dimanche, les équipes ont organisé un atelier coiffure. Elles ont aussi donné des feutres aux migrants pour leur permettre de décorer les tee-shirts qui leur avaient été distribués. « On essaie de faire en sorte que chaque jour ne ressemble pas à celui d’avant. Ce n’est pas évident, car on n’a pas un panel d’activités infini », enchaîne la membre de SOS Méditerranée.

Un rescapé a dessiné la scène de torture qu’il a subie dans une prison en Libye./AFP/Anne CHAON

Des bongos (instruments à percussions) et une guitare circulent également à bord. Des activités musicales qui rappellent des souvenirs à Maurine Mercier, correspondante en Libye et en Tunisie pour plusieurs médias européens, dont Radio France. L’année dernière, elle avait passé 17 jours à bord de l’Aquarius, le précédent navire de SOS Méditerranée.

« Dans ces cas-là, les personnels tentent un peu tout ce qu’ils peuvent pour essayer de tuer le temps, explique-t-elle. Lorsque j’étais à bord, il y avait eu des moments de catharsis avec un djembé, les rescapés jouaient et chantaient. » Durant cinq jours, le bateau s’était de la même façon retrouvé à naviguer sans avoir de destination bien définie, avec 141 migrants à bord.

Il y a, en revanche, un moment qui structure chaque journée : les repas. À bord de l’Ocean Viking, « il y a deux distributions de nourriture et de thé par jour, et on essaie d’avoir au minimum l’un des deux repas qui soit chaud », indique Louise. Les menus sont composés de rations d’urgence et de barres protéinées, que l’on voit sur une photo postée sur Twitter par Oscar Camps, le fondateur de l’ONG Proactiva Open Arms qui affrète le bateau du même nom.

« Ce sont des repas de survie, un peu comme à l’armée. C’est sommaire, mais ça apporte tous les nutriments nécessaires », se rappelle Maurine Mercier.

Douches limitées et maladies à bord
Les conditions d’hygiène sont assez critiques. À bord de l’Ocean Viking, les rescapés ont accès à « deux gros points d’eau » à l’arrière du bateau, pour se laver les mains ou les dents. « Par contre, on a arrêté les douches car les réserves d’eau s’amenuisaient. Désormais, c’est une fois par semaine pour tout le monde », indique Louise. Seules les quatre femmes, qui disposent d’un espace à part, peuvent y avoir accès plus régulièrement.

Certains migrants souffrent aussi de séquelles physiques ou psychologiques depuis leur passage en Libye, où les violences sexuelles contre les femmes mais aussi les hommes sont courantes. « Ils sont traumatisés par leur passage », pointe Louise.

La moitié des rescapés de l’Ocean Viking ont par ailleurs attrapé la gale, une maladie infectieuse de la peau. « Après 18 jours de sauvetage, nous avons toujours des cas médicaux sur le pont. J’espère que vous comprenez la difficulté de gérer cette situation critique », a indiqué de son côté ce lundi Oscar Camps, depuis l’Open Arms. « Le tri des déchets et des poubelles est extrêmement sévère pour limiter les risques de propagation », indique Maurine Mercier.

Jusqu’à quand cette situation va-t-elle durer ? Certains des migrants de l’Open Arms sont rescapés depuis 18 jours, soit seulement un de moins que la durée passée par 32 migrants à bord du SeaWatch 3 en janvier dernier. Un triste record en passe de tomber.

Source Le Parisien