Le phénomène de la chicha ou des nouveaux modes de consommation de tabac prend une vitesse exponentielle en Côte d’Ivoire, avec la création des espaces qui y sont dédié. Cette forme de tabagisme est tolérée dans des espaces publics comme des restaurants, des glaciers et autres pâtisseries au grand désarroi des organismes de lutte contre les produits du tabac. Car, la chicha est une forme plus grave de consommation du tabac. Infos d'Ivoire vous livre ce Dossier sur le Tabagisme.

Le phénomène de chicha, pratiqué aujourd’hui inconsciemment par les jeunes dont le plus souvent des adolescents pose un problème de développement durable. Il constitue à n’en point douter une menace permanente pour les générations futures. Au-delà de l’exposition aux nombreux risques de maladie, la chicha consommée aujourd’hui par effet de suivisme ou de mimétisme conditionne ces jeunes à une addiction certaine au tabac dans le futur. Il faut prendre conscience que la chicha et la cigarette électronique sont des produits du tabac.

Consommée aujourd’hui par effet de groupe, le danger à prendre plaisir à fumer, avec ces séances répétées de chicha est perceptible et bien réel. L’addiction au tabac est la porte d’à-côté, car une fois le plaisir de fumer installé, le consommateur se tournera inévitablement vers la cigarette classique pour apaiser ses envies ; soit par manque de moyens financiers pour s’offrir une séance de chicha, soit compte tenu du moment où l’envie apparaît. De l’effet de groupe, il passera à l’addiction au point où il cherchera la cigarette pour être en paix avec son corps. Cette addiction est inévitable car les produits contiennent des substances additives, sans compter leur toxicité pour l’organisme.

La chicha, un problème de développement durable

Pire encore, ces adolescents qui se ruent vers ce phénomène aujourd’hui, constitue la relève de demain. Ce sont ces jeunes qui constitueront les adultes de la Côte d’Ivoire dans les 10, 20 et 30 prochaines années. C’est là que le danger pour le développement durable prend tout son sens, dans la mesure où si rien est fait pour le stopper, il continuera à gagner du terrain au sein de cette jeunesse, déjà en perte de repères. Dans les années à venir, ça sera une main valide accroc au tabac, à l’alcool et autres, sachant que l’addiction a une conséquence économique lourde pour le fumeur et son entourage. Selon le professeur Boko, pneumologue au CHU de Cocody, une bouffée de chicha représente une cigarette entière, alors qu’une session fait 20 à 40 cigarettes fumées. Sa consommation est plus dangereuse que celle du tabac pur et simple. Ce sont donc des adultes très fragilisés et exposés à tous les dangers que la société est en train de préparer par son silence coupable face à cette pratique qui aujourd’hui gagne du terrain.

De plus, les fumeurs s’exposent à des l’Hépatite virales, la tuberculose et à la Covid-19, étant donné que l’embout est partagé et porté à plusieurs bouches à la fois. Autre conséquence pour les pratiquants, les substances contenues dans la chicha, comme la nicotine, sont hautement addictives et dosées. Les différents parfums servis, parfois accompagné de drogue et autres excitants exposent les consommateurs à des risques de viols, de vols et même d’accidents (pour ceux qui ont des véhicules), car la consommation boostée par l’effet de groupe entraine la non maitrise de soi.

La chicha, un problème à plusieurs facettes

Ainsi, ce sont des séries de 3, 4 voire plus de séances qui sont répétées avec en additif la cigarette pour les uns et l’alcool pour les autres. En surconsommation d’excitants et dans un état second, ils laissent libre court à la satisfaction de leur désirs et pulsions. Une séance de chicha peut alors se terminer par une partouze. Ce qui expose toute la bande à des maladies sexuellement transmissibles et plus encore les filles, à des risques de grossesses non désirées.

Le phénomène de la chicha est d’autant plus complexe qu’il est généralement servi dans des espaces/restaurants marocains ou libanais. Pour certains responsables en charge de la lutte contre le tabagisme, s’attaquer frontalement à ce commerce peut être considéré comme une atteinte, une agression, une action menée contre une communauté ciblée. Ce qui est susceptible d’interprétation avec des relents politiques, diplomatiques ou xénophobes. « Les conséquences de la consommation de la chicha vont au-delà de l’aspect santé, c’est toute la société qui en partira si rien n’est fait », soutien professeur Boko.

Aprnews avec Infosdivoire.net