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Candidature de Ouattara :  voici ce que Soro attend de Macron 

Aprnews - Interview Guillaume Soro - Actualité - France
Dimanche, 9 août 2020

Candidature de Ouattara :  voici ce que Soro attend de Macron 

Dans une interview au Journal Du Dimanche (JDD), publiée ce dimanche Soro Guillaume, depuis son exil déclare attendre des sanctions contre Ouattara.

Suite à la déclaration de candidature. Pour Soro, Ouattara va brûler la Côte d'Ivoire,  «parce que les Ivoiriens n'accepteront jamais qu'il  soit candidat alors  que  lui veut  l'être  par la force  des chars». Lire l'interview explosive. 

Que pensez-vous de la candidature d'Alassane  Ouattara  à  un  troisième mandat présidentiel ?

Il  entraîne  la  Côte  d'Ivoire  dans  un  tunnel d'incertitudes, qui risque de l'atteindre également. Il viole la  Constitution ivoirienne. Imaginerait-on  le  général  de  Gaulle  changer l'article 6 de la Constitution  de 1958, qui stipule  que  l'on  ne  peut  être  éligible  au-delà de deux mandats?  M. Ouattara  a  estimé que,  sur  les 25  millions d'habitants, personne n'était suffisamment apte à diriger le pays, ce qui est une insulte au peuple de Côte d'Ivoire,  aux militants et aux responsables  de  son  propre  parti.

Le  président  Ouattara  invoque  une nouvelle  interprétation  de  la  Constitution après  l'instauration  de la IIIe République approuvée par le peuple lors  du référendum  du  30 octobre  2016.  Il  parle de  "compteurs  remis  à  zéro"  et  d'"un  cas de  force  majeur".

Il  n'y  a  pas  d'interprétation  possible.  C'est une forfaiture. Il est clairement écrit qu'on ne peut se présenter  une troisième fois. D'ailleurs,  il  n'a  cessé  de  répéter  au  cours du mois de mars dernier – propos validés par  ses juristes – qu'il n'était pas autorisé à faire  un  troisième  mandat.  C'est  clairement une atteinte à l'indépendance de la Côte d'Ivoire. 
Vous  parlez  même  de  coup  d'Etat… 

Oui,  et il  a  franchi la  ligne rouge.  Quand vous  vous  attaquez  à  la  constitution  d'un pays,  vous sapez les bases de l'Etat.  Audelà  de la  Côte d'Ivoire, il y a  la Communauté  économique  des  Etats  de l'Afrique de l'Ouest (Cedao), dont fait partie notre pays et qui possède également une charte  interdisant  de  faire  un  mandat  de trop. Il existe donc  un double verrou que M. Ouattara  a  clairement fait sauter.

Une  déception  politique  et  personnelle?

Il  venait  chez  moi,  on  se  connaissait  très bien. En 1990, j'étais encore étudiant et, ensemble, nous nous sommes battus contre  le  parti  unique  et  pour  une alternance  politique. Venant  de  quelqu'un qui a  travaillé au Fonds monétaire international, vous comprenez mon ahurissement. Il a profité  de  l'auréole  du FMI  pour se glisser dans la  peau du charmeur.  Moi-même,  j'ai  été  séduit  par  son CV. Je  l'ai soutenu. Nous  étions  cinq camarades,  quatre  sont  partis.  Vous comprenez  mon  désarroi.  J'ai  honte.  Son comportement  caricature  les  Africains. Mais aussi les politiques. Quel Ivoirien  va nous croire? 

Vous  vivez  en  exil,  que  pouvez-vous  faire en réaction à cette décision ?

Dans  le  cadre  de  mon  mouvement,  nous allons  nous  réunir aujourd'hui pour annoncer que  nous  nous  opposons  sans concession  au  troisième  mandat  de Ouattara.  C'est une question de survie, pour  sauver  la  République et ses fondements,  protéger  notre  Constitution  et réaliser  un  idéal  démocratique.  Nous  allons nous battre et lui demander  de renoncer.

De Paris? 

Oui,  nous avons des relais et j'ai appelé à l'unité d'action  de toute l'opposition. Les manifestations ont commencé à Abidjan, et nous ne sommes pas en 1960.  Nous sommes en 2020,  il y a  Internet et les réseaux  sociaux. J'ai  la  dictature contre moi mais le  droit  avec moi

Vous  êtes  candidat  à  l'élection présidentielle,  mais  vous  avez  été  exclu de  la  liste  électorale  et  vous  ne  pouvez pas  rentrer  en  Côte  d'Ivoire… 

Je maintiens ma candidature parce que la Constitution  me  donne  le  droit  de  me présenter.  J'ai la  dictature contre moi mais le droit avec moi. Une parodie de procès a été organisée à  mon encontre afin de me rayer de la présidentielle, mais  la Cour africaine  des  droits  de  l'homme  a cassé  la décision du tribunal d'Abidjan. Je suis convaincu  d'être  en  bonne  position  pour gagner  cette élection. Maintenant que M. Macron  s'est invité  dans le débat politique ivoirien en félicitant  M.  Ouattara  et  en distribuant des  bonnes notes,  j'attends  les sanctions,  un  carton rouge

Qu'attendez-vous de la France?

Maintenant que M. Macron  s'est invité dans le débat politique ivoirien  en  félicitant M. Ouattara  et en distribuant des bonnes notes,  j'attends les sanctions,  un carton rouge.  Il  existe  une  grande  communauté française  en  Côte  d'Ivoire, or aujourd'hui nous sommes à  quelques mois d'une élection qui sonne les prémices d'une crise pré-électorale,  il prend des risques.  Le pays va  brûler. 

Qui  va le faire brûler?

Ouattara,  bien sûr!  Parce que les Ivoiriens n'accepteront jamais qu'il  soit candidat alors  que  lui veut  l'être  par la force  des chars.
APR news avec JDD