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Candidature de Ouattara : Le passé rattrape le RHDP

Aprnews - Candidature de Ouattara : Le passé rattrape le RHDP - Actualite - Abidjan- Cote d'Ivoire
Lundi, 27 juillet 2020

Candidature de Ouattara : Le passé rattrape le RHDP

Le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), à la recherche d’un potentiel candidat pour la présidentielle d’Octobre 2020, s’est orienté vers Alassane Ouattara. Mais, Ouattara peut-il vraiment être candidat ? 

La question de la candidature d’Alassane Ouattara pour la présidentielle d’octobre 2020 alimente les débats politiques depuis le 8 juillet 2020, suite à la disparition d’Amadou Gon Coulibaly, qui avait été désigné comme candidat du RHDP.

Impuissants face à la situation, certains militants et cadres du RHDP dont Kandia Camara et même Hamed Bakayoko appellent de tout vœux une candidature d’Alassane Ouattara, qui arrive au terme de son 2ème mandat. Comment faire pour rendre ce ‘’rêve’’ du RHDP réalité ? Ces militants et cadres du parti prennent pour prétexte la Nouvelle Constitution. 

Selon eux, Ouattara est éligible car, la constitution de 2016 lui permet de se présenter, vu qu’elle est entrée en vigueur après son élection pour le second mandat. Cependant, les propos tenus des années en arrière sur le même sujet disent le contraire. 

Les paroles de Cissé Bacongo, ministre auprès du Président de la République chargé des Affaires politiques, par ailleurs député à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et maire de la commune de Koumassi avait été formel sur la question de la candidature d’Alassane Ouattara en 2016.

Juriste et membre du comité des experts, qui avait pour mission la rédaction des textes de la Nouvelle Constitution, le ministre Bacongo avait dit sur plusieurs antennes que Ouattara ne pouvait pas être candidat. Interrogé sur la question avant l’entrée en vigueur de la Constitution de 2016, le député-maire de Koumassi avait expliqué que la nouvelle Constitution n’avait pas pour effet d’éliminer celle de 2000.  

« La constitution actuelle lui interdit de se présenter une troisième fois, mais il ne faut pas considérer que la nouvelle Constitution va balayer tous les effets de l’ancienne Constitution, jamais. Ce n’est pas comme ça, sinon ce serait le chaos », avait déclaré le ministre Cissé Bacongo. Puis d’ajouter qu’«Il ne s’agit pas de balayer les effets du texte précédent par celui qui arrive ». Lors de cette interview, Bacongo s’était interrogé en ces termes : « Le président l’a dit. Il a dit qu’il ne se présentera plus. Vous voulez qu’on rassure comment ? ».
Au cours d’une autre interview, où il avait été invité sur le plateau de la télévision Africa 24 répondant à la question selon laquelle ‘’est-ce que la nouvelle Constitution dans sa monture donne la possibilité à Alassane Ouattara d’avoir un troisième mandat ? », Bacongo a été sans équivoque ‘’Non’’. « L’article 183 de la Constitution dit que la Législation en vigueur, au moment de l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution, reste applicable. La Législation en vigueur c’est-à-dire, les textes de loi, les décrets ou alors les ordonnances qui seront en vigueur au moment de son (ndlr : la nouvelle Constitution) entrée en vigueur restent applicables », avait estimé Bacongo. 

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Le ministre avait d’ailleurs pris à témoin les propos d’Alassane Ouattara lui-même. « Alassane Ouattara n’a pas pris seulement Africa 24 à témoin, il a pris toute la presse internationale à témoin de sa volonté de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2020. L’article 183 de la Constitution clarifie cette position », avait déclaré Bacongo lors de cette interview qui a refait surface le weekend dernier à Abidjan.

Le cauchemar du RHDP

Aujourd’hui donc, le RHDP se trouve dans la tourmente car les propos sont clairs, le pire c’est qu’Alassane Ouattara l’a lui-même plusieurs fois confirmé. Qu’est ce qui a donc changé entre temps ? La mort de Gon Coulibaly est-elle un motif pour imposer la candidature d’Alassane Ouattara ? 

Lors d’un entretien sur les antennes de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), le chef de l’Etat avait dit qu’il ne serait pas candidat au terme de son 3ème mandat. « A la fin de mon 2ème mandat, j’aurai 78 ans, même si une reforme constitutionnelle devait m’autoriser à le faire, ce que nous n’envisageons pas, ce n’est pas dans mes intentions », dixit Ouattara. 

Le chef de l’Etat l’a également confirmé lors du congrès du 5 mars en présence des militants du RHDP. Alassane Ouattara avait dit qu’il n’avait pas l’intention d’être candidat, car la fonction de président de la République était une charge prenante. Il avait d’ailleurs, avec humour, solliciter la compréhension de ses militants pour qu’ils le laissent partir se reposer pour consacrer du temps à lui-même, ainsi qu’à sa famille. Si à 73 ans, Ouattara ne voulait pas être candidat pour un troisième mandat, pourquoi le fera-t-il maintenant qu’il a 78 ans ? 

La problématique se résume donc autour de la question de savoir si le décès d’Amadou Gon Coulibaly, envisagé comme candidat du RHDP à la présidentielle de 2020, justifie que les textes préétablis soient ‘’violés’’. 
En gros, Ouattara décidera-t-il d’être candidat au mépris de toute la législation, de toute ses déclarations, de tous les risques que cela comporte en termes de stabilité politique et sociale de la Côte d’Ivoire, pour défendre simplement les couleurs du RHDP, ou simplement parce qu’il n’y a pas de cadre en mesure de porter le flambeau au sein de son parti après le départ de ses alliés d’hier ? 

Sur la question, Gnamien Konan, président de la Nouvelle Côte d’Ivoire a été sans appel. « Si après 10 ans passés au pouvoir, l’on n’a pas pu former la relève, c’est qu’on a échoué », a déclaré le candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2020. Aujourd’hui, plus rien n’est sûr, car les cadres du RHDP estiment que la candidature de Ouattara est un cas de force majeur. 

Une position non partagée par bon nombre d’ivoiriens, qui eux estiment que Ouattara a bouclé ses 2 mandats, et qu’il doit rendre le tablier. Ces propos de Cissé Bacongo, tenus avant 2020 viennent conforter cette population et les partis politiques de l’opposition dans leur position. Toutefois, le chef de l’Etat ne s’est pas encore prononcé sur la question. Alassane Ouattara va-t-il se renier ? Les jours à venir nous situeront avec la réunion du bureau politique prévue ce mercredi 29 juillet 2020.

La rédaction APRNews 
Sain Laurent Yapi