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Cameroun: Les personnes âgées trouvent du réconfort dans une maison de retraite

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Jeudi, 1 juillet 2021

Cameroun: Les personnes âgées trouvent du réconfort dans une maison de retraite

"Je n'ai personne. J'ai accouché de quinze enfants. Parmi ces quinze enfants..." Marie Ebop Ndjock, 77 ans, ne termine pas sa phrase. Elle s'effondre sur la table voisine et fond en larmes, la tête cachée entre ses bras.

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"C'est bon, Marie, ne pleure plus", une jeune aide-soignante de "La Référence", l'un des rares centres d'accueil pour personnes âgées au Cameroun, situé dans la banlieue nord de Douala, la capitale économique de ce pays d'Afrique centrale. de quelque 25 millions d'habitants, tente de la réconforter.

Marie lève la tête, les yeux pleins de larmes. "Les enfants me disent que je suis une sorcière, que je suis ceci, que je suis cela..." beugle-t-elle, la voix tremblante. "Cela me fait mal.

Les crises de Marie sont fréquentes. Le personnel de l'association Amour pour les personnes âgées du Cameroun (APAC), qui anime le lieu depuis sa création en 2017, y est habitué.

« Quinze enfants », répète-t-elle encore et encore. Et aucun pour s'occuper d'elle, à cause d'un différend familial sur le partage de ses biens, dans un pays où la solidarité familiale est un devoir et une obligation morale.

« Occidentalisation de l'Afrique »

« Au Cameroun, avoir une personne âgée à son domicile est considéré comme une opportunité. Le savoir se transmet oralement, d'une génération à l'autre, car l'expérience augmente avec l'âge », explique Moïse Tamekem Ngoutsop, sociologue à l'université de Bamenda.

« La maison de retraite est une incongruité dans la culture africaine », dit-il, et leur création est le résultat, selon lui, d'un « processus d'occidentalisation de l'Afrique ».

Les huit habitants de la maison arrivent au compte-gouttes dans la salle à manger pour le déjeuner. Ils se déplacent avec difficulté, certains en fauteuil roulant, d'autres en marchette.

Au menu pour le déjeuner : Ndole au manioc, le plat national du Cameroun. Les soignants s'assoient à côté de certains patients et les aident patiemment à porter la fourchette à leur bouche.

A l'origine de "La Référence", il y a une vocation. « J'ai commencé à offrir ce service à l'âge de 24 ans alors que je travaillais dans des hôpitaux où les personnes âgées étaient souvent abandonnées ou maltraitées », se souvient Florence Ndjassep, fondatrice et directrice de l'espace. "Ce sont les proches des patients qui m'ont demandé de m'occuper des leurs à domicile, et là je me suis rendu compte que le besoin était réel."

"Certains ont été obligés de passer la journée enfermés, devant attendre toute la journée qu'un membre de la famille s'occupe d'eux pour manger, se laver ou s'occuper d'eux. C'est de là qu'est venue l'idée de créer un centre pour personnes âgées abandonnées", explique.

En 2017, des bienfaiteurs ont contribué à l'émergence du projet. Aujourd'hui, les dons représentent 60% des sources de financement. Le reste vient des familles des patients. La communauté religieuse aide également l'association par des dons matériels.

Les soins sont gratuits pour ceux qui n'ont personne pour les soutenir. Pour les autres, cela coûte 75 000 FCFA par mois (environ 115 euros).

Confinement strict

Puis vint l'épidémie de Covid-19. Le Cameroun, avec plus de 80 000 cas signalés et 1 310 décès, est l'un des pays les plus touchés d'Afrique centrale. "Ça n'a pas été facile", admet Mme Ndjassep. "Avant, on les emmenait parfois au restaurant, ou ils pouvaient assister à des matchs de foot sur le terrain du lycée à côté de la maison. Maintenant, la règle est le confinement strict", poursuit-elle.

"Aucun cas de Covid n'a été détecté", se réjouit désormais la directrice, et elle est à nouveau disposée à ouvrir les portes du centre d'accueil. Un soulagement pour les occupants.

Mme Ndjassep estime que le centre a besoin de 600 000 FCFA (915 euros) par mois pour fonctionner. La demande augmente, dit-elle, dans un pays où l'espérance de vie est passée de 50 ans en 2000 à 60 ans en 2020, selon la Banque mondiale.

Elle dit qu'elle reçoit au moins cinq candidatures par mois mais répond rarement.

Aprnews avec Africanews