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Bénin- Législatives : La participation au plus bas, à 22,99 %

apr-news/ Crédit photo Le Point Afrique
Mercredi, 1 mai 2019

Bénin- Législatives : La participation au plus bas, à 22,99 %

APRNEWS- C'était le chiffre le plus attendu depuis dimanche : celui de la participation. Premier enseignement : c'est historiquement le taux le plus bas depuis l'avènement de la démocratie au Bénin en 1990.

Trois jours après les élections législatives, la Commission électorale nationale autonome (Cena) a finalement rendu publiques mardi 30 avril les grandes tendances.

La participation, le chiffre le plus attendu

Et comme l'on pouvait s'y attendre, la participation a été très faible : à 22,99 %, soit le plus bas de l'histoire du pays. « Le dépouillement a été réalisé à 86 % et le nombre d'inscrits au plan national est de 4 992 399 électeurs. Les suffrages valablement exprimés s'élèvent à 1 147 625 voix, ce qui donne un taux de participation de 22,99 % », a déclaré le président de la Cena, Emmanuel Tiando, au siège de l'institution. Deux partis proches du pouvoir s'affrontaient, le Bloc républicain et l'Union progressiste. Ils partageront donc les 83 sièges du nouveau Parlement.

L'Union progressiste, selon les tendances publiées, totalise 645 214 voix pour 47 sièges probables, et le Bloc républicain 502 411 voix pour 36 sièges probables. « Dans 39 arrondissements [sur les 546 que compte le pays], le vote n'a pas pu se tenir en raison de certains incidents », a aussi indiqué Tiando. Ce dernier a aussi rappelé que son institution « ne donne que les grandes tendances du scrutin » et il revient « à la Cour constitutionnelle de proclamer les résultats définitifs et de gérer le contentieux ».

Et maintenant ?

La plateforme d'observation de la société civile a fait état de deux morts lors du vote, sur un total de 206 incidents, dont des destructions et des incendies de matériel électoral, accrochages entre militants des partis, populations et force de sécurité publique.

Les premières estimations données par la société civile lundi soir donnaient des taux de participation allant de 1,25 % à 63,27 % selon les bureaux de vote, une « situation inédite », a commenté Fatoumata Batoko, présidente de la plateforme électorale de la société civile. « Il est probable que le taux de participation reste le plus bas depuis l'avènement du renouveau démocratique » en 1990, a-t-elle poursuivi, lors d'une conférence de presse.

« Ces élections », où était exclue l'opposition pour la première fois dans l'histoire du pays depuis sa transition démocratique en 1990, ne « reflètent pas le Bénin que nous connaissons », a regretté dans un communiqué l'ambassade des États-Unis, qui s'est dit « préoccupée » par la situation.

De même, l'Union africaine a noté que « le Bénin a une réputation de modèle démocratique en Afrique », « toutefois les élections législatives du 28 avril 2019 interviennent dans un contexte marqué par une rupture du consensus [...] pour la première fois dans l'histoire démocratique du pays ».

Les anciens présidents vent debout contre Talon

Dans un contexte où les membres de l'opposition sont régulièrement interpellés, tandis que d'autres vivent en exil, d'anciens chefs d'État ont appelé le peuple « à se défendre ». « Ces élections montrent le désintérêt total des populations qui ont montré qu'elles sont mûres et qu'elles ont compris le jeu du pouvoir en place qui s'écarte des fondamentaux de notre loi fondamentale. Elles sont illégitimes parce que le processus écarte l'opposition, illégales parce que la loi ne prévoit pas le fameux certificat de conformité. Ils ont fait sortir des chars et des véhicules lourds pour traumatiser le peuple. Ces actes prouvent que notre démocratie est déjà morte et nous ne sommes plus dans un État de droit. Nous sommes dans une crise profonde. Le président Patrice Talon et le peuple sont les deux recours. Le peuple a déjà prouvé par ce vote qu'il n'est pas d'accord. Il faut donc que le président Patrice Talon tire les conséquences de cette mascarade d'élections. N'ayez peur de rien. S'il ne reconsidère pas sa position dans un très bref délai, ou il marchera sur nos corps, ou il n'installera pas ces députés. Nous appelons le peuple à prendre ses responsabilités, car nous allons avec lui et grâce à lui lutter jusqu'à notre dernier souffle », a martelé l'ancien chef de l'État, Yayi Boni, face aux militants de l'opposition.

Nicéphore Soglo, qui fut de 1991 à 1996 le premier président de l'ère démocratique, a appelé le président Patrice Talon à « annuler le scrutin », lançant un ultimatum qui devrait se terminer mardi soir. « Le peuple béninois a apporté dans les urnes un cinglant désaveu à la parodie visant à réaliser un coup d'État électoral », soutient l'ancien chef d'État, qui appelle à la résistance. « Qu'il renonce à la confiscation du pouvoir législatif et à son projet de nomination des 83 députés. » L'exécutif a fait savoir à plusieurs reprises qu'il n'était pas en droit d'interrompre le processus électoral, invoquant la séparation des pouvoirs.

Avec Le Point Afrique