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Belgique: Le cancer de la peau explose

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Mardi, 10 avril 2018

Belgique: Le cancer de la peau explose

LALIBRE - Avec une augmentation annuelle de tumeurs malignes de 5 à 12 %, selon le type, les dermatologues n'hésitent pas à utiliser le terme d'épidémie pour ce redoutable cancer.  Rien qu'en Belgique, ils représentent 37 000 nouveaux cas par an (dont environ 3000 mélanomes malins), ce qui est considérable par rapport aux quelque 67 000 autres cancers diagnostiqués chaque année dans notre pays. Non seulement, le cancer de la peau est donc la forme de cancer la plus courante, mais en plus, il est celui qui affiche la progression la plus rapide.

Comme le confirme une nouvelle étude de la Fondation Registre du Cancer, qui a réalisé une extrapolation pour la période 2014-2025 en se basant sur les chiffres actuels du cancer de la peau ainsi que sur la croissance attendue et le vieillissement de la population, le nombre de patients qui en sont atteints continue d’augmenter en Belgique. On prévoit ainsi que le nombre de nouveaux mélanomes malins passera, chez nous, de 2 925 à 4 356 sur cette période, ce qui représente une augmentation de 49 % (58 % chez les hommes, 43 % chez les femmes). À titre de comparaison : le nombre des autres tumeurs invasives augmentera de 17 % au cours de cette même période.

Une tendance alarmante

Une tendance alarmante que le Dr Thomas Maselis, dermatologue et président d'Euromelanoma Belgique, n'a de cesse de souligner, d'année en année, à l'occasion du lancement de la campagne de sensibilisation au dépistage, Euromelanoma. " Nous pouvons affirmer que la Belgique a un problème avec le cancer de la peau, explique-t-il. Selon le type, le nombre de patients diagnostiqués augmentera chaque année de 5 à 9 %. Une tendance alarmante, surtout quand on sait qu'une part de ces patients développeront deux cancers de la peau ou plus. Après un premier mélanome, vous courez en effet 12 à 15 fois plus de risques d'en développer un deuxième et 4 à 6 fois plus de risques de développer un carcinome basocellulaire ou épidermoïde, deux formes courantes de cancer de la peau qui se traitent en général bien. À l'avenir, c'est chez les hommes âgés que l'augmentation des mélanomes sera la plus marquée. Les femmes développeront également un mélanome plus tôt que les hommes et le nombre de cas augmentera sensiblement." 

Outre le lourd tribut sur le plan humain, il faut souligner l'impact sur les soins de santé. "Le cancer de la peau et sa prévention constituent un défi de taille pour les dermatologues mais aussi pour les soins de santé en général", soulignent à ce titre les initiateurs de la campagne. Dans sa thèse, le Dr Isabelle Hoorens de l'UGent a calculé le coût du cancer de la peau : en 20 ans, il augmentera considérablement, passant d'environ 107 millions d'euros en 2014 à un montant estimé à 3,2 milliards d'euros en 2034!

Le Belge est conscient mais ne change toujours pas son comportement

Sachant que la plupart des cancers de la peau sont dus à une exposition excessive au soleil, se pose la question se savoir si les campagnes de prévention peuvent - ou non - réduire l'incidence. La réponse du Dr Maselis est : " Pas encore parce que la connaissance des risques doit mener à un changement de comportement, mais il est encore trop tôt pour en voir l'impact sur le nombre de cancers de la peau. Nous remarquons que la plupart des Belges ont conscience des risques d'une exposition excessive au soleil mais, souvent, ils ne parviennent pas encore à modifier leur comportement. Il y a encore du pain sur la planche, car la connaissance et le changement de comportement sont les deux armes les plus efficaces pour inverser la tendance."

Mais cela ne signifie pas que, en vingt ans d'existence, l’action d'Euromelanoma n'a eu aucun effet. Bien au contraire, affirment les responsables : "Alors qu'il y a 15 ans, environ 1 patient sur 25 me demandait de contrôler des taches suspectes sur sa peau, nous en sommes aujourd'hui à 1 patient sur 3. Cette tendance est identique chez mes collègues. Les campagnes de prévention permettent en outre de détecter bien plus de mélanomes à un stade précoce. D'un côté, on voit le nombre de mélanomes augmenter fortement dans notre pays, mais d'un autre côté, le nombre de décès n'est pas proportionnel. Ce qui est assurément le résultat de meilleures méthodes de traitement du cancer de la peau, mais aussi d'une sensibilisation plus poussée."