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APRNEWS - Unesco : "Laissez les filles et les femmes afghanes apprendre !"

Unesco - Femmes - Afghanistan
Mardi, 24 janvier 2023

APRNEWS - Unesco : "Laissez les filles et les femmes afghanes apprendre !"

APRNEWS - « Au cours des vingt dernières années, l'ONU a cherché à placer les droits des filles et des femmes au cœur du développement durable de l'Afghanistan. Les résultats de cette mobilisation mondiale ont été spectaculaires, notamment dans le domaine de l'éducation où l'UNESCO a travaillé en étroite collaboration avec l'Afghanistan.

APRNEWS - Au cours de deux décennies, le pays a vu ses inscriptions décupler à tous les niveaux d'enseignement, passant d'environ 1 million d'élèves en 2001 à environ 10 millions en 2018. En 2001, pratiquement aucune fille n'allait à l'école primaire ; en août 2021, 4 élèves du primaire sur 10 étaient des filles.

Parallèlement, le nombre de femmes dans l'enseignement supérieur a été multiplié par près de 20 entre 2001 et 2018, ce qui fait qu'un étudiant universitaire sur trois est une femme. Le taux d'alphabétisation des femmes a presque doublé, passant de 17% en 2011 à 30% en 2018. Parce que les femmes ont pu accéder à une éducation de qualité, elles ont ensuite occupé des postes de responsabilité, de la médecine au droit en passant par le journalisme et la politique, jouant un rôle influent dans la transformation du pays.

Lorsque les talibans ont pris le pouvoir en 2021, l'UNESCO a alerté le monde sur la fragilité des acquis réalisés en Afghanistan. Connaissant bien l'idéologie répressive des autorités de facto – malgré des déclarations initiales rassurantes – nous avons réitéré nos appels au respect du droit des filles à l'éducation. Nous avons plaidé pour des efforts collectifs encore plus importants afin d'assurer la continuité d'une éducation de qualité pour tous les Afghans, en particulier les filles et les femmes.

Malheureusement, nos craintes étaient fondées. Depuis septembre 2021, 1,2 million de filles et d'adolescentes afghanes inscrites à l'école n'ont pas pu retourner en classe, les laissant sans accès à l'éducation formelle au cours des 500 derniers jours. Dernier revers en date, l'exclusion des femmes des universités, décidée en décembre 2022, qui va les empêcher d'accéder à de nombreux métiers et toucher toutes les sphères de la société.

Actuellement, 80 % des filles et des jeunes femmes afghanes en âge d'être scolarisées – 2,5 millions d'entre elles – ne sont pas scolarisées. Les énormes progrès qui avaient été réalisés dans le domaine de l'éducation s'estompent rapidement et l'Afghanistan risque une génération perdue. L'immense impact positif que peut avoir l'éducation des filles et des femmes ne doit pas être sous-estimé : il s'étend bien au-delà des individus, avec des effets en cascade pour les familles, les communautés et la société dans son ensemble.

Aujourd'hui, je ne suis pas la seule à être révoltée à l'idée de toutes les filles et jeunes femmes afghanes dont le droit à l'éducation est bafoué. Elles vivent dans le seul pays au monde où les autorités au pouvoir ont interdit l'accès des filles à l'éducation au-delà du niveau primaire. Cette situation est inacceptable.

Depuis août 2021, l'UNESCO a continué de tendre la main aux filles et aux femmes afghanes par le biais de cours d'alphabétisation communautaires et de programmes éducatifs radiophoniques dédiés. Et nous continuerons à concevoir et à promouvoir des solutions d'apprentissage alternatives avec le soutien de la communauté internationale. Mais rien ne peut remplacer la salle de classe – un lieu où élèves et enseignants participent au processus d'apprentissage, un lieu d'intégration sociale, un lieu où les gens apprennent à vivre ensemble.

Alors que le monde célèbre la Journée internationale de l'éducation le 24 janvier, l'UNESCO dédie cette journée aux filles et aux femmes afghanes et appelle la communauté internationale à faire de leurs droits une priorité de son agenda. Leur accès à l'éducation doit être rétabli sans délai. La guerre contre les femmes doit cesser.

Parole d' Audrey Azoulay , la Directrice générale de l'UNESCO