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APRNEWS - Mauritanie: l'ex-président Mohamed Abdel Aziz comparaît devant le tribunal

Mohamed Abdel Aziz - tribunal - Corruption
Jeudi, 26 janvier 2023

APRNEWS - Mauritanie: l'ex-président Mohamed Abdel Aziz comparaît devant le tribunal

APRNEWS - Le procès de l'ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz s'est ouvert mercredi à Nouakchott, offrant l'image exceptionnelle d'un ancien chef de l'Etat placé dans une cage aux allures de box pour répondre d'enrichissement illicite.

APRNEWS - Jugé pour avoir abusé de son pouvoir pour amasser une immense fortune, celui qui a dirigé de 2008 à 2019 ce pays en grande partie désertique de 4,5 millions d'habitants deux fois plus grand que la France s'est levé et a fait signe de la main à l'appel de son nom, puis s'est assis derrière les grilles du première rangée de 10 accusés présents.

Mauritanie: l'ex-président Mohamed Abdel Aziz comparaît devant le tribunal alors que s'ouvre un procès pour corruption

Anciens présidents, premiers ministres, ministres et hommes d'affaires, ils sont inculpés pour "enrichissement illicite", "abus de pouvoir", "trafic d'influence" ou "blanchiment d'argent" pour une durée indéterminée. M. Aziz, 66 ans, nie les faits et crie à un complot visant à l'écarter de la politique.

Vêtu d'un boubou blanc, d'un masque chirurgical dissimulant une partie de son crâne chauve et de sa fine moustache, M. Aziz a suivi en silence les interminables efforts du président pour arrêter la confusion de la mise en place et trouver une place sur les bancs de béton pour la centaine ou donc des avocats présents dans l'immense salle d'audience moderne aux airs de bunker plongé dans l'obscurité.

Ces retards n'enlèvent rien au caractère extraordinaire du moment, y compris au-delà de ce pays pivot entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne, jadis secoué par des coups d'État et des activités djihadistes, mais revenu à la stabilité sous M. Aziz lorsque les troubles couvait dans la région.

"C'est une première dans l'histoire de la Mauritanie et peut-être même dans celle du monde arabe qu'un ancien président explique son enrichissement", a déclaré à l'AFP Brahim Ebetty, l'un des nombreux avocats représentant l'Etat.

M. Aziz est l'un des rares anciens chefs d'État à être tenu responsable de la façon dont il s'est enrichi alors qu'il était au pouvoir. Ses pairs jugés par des tribunaux nationaux ou internationaux sont pour la plupart jugés pour crimes de sang.

- Rendre l'argent -

"Tous les gens dans la boîte ont utilisé le nom de l'Etat, le bureau de l'Etat, surtout M. Aziz" pour s'enrichir, a déclaré le président Ebetty.

Plusieurs Mauritaniens interrogés par l'AFP espèrent que ce procès servira d'exemple dans un pays classé 140e sur 180 par l'organisation anti-corruption Transparency International.

Peut-être unique, le moment peut ne jamais être documenté en images. La justice a interdit toutes les caméras dans la salle, y compris les téléphones portables. Ils ont laborieusement filtré les entrées et indigné les avocats en les soumettant à une perquisition.

Les autorités ont fait encercler l'enceinte par des centaines de policiers, sans indication claire de la menace à conjurer, qu'il s'agisse de protestations des partisans de M. Aziz ou autre.

Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le Palais avant le procès, certaines pour soutenir M. Aziz, d'autres pour exiger sur des pancartes qu'il « (restitue) l'argent.

La capacité de M. Aziz, connu pour être pugnace, calculateur et imprévisible, à causer du tort fait l'objet de spéculations, même s'il est souvent décrit comme politiquement isolé désormais.

Il est dans le déni constant depuis que les vis ont commencé à se serrer sur lui en 2019. C'était quelques mois après qu'il avait cédé après les élections à l'un de ses plus fidèles compagnons, son ancien directeur de cabinet Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le premier transition non imposée par la force dans un pays sujet aux coups d'État depuis l'indépendance.

- Révisionnisme" -

Aziz lui-même a été porté au pouvoir par un putsch en 2008 puis élu président en 2009 et réélu en 2014. Ce procès est l'histoire de sa disgrâce et de son amitié ruinée avec celui qu'il avait désigné comme son successeur, M. Ghazouani.

La fille de M. Aziz, Asma, l'a décrit à l'AFP comme "fatigué". Elle dit avoir été alertée mardi soir par le cardiologue de l'ancien président car il était tombé malade après avoir été interpellé. L'un de ses avocats, Me Antoine Vey, s'est alarmé d'une arrestation "arbitraire" et de conditions qui laissaient présager que son client n'aurait pas un procès équitable.

"L'affaire s'est construite sur un travail qui ressemble à du révisionnisme politique", a-t-il déclaré à l'AFP. Il envisageait de demander un report du procès et s'apprêtait à saisir les instances de l'ONU si cette demande était rejetée. Le successeur de M. Aziz a toujours nié toute ingérence dans l'affaire.

Aucune des parties interrogées n'a pu dire combien de temps durerait le procès.

Source : Africanews